Comme avec les maladies graves à issue souvent fatale, les dérives sociales ne se combattent avec efficacité que si l’on s’y prend précocement. La ferveur électorale et l’effervescence politique actuelles ne devraient pas cacher l’instillation, voire l’installation de cette abjecte stigmatisation du Fouta et ses habitants dans le débat public. Les tenants de l’opposition n’hésitent devant aucun moyen de manipulation des esprits, par la construction de contrevérités vendues aux masses, pour asseoir leur carrière politique.
Hier c’était « les Diolas sont stigmatisés », comme ils ont eu l’audace de le prétendre, aujourd’hui, à travers leurs affidés, ils stigmatisent le Fouta et ses habitants.
Nous avons, citoyens républicains, l’impérieux devoir patriotique de freiner cette fétide campagne qui a commencé du seul fait des remarquables scores électoraux de la Coalition Benno Bokk Yaakaar dans le Fouta. Des résultats d’aujourd’hui qui cadrent parfaitement avec ceux d’avant, quand ils ne sont pas en deçà !
A titre d’exemple, en suffrages absolus : BBY a obtenu cette fois-ci quelque 90 000 voix à Podor, contre 80 000 voix il y a de cela cinq ans, en 2017. Mieux, en 2019, Macky Sall avait obtenu 93,32 % des suffrages du Fouta, avec 127 000 voix à Podor et 92 500 voix à Matam. En référence aux scrutins passés, en faveur de Macky Sall, le vote du Fouta n’a rien d’inédit. Il y enregistre même des scores en deçà de ce qu’il aurait pu engranger. Témoignent aussi du caractère ordinaire du vote du Fouta, les scores électoraux massifs obtenus par BBY en Afrique centrale, lieu de forte émigration Foutanké, qui cadrent parfaitement avec les suffrages du Fouta. L’on aurait gonflé à Libreville ?
Qu’est-ce qui ferait d’ailleurs qu’on puisse gonfler des chiffres à Podor ou Matam, et pas ailleurs ? S’il y en avait la possibilité et la volonté, le pouvoir n’aurait pas perdu Dakar !
Quand la liste du président Macky Sall gagne avec des scores à la « soviétique » à Fatick, personne ne s’en émeut, nul ne parle de bourrage d’urnes. Lorsque le même Macky Sall gagne dans 30 sur 45 départements à la composition multi-ethnique, personne ne trouve à suspecter quoi que ce soit. Quand la liste de Sonko rafle les suffrages à Bignona ou Ziguinchor et laisse des miettes à ses concurrents, il ne se trouve personne pour suspecter quoi que ce soit.
Pourquoi donc, dès lors que le camp de Macky Sall gagne dans la même ampleur au Fouta, il se trouve des voix, de plus en plus nombreuses et audibles, pour s’élever avec un inqualifiable mépris, et suspecter un tel résultat de tous les péchés d’Israël ? Cette suspicion est en elle-même suspecte ! Que cache-t-elle donc ?
Où sont donc les animateurs des organisations de droits de l’homme ? Qu’attendent-ils donc pour s’élever contre ces dérives assumées qui menacent notre pays, une référence dans sa cohésion, sa tranquillité et sa construction démocratique ?
À moins d’accepter que des régions soient de dignité plus importante que celle d’autres, sauf à admettre un certain mépris culturel mué en mépris électoral certain, ces dérives doivent être combattues, pas seulement par les habitants ou originaires des localités ainsi mises à l’index. Il faut que cessent les manipulations d’esprits admises par les leaders d’opinion qui se cachent derrière leur petit doigt pour banaliser ou feindre de ne rien voir, pour ne pas les condamner. Il est attendu des éditorialistes, des responsables d’organisations de droits de l’homme, de tous les républicains soucieux du destin de notre pays, de se dresser d’une seule voix : halte à ces funestes dérives. Car, tel le feu, ces dérives, lorsqu’elles ne sont pas étouffées à temps, ne connaissent pas de frontière ethnique, géographique, catégorielle ou autre, une fois leur entreprise de dévastation commencée.