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Macky Sall Semble Avoir IgnorÉ L’État VÉritable De Son Écurie

Macky Sall Semble Avoir IgnorÉ L’État VÉritable De Son Écurie

D’élection en élection, d’alternance en alternance, les mêmes travers, toujours, perdent nos dirigeants, les mêmes dérives comportementales, toujours, perdent nos élus. Pendant les élections de 2000, Abdou Diouf avait révélé à la face du monde son ignorance du pays qu’il dirigeait et des réalités que vivait son peuple.

À la campagne électorale du deuxième tour des présidentiels, en effet, il avait avoué qu’il ne savait pas que le sucre en paquet et le lait en poudre se vendaient au détail. « J’ignorais ce prix de denrées si exorbitant ! », « Ah bon, je ne savais pas ! » était devenu le pathétique refrain de ses derniers échanges avec le peuple. Juste histoire de rappeler que le président Abdou Diouf ne savait pas à quel point les sénégalais subissaient la cherté de la vie.

En 2012, Abdoulaye Wade, lui aussi, ne savait pas grandchose des turpitudes et autres « farberies » de son entourage, ainsi que les dégâts qu’elles avaient causés à son image, à sa respectabilité et à son œuvre ; et cela malgré le signal fort des élections locales de 2009. Aujourd’hui, hélas !

Au vu des listes présentées par Benno aux législatives de 2022, des discours et postures de ses leaders pendant la campagne électorale, on devine que le président Macky Sall a méconnu l’état véritable de ses chevaux de course que les services d’un bon palefrenier ou d’un bon vétérinaire auraient pu lui révéler.

En vérité, ils ne sont même plus dignes (à quelques exceptions près) de tirer les calèches branlantes de la banlieue dakaroise. Ces leaders politiques qui ne savent plus écouter le peuple ni lui parler Mamadou Dia avait choisi d’habiter à la Médina, de faire ses prières à la mosquée du quartier, de fréquenter ses voisins, pour rester en phase avec son peuple. Beaucoup parmi les hommes politiques de l’époque Senghorienne, même s’ils n’habitaient plus leur terroir, maintenaient un lien réel avec lui.

Aujourd’hui, même ceux-là d’entre les élus, qui habitent encore leur quartier d’origine, ont rompu les amarres avec leur population. Ils ne sauraient comprendre le lien qui rattachait Mamadou Diop à Yoff et à Dakar, Ameth Diene à la Médina, Mbaye Jacques Diop à Rufisque etc. Ils ont creusé tellement de fossés entre eux et le peuple que lorsque celui-ci parle, ils n’entendent plus, ne comprennent plus ! Et leur bouche ne saurait émouvoir les cœurs en souffrance. Leurs discours sonnent faux et creux. Ils sont ailleurs. Ils vivent comme dans un autre monde, une autre planète.

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Peut-être celle de « Mars », pas celle de Juillet. Et c’est cette distance-là, cette fracture que le peuple ne leur pardonne pas. Il (le peuple) peut accepter une telle coupure de la part d’un opposant, même s’il est fourbe, même s’il est fieffé menteur, pourvu qu’il soit solidaire à sa colère et crie avec lui. Il peut l’accepter d’un activiste, beau parleur et grand trompeur du peuple. Mais pas d’un élu local. Et parfois, hélas !

Pour se venger d’un tel état de fait, les électeurs préfèrent offrir le pouvoir à un illustre inconnu, un risible pantin, plutôt que de reconduire un « traître à la communauté » ou un…traitre communautaire. Le cas de la tête de liste de Benno à Dakar, maire de Dakar Plateau, ministre de la Pêche Il est le type même de l’ « élu-étranger » obligé de se créer « sa propre population » par un transfert massif d’électeurs venu d’on ne sait où. L’appât : les secours aux indigents, les « bourses » sociales et autres aides de Korité, Tabaski, Pentecôte, Noel etc

Un ratage de cible volontaire, quoi ! Un détournement qui renforce et justifie la colère populaire ! Car, parfois, les grimaces de la politique sénégalaise jouent un sale tour à la république et aux acteurs. Et l’on entend souvent parmi la population autochtone ou réelle du Dakar-Plateau cette exclamation qui peut sonner bizarre à certaines oreilles : « dëkufi ! », « bokufi !».

Et les jeunes de le dénoncer ainsi : « Il ne fréquente aucune mosquée, aucune maison, aucun grand place du Plateau. Il n’a ni ami ni ‘‘grand’’ ni ‘‘boy’’ ni compagnon de jeu d’enfance ni promotionnaire dans la commune qu’il dirige… ».

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 En vérité, son cœur est fermé aux populations. Sa tête est ailleurs. Il ignore Dakar Plateau et Dakar Plateau l’ignore. C’est pourquoi les fonctions qu’il occupe et les moyens mis à sa disposition pour la campagne ne lui ont servi à rien. Pour preuve : il semble que c’est seulement au lendemain de sa défaite, c’est-à-dire le lundi 1er aout 2022, qu’il a enfin accepté d’ouvrir (prochainement ?) aux jeunes des quartiers l’espace de l’ex Service d’hygiène réfectionné et fermé depuis je ne sais plus combien d’années déjà. Cette fermeture est d’autant plus absurde que la commune a perdu son centre socioculturel avec la démolition du stade Assane Diouf en 2008. Il a aussi accepté, semble-t-il, de procéder à la distribution des logements sociaux de Dakar Plateau (une dizaine d’appartements situés à la cité capverdienne). Il a même accepté d’arrêter de snober les populations, de se faire dorénavant plus humble, plus accessible, de suivre des cours de gentillesse et de devenir véritable « boy Plateau » comme disent les jeunes. Je doute qu’il en soit capable.

Pourvu que la leçon soit retenue par tous les acteurs, aussi bien ceux du pouvoir que ceux de l’opposition En vérité, il est plus que temps qu’on arrête de se suffire du plaisir de l’emporter sur l’adversaire avec les sempiternels enfantillages du type «ñafal ! ñafal ! » ou « seen baay ñëwna ! » ; il est temps d’arrêter les radotages, les dénonciations, les attaques et les contres attaques puériles : il s’agit de transformer ce peuple, de transformer ce pays, de les sortir du sous-développement et de la pauvreté.

Il s’agit de la reconquête de notre dignité et de notre place en Afrique et dans le monde. Et la position d’élu doit rapprocher son détenteur des populations et de leurs préoccupations, non pas l’en éloigner. C’est cela qui est logique. C’est cela qui est intelligent. Mais la politique, bien souvent, affaiblie la vue. La partisannerie entraine la cécité. Le pouvoir, on le sait, rend ivre. Quelquefois même il rend carrément fou.

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Et le peuple alors, bouche bée, de regarder ses élus s’enfoncer dans la fosse puante, en se demandant : « Pourquoi le pouvoir au lieu d’élever, abaisse-t-il ainsi ceux-là que je place sur le piédestal ? » Et de changement d’élus en changement d’élus notre peuple piétine, notre pays s’enlise. Répondre positivement aux attentes du peuple clairement révélé par les derniers suffrages C’est pourquoi je pense que cette situation d’équilibre annoncée dans la distribution des postes de député dans notre prochaine assemblée me semble une bonne chose pour notre pays et notre démocratie.

Pourvu seulement que les députés soient à la hauteur des enjeux par, entre autres, la reconquête de leur honorabilité perdue. Car le peuple en a assez des députés bagarreurs et insulteurs représentant non pas le peuple, mais leur intérêt personnel ou un leader ou un groupe quelconque. Elle sera l’occasion pour notre classe politique de montrer ce qu’elle vaut véritablement et quelles sont ses ambitions véritables pour ce peuple plus que « fatigué » qui a perdu jusqu’au courage d’exercer son droit de vote au regard du fort taux d’abstention constaté le 31 juillet dernier. Elle sera l’occasion pour le président Macky Sall de se surpasser, d’aller (et je le lui souhaite bien) plus loin qu’on ne l’aurait jamais deviné, en répondant positivement aux attentes du peuple clairement révélé par les derniers suffrages.

Et, comme l’a suggéré l’ex-président dans son message délivré à la veille des élections, cette présence massive de l’opposition à l’Assemblée nationale servira à rétablir les équilibres rompus, non pas à renverser l’actuel président avant l’heure ni bloquer le fonctionnement du gouvernement. Une belle leçon de lucidité politique du patriarche qui sait ce que s’opposer veut dire et ce que gouverner veut dire.







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