L’hôpital Aristide Le Dantec sera modernisé. Les services seront transférés et éparpillés dans d’autres établissements sanitaires. De façon brutale, le personnel est contraint de ranger bistouris et scalpels en attendant le dépaysement. Le monde n’est plus le même depuis la création de l’hôpital dit des Indigènes en 1906. Il faut s’adapter ou mourir. On parle plus de santé que de salut. La vitesse d’exécution a remplacé l’inertie et l’immobilisme. Le confort et le bien-être émotionnel sont une demande de tous les jours.
Mais le bon chirurgien est d’habitude celui qui n’opère pas. La dynamique de modernisation de l’hôpital est polluée toutefois par l’amputation de moitié de son assiette foncière. Le rôle historique de Dantec dans la lutte contre les maladies tropicales et la formation d’une phalange de médecins africains a été crucial. Toute manœuvre dilatoire dans le but de grignoter son espace vital peut être assimilée à une profanation.
À côté de Principal, l’ancien hôpital des colonies où mourut Savorgnan de Brazza en 1905, Le Dantec était un pionnier dans le domaine de la santé en Afrique. Plus d’un siècle après, ils font plus que jamais partie des sanctuaires et bijoux de famille. Le Président de la République procède au lancement des travaux le 1er Septembre prochain. Les immeubles imposants qu’on a vus sur les maquettes sont construits pour les générations futures. Certes. Mais ayons à l’esprit qu’une page de l’histoire mal refermée ne se tourne jamais complètement.
Sans le stéthoscope, veste grise, petite barbe blanche, sourire aux lèvres, le Professeur Moussa Seydi s’affiche dans le métro du Québec. Son portrait tapisse les parois à côté d’autres sommités. L’écran publicitaire est dithyrambique. Il présente le médecin comme un visionnaire qui pose les fondations de l’espoir. Ça peut froisser la simplicité et la candeur des grandes âmes. Mais ça ne frise point le compliment hypocrite. Le chef du service des maladies infectieuses du CHU de Fann est un de ces phares dans nos longues nuits sans étoiles.
Les étoiles de l’école sénégalaise ont été célébrées. La récompense est au bout de l’effort, du travail et du mérite. La fête de l’excellence cache tout de même mal le cancer de l’échec, du décrochage et de la déperdition scolaire dans notre pays. C’est un vrai désastre. Une large frange de la jeunesse sans formation est davantage livrée aux Jakarta plus qu’elle ne lit de livres. Il s’agit d’une basse manœuvre que de cautionner un spectacle aussi affligeant. L’affliction est une forme de détresse. Abdou Diouf a été emporté par l’équation sociale.
Abdoulaye Wade a été terrassé par la problématique sociale. Macky Sall pourrait ne pas y échapper. Il a tout à gagner à consacrer ses derniers efforts à ce volet pour éviter la volée de bois vert. Dans les centres urbains comme dans les bourgades, ça grogne de partout. La tempête m’affole pas tout le monde. Il veut convaincre qu’il n’a pas de directeur de conscience. La sagesse étant fille de l’expérience. Un pays bloqué ne serait dans l’intérêt de personne. Le président de Bokk gis gis n’a plus d’avenir politique. S’assurer une belle sortie doit aussi être un souci pour lui. En votant sans histoire le 31 juillet dernier, les Sénégalais ont clairement désavoué les manœuvres de bas étage.