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La Democratie SÉnÉgalaise En Miettes

La Democratie SÉnÉgalaise En Miettes

Depuis l’avènement du président Macky Sall, l’on entend de plus en plus d’acteurs du champ politique, en fonction de leurs intérêts crypto-personnels, plaider pour des retrouvailles de la grande famille libérale ou de la grande famille gaucho-socialiste.

En effet, d’où nous vient le concept de Gauche/Droite ? De ce fait, la Révolution française a donné naissance à ce concept. Et, à partir des années 1901, la vie politique française a commencé à se structurer autour des partis avec cette bipartition. Pouvons-nous être indépendants mentalement si nous continuons à nous gargariser de ces idéaux venus d’ailleurs ?

Depuis l’indépendance du Sénégal, nous avons vécu deux alternances démocratiques et, théoriquement, trois partis politiques se sont succédé au pouvoir : le Parti socialiste (PS) de 1960 à 2000 ; le Parti démocratique sénégalais (PDS) de 2000 à 2012 ; l’Alliance pour la République (APR) de 2012 à nos jours. Toutefois, en pratique, seul le PS a conquis le pouvoir et gouverné sans alliance ni coalition. Même s’il y a eu de temps à autre des gouvernements d’ouverture, l’on pouvait parler de régime de gauche ou socialiste tel que nous l’entendons. Néanmoins, le concept Gauche/Droite est-il un clivage encore pertinent au Sénégal ? N’est-il pas une grande mystification ?

En Science politique, le concept Gauche/Droite, du socialisme ou du libéralisme et, partant, les clivages qui en découlent, nous ont été légués par la civilisation occidentale du colonisateur. Ce concept a souvent été un sujet central qui anime le débat public. Aujourd’hui, les réalités ont beaucoup évolué suivant les pays, notamment ici en Afrique, plus particulièrement au Sénégal où ce clivage est défini par le positionnement des acteurs par rapport aux enjeux du moment. Si on retrouve parmi les valeurs qui fondent la Droite, la tradition, le conservatisme, la sécurité, la hiérarchie, la liberté, entre autres, à Gauche, on retrouve l’égalité, la solidarité, le progressisme, la révolution.

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Entre ces deux pôles ou idéaux, d’autres enjeux nouveaux se sont greffés et viennent brouiller la donne ; on peut citer les questions de l’Environnement, de Genre, de Liberté, etc. Par ailleurs, l’histoire politique du Sénégal nous renseigne que deux grands courants, que sont le Socialisme (PS) incarné par Senghor et le Libéralisme (PDS) symbolisé par Wade ont dominé la scène politique sénégalaise. Cependant, à y voir de plus près, on peut conclure que le second est sorti des flancs du premier. En effet, le président Abdoulaye Wade fut un responsable du Parti Socialiste de Senghor avant de le quitter pour plus tard fonder le PDS qui se voulait un parti de contribution. Lequel parti de contribution évolua vers les idéaux du libéralisme.

En dépit de cela, il faut constater l’obsolescence des feuilles de route de ces principaux courants, face aux réalités du terrain et de l’heure. Par exemple, si Senghor avait théorisé un socialisme à hauteur d’homme, Sall, le Libéral ayant fait ses premières armes dans le milieu des partis de gauche, s’honore de beaucoup d’actions sociales inspirées du socialisme, comme les bourses familiales, le PUDC, entre autres.

Ainsi, plutôt que de parler de retrouvailles de la grande famille libérale, il me semble plus réaliste et judicieux de créer une voie médiane qui serait un creuset des valeurs humaines et idéologiques partagées des principales tendances de la sphère politique.

Le Sénégal est à la fois une communauté d’héritage et de destin. N’en déplaise aux nostalgiques et conservateurs, nos partis politiques traditionnels n’ont plus de sens. Si je prends le cas du Parti socialiste, celui-ci doit faire le deuil de son passé, évoluer, changer de métonymie et épouser les nouvelles dynamiques de la société sénégalaise. Le PDS de même.

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Les Sénégalais ont déjà transcendé ces idéaux Gauche/Droite et font fi des partis politiques traditionnels. Pour ceux qui agitent les proximités idéologiques libérales, si leur plan avait marché, le président Macky Sall ne serait pas au pouvoir.

Le président Wade est arrivé au pouvoir avec l’appui des militants de gauche, même s’il s’en est débarrassé plutôt. Et avec l’actualité du moment, la dynamique Wallu (libéral)/Yeewi (plutôt gauche ?) sommes-nous dans une dynamique de retrouvailles de la grande famille libérale ?

Le peuple sénégalais a atteint sa maturité démocratique et préfère faire les urnes que les rues. Ainsi, ce peuple, sous la bannière de la coalition Benno Bokk Yaakaar – coalition ni exclusivement gauche, ni exclusivement libérale -, avait souverainement porté son choix, en 2012, sur le président Macky Sall. Et l’a réitéré en 2019 d’une manière beaucoup plus affirmée. Car tous les partis alliés ont investi le président Macky Sall comme leur candidat à l’élection présidentielle 2019.

Cette coalition Benno Bokk Yaakaar a une longévité inédite, et cela est dû à la fidélité des différentes parties prenantes, aux engagements souscrits, à la qualité des relations que le président Macky Sall entretenait avec ses alliés, mais surtout à l’esprit de solidarité, au sens élevé du devoir, au patriotisme ainsi qu’au souci premier de privilégier l’intérêt supérieur de la nation. Cependant, le président Macky Sall ne devrait pas prêter une oreille attentive à ceux qui le poussent à affaiblir ses alliés et compagnons de fortune, au profit de la soi-disant réunification de la famille libérale. Pour faire miens les propos de Guizot, attention à ne pas faire du pouvoir ce que l’avare fait de l’or ; il ne faudrait pas l’entasser pour le laisser stérile. L’art de gouverner consiste, non à s’approprier en apparence toute la force, mais à employer toute celle qui existe.

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Certes, la Coalition politique Benno a vécu et commence à s’éroder et doit absolument se réinventer ; mais ne perdons pas d’esprit que la longévité de cette coalition, nous la devons à la clairvoyance du président Macky Sall qui a su habilement la sauvegarder en l’élargissant aux nouveaux partis et mouvements de soutien.

Ce coup d’érosion qu’amorce la Coalition Benno est dû, me semble-t-il, à trois principaux facteurs :

  1. Le premier est lié indéniablement à la disparition d’illustres figures de cette coalition, notamment feux Ousmane Tano Dieng et Amath Dansokho ;
  2. Le deuxième peut être attribué au coup de fatigue de certains de ses membres.
  3. Le troisième peut venir du manque de solidarité et des guerres de positionnement de ses membres à la base. Le Benno marche à l’apex de la pyramide et boitille au soubassement de celle-ci.
  4. Il reste à recréer une nouvelle dynamique et un nouveau souffle en initiant une nouvelle coalition politique qui mettrait l’accent sur la Mobilisation pour des Actions Républicaines et Citoyennes Taxawu Askane Wi.

Samba Aly Ba est Docteur en Science politique, Directeur de Cabinet de madame la présidente Aminata Mbengue Ndiaye, ancien Directeur de Cabinet du président Ousmane Tanor Dieng.







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