Dans 567 jours, le 3 avril 2024, le président Macky Sall va faire sa passation de pouvoirs. Il ne sera plus président de la République du Sénégal. C’est acté ! C’est inéluctable Irréversible ! Il ne faudrait pas que la République sombre avec lui. Il n’a pas le droit de faillir. Et nous avons l’obligation de veiller.
Mais transmettre le pouvoir, dans ces conditions de cacophonie institutionnelle, nous emmènera un autre Macky Sall qui se prendra pour plus illustre que la République. Au-delà des défaillances individuelles incontestables de nos dirigeants, nous devons humblement constater que notre démocratie a atteint ses limites. Nous ne sommes plus d’accord sur rien. Nous réglons nos problèmes politiques par la violence, par le mensonge, par la calomnie et par le complot. Nous ne réfléchissons plus pour l’intérêt général. C’est l’heure de la détestation de tous par tous.
Amorcer la période de la gestion de notre pétrole et de notre gaz, dans cette crasse chienlit institutionnelle, est un suicide programmé. C’est offrir notre pays à des prédateurs extérieurs sur un plateau. C’est refuser de nous aligner sur les demandes légitimes de notre peuple. C’est échouer dans nos ambitions patriotiques déclamées.
Nos institutions sont aujourd’hui complètement dévoyées :
1. Notre Président de la République écrase toutes les autres institutions et les vide de leur substance. Il ne parvient pas à lire et à décrypter les messages des électeurs et à s’aligner correctement sur les attentes de son peuple. On a comme l’impression que tout cela est fait à dessein et procède d’une intention maligne;
2. Notre justice est aux ordres. Elle nous a déjà placé dans un malaise permanent en se mettant volontairement aux ordres. Elle a déjà failli dans la sélection des candidats censés diriger notre pays. Et elle se dirigerait tout droit vers une forfaiture téléguidée d’une troisième candidature indue ;
3. Notre Assemblée nationale a été équilibrée par la force des choses, sur injonction du peuple qui a fait sa commande.
Mais personne ne semble comprendre le message. Les images de notre Assemblée du Lundi 12 Septembre 2022 nous renvoient au pire des Afriques du 20e siècle et à l’Amérique Latine des années soixante-dix. Nous nous sommes réveillés avec la gueule de bois en nous posant des questions sur notre avenir.
Le Sénégal n’a pas fait tout ce chemin démocratique pour échouer aussi lamentablement et s’ouvrir les portes du chaos. Ce qui se dessine dans ce pays donne des frissons et fait peur. Si nous ne sommes pas inquiets de notre pays, c’est qu’on ne nous a pas bien expliqué le cauchemar que nous vivons.
Il est vital de nous reprendre en mains et de poser les actes urgents suivants :
1. Avant la nomination de son Premier Ministre, le Président de la République doit prononcer un discours officiel à la nation, pour annoncer sa non candidature pour 2024 ;
2. Il devra nommer un Premier ministre consensuel qui procède d’une lecture lucide des résultats des élections législatives, qui garantit une transition civile sereine et qui nous prépare aux défis de civilisation de 2024 ;
3. Un Agenda de réinvention de nos institutions est mis en place et devra être conclu avant Février 2024. Nous pourrons nous appuyer sur l’existant. Nous pourrons faire un mixte entre les assises nationales (écrémées et mises à jour), les réformes de la CNRI, et les exigences d’une démocratie de concordance qui promeut le dialogue, la concertation et le patriotisme au-delà de tout soupçon.
4. Par un autre consensus fort et pragmatique, nous devons parvenir à une Nouvelle République Sénégalaise qui nous rassemble et qui nous ressemble. Nos institutions seront réinventées à notre image. Nous assainirons les mœurs politiques et nous instaurerons, définitivement un débat d’idées digne de notre pays. Le mandat présidentiel qui démarre en Avril 2024 devra démarrer sur de nouvelles bases.
Mettre fin à la République du Sénégal pour l’avènement d’une Nouvelle République Sénégalaise est un impératif de survie. Nous sommes habitués à la stratégie du bord du gouffre sans en payer le prix, pouvoir comme opposition. Cette fois ci, nous y sommes presque. C’est le moment ou jamais de se ressaisir et de mettre le Sénégal au-dessus de nos personnes. Demain, il sera déjà trop tard !