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L’hÉmicycle Et L’assaut Du Tribalisme

 

La quatorzième législature était pleine de promesses de rupture et elle n’a pas attendu d’être installée pour les manifester avec un zèle pétrifiant. À quoi pouvait-on s’attendre de la part de ceux qui promettaient la rupture si ce n’est ce qu’on a vu ce 12 septembre à l’hémicycle : l’entrée dans l’ère de députés loufoques avec toutes les extravagances inhérentes. S’attendre à autre chose de plus convenable ne serait que le résultat d’une aliénation causée par les sirènes populistes. Les promesses étaient clairement étayées par les divers actes et discours quotidiens perpétrés des années durant par les mêmes.

Ce que les acteurs de ce cirque du 12/9 encourent comme blâmes déshonorants je me garderais de les mentionner, laissant à leurs sympathisants déçus le soin de le faire, eu égard au respect que je dois à leur nouveau statut. Je m’intéresse plutôt à la cause de cette indiscipline affichée au sein d’un hémicycle aussi honorable, avec l’extravagance coutumière de leurs auteurs. Là où beaucoup d’analystes avancent les arguments de déficit d’éducation et de formation, de populisme à outrance, de conjoncture économique et social difficiles et autres arguments tout aussi valables pour concourir à l’avènement d’un tel phénomène, moi j’ai peur que la cause symbolique de tels préjudices, inhérente à l’être humain, celle-là même le rendant incapable dans des circonstances convenables de coopérer conformément à l’attente unanime pour s’ériger en défenseur de son groupe, est celle donnée par la psychologie : le tribalisme.

 

Des études d’un Professeur de psychologie William Von Hippel auteur de (The Social Leap : The New Evolutionary Science of Who We are, Where We Come From, and What Makes Us Happy),

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décrivent avec pertinence les informations sur la façon dont notre esprit d’humain agit par rapport aux autres.

La réalité décrite dans ce livre est que nous humains évoluons naturellement en coopérant entre membres d’un même groupe et ceci aux dépends de la coopération entre un groupe et un autre. Nous ne savons pas coopérer entre groupes. Depuis l’origine des temps, pour les humains un autre groupe est assimilé avant tout à une menace et les batailles de survie ont toujours opposé différents groupes. Ce tribalisme est la cause et la conséquence de notre caractère coopératif, tout comme notre capacité à prendre soin des membres de notre groupe nous entraîne à devenir de potentiels tueurs.

Le rôle que ce tribalisme a joué dans l’hémicycle est mis en évidence par les actes inconsistants des leaders mêmes de l’opposition, du fait des arguments fallacieux qui ont servi de gâchette pour causer une chienlit dans cette auguste Assemblée. Bien avant d’en arriver là ils nous avaient habitués à leur manière inculte, leur langage insolent, leur bravade puérile, leur prétention sectaire et leur blâme gratuit tous azimuts. Un groupe qui a tout ça en commun à ses propres codes de moralité et voit les autres comme amoraux. De l’hémicycle, en ce jour d’installation de la 14e législature, tous leurs comportements ne s’adressaient qu’à leurs membres qui suivaient la cérémonie et, aveuglés par cette illusion de défendre leur groupe ils ne voyaient qu’inimitié en leurs autres collègues concurrents dans la salle. Ils fonctionnaient comme des automates selon des codes comportementaux et langagiers inconsistants par rapport aux lieu et moment aussi bien qu’à l’égard de leurs pairs et du reste de la population.

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Le danger était là et tout pouvait arriver sans l’intervention opportune des agents de sécurité pour permettre le déroulement normal de la cérémonie.

Dès lors, je crois que le grand challenge du bureau de l’Assemblée nationale est de briser les frontières entre groupes en son sein et d’arriver à en former un seul de députés du peuple qui coopèreraient entre eux, ceux issus de l’opposition et ceux de la majorité, pour nous donner le meilleur que nous sommes en droit d’attendre.

Il faut en revenir aux règlements qui régissent l’Assemblée nationale très rapidement, former si nécessaires les membres, appliquer les textes dans toute leur rigueur avec la tolérance zéro et si nécessaire, en renforcer la police pour une plus grande discipline.







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