Ils étaient partis joyeux comme un lendemain de fête
Des souvenirs plein la tête
Familles commerçants visiteurs
Et surtout jeunesse en devenir
Prête pour les défis qui forgent leur avenir
Par une nuit sombre et sans étoiles
Ils sont plus de mille engloutis par la mer en furie
Engloutis comme l’océan avale le fleuve Gambie
Balloté par les eaux
Le cœur affaibli par une longue convalescence
Un poumon atrophié faute de traitement
Le Joola vieillissant n’en pouvait plus
D’une charge au-dessus de ses forces
La panique et les vents ont eu raison de son équilibre
Le voilà la tête dans l’eau
Pendant que se débattent sans espoir
Mille cœurs vaillants voués à une mort atroce
Pendant ce temps
Quelque part sur la terre du Sénégal
Les gendarmes de la mer ont déserté leurs positions
Inaccessibles aux signaux de détresse
Les « autorités » dorment d’un sommeil paisible
A l’heure où une tragédie titanesque
Emporte des âmes innocentes
J’ai mal pour mon pays des négligences coupables
J’ai mal d’un fatalisme qui innocente les bourreaux
J’ai mal des discours creux qui bouchent tous les silences
J’ai mal d’une incapacité de prévoir et d’agir
Je souffre avec tous ceux qui ont tout perdu
Et je me joins à toutes les révoltes
Qui crient Justice et demandent des comptes