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La LeÇon De MaÏga

Dans un discours martial magistral aux allures d’un règlement de compte, le Premier ministre malien, le Colonel Abdoulaye Maïga, à l’occasion du Débat général de la 77e Session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, n’a pas mis de gants pour asséner ses vérités aux leaders de la Cedeao, au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres et à la France néo-colonialiste. Mais le passage-référence que nous retenons le plus dans ce discours-réquisitoire qui s’inscrit dans la lignée de celui de Thomas Sankara prononcé le 4 octobre 1984, lors de la 39e session, c’est cette leçon servie à Alassane Ouattara et à ses pairs comme Macky Sall et Faure Gnassingbe qui sont les défenseurs opiniâtres et promoteurs attitrés du 3e mandat dans cette Afrique de l’Ouest.

Lors de son intervention à la tribune des Nations Unies, le président ivoirien, paternaliste, ne s’est pas empêché de prodiguer aux autorités de la Transition malienne des conseils dont il ne s’est pas servi quand, en 2020, il fallait quitter démocratiquement le pouvoir et organiser des élections démocratiques. Avec l’aide de sa Cour constitutionnelle, de ses forces de défense et de sécurité qui ont massacré impitoyablement 85 combattants de la démocratie, de la complaisance de la communauté internationale notamment la France et la Cedeao, Ouattara a organisé seul son élection et s’est fait réélire avec un score soviétique qui mettrait en colère Staline. « Mon pays encourage les autorités maliennes à concentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et à mettre en œuvre, de façon résolue, les différentes étapes du chronogramme de la transition ainsi que les réformes politiques et institutionnelles en vue des élections présidentielles prévues en février 2024, pour le bien-être du peuple malien », a seriné Ouattara aux autorités de la Transition malienne.  

Réponse du berger à la bergère, la réplique cinglante du Premier ministre intérimaire malien ne s’est pas fait attendre. « Le 3e mandat consiste pour un président de la République d’effectuer une manœuvre en quatre temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan.  Le 3e mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon », a-t-il lâché avec goguenardise à l’endroit de ces potentats de la Cedeao qui veulent rester au pouvoir en usant en permanence de coup d’Etat constitutionnel. Ainsi Ouattara qui a usé de cette manœuvre pour se maintenir illégalement au pouvoir au prix du massacre des citoyens qui s’opposaient à son projet démocraticide est très mal placé pour parler aux autorités d’élections transparentes et démocratiques. 85 personnes qui se sont opposées au 3e mandat ont trouvé cruellement la mort lors de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre 2020. Et la métaphore animalière utilisée par le Premier ministre malien disqualifie Ouattara de son rôle de conseiller électoral. Comme le chameau ne peut se moquer de la bosse du dromadaire alors que lui-même en a deux, il est incongru et inconvenant que la leçon de démocratie au gouvernement malien vienne de M. Ouattara et de tous ces chefs d’Etat de la Cedeao qui pensent ou agissent comme le président ivoirien.  

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Le président Macky Sall est visé allusivement dans cette allocution dénonciatrice de Maïga qui flétrit le culte irraisonné du 3e mandat. Aujourd’hui il appert que le chef de l’Etat sénégalais ira à l’antipode de l’article 27 de la Charte fondamentale pour imposer sa 3e candidature. Depuis les limogeages des Sory Kaba, Moustapha Diakhaté, Moussa Diop de leurs postes de responsabilité administrative ou politique, depuis la réserve du Sénégal sur l’introduction de la limitation des mandats dans le Protocole de la CEDEAO, depuis la nomination de Badio Camara au stratégique poste de président du Conseil constitutionnel, depuis l’interdiction d’un concert contre le 3e mandat, depuis la formation du nouveau gouvernement où un quarteron de ministres insulteurs et défenseurs du 3e mandat y siège, depuis le retour du tailleur constitutionnel haute couture au ministère de la Justice, les Sénégalais n’ont plus de doute sur la 3e candidature de Macky Sall à la présidentielle en 2024.

Déjà, le ministre Mame Mbaye Niang a étrenné la stratégie de communication mise en place dans les officines du palais qui consiste à défendre avec des arguties juridiques cette 3e candidature. Et il en sera ainsi avec tous les Torquemada recrutés dans les cercles lucifériens du pouvoir pour colporter avec véhémence voire violence cette hérésie mortifère. Ils feront le tour des plateaux télé, inonderont les unes des journaux corrompus, achèteront des pages dans les magazines et autres tabloïds internationaux qui ripolineront l’image d’autocrate de Macky en contrepartie d’espèces sonnantes et trébuchantes, stipendieront tous les « revueurs » de presse pour disséminer la légalité d’un 3e mandat.

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La récente sortie médiatique de Mimi Touré révèle que la principale pomme de discorde entre elle et son désormais ex-mentor demeure la problématique du 3e mandat. Le divorce imminent de « Mbourou ak Sow » qui sonne le glas d’un mariage mal consommé aura comme soubassement le 3e mandat dont l’effectuation est synonyme de l’enterrement politique définitif du leader de Rewmi. Yewwi Askanwi et Wallu sont déjà sur le pied de guerre pour s’opposer à toute tentative d’une 3e candidature. Au mois de juin dernier, 102 universitaires ont produit avec force un document de haute portée intellectuelle pour disqualifier tous ces Cassandre qui légaliseraient une 3e candidature de Macky Sall uniquement pour continuer de s’enivrer des voluptés du pouvoir. Nonobstant ces foyers de résistance démocratique qui se développent sua sponte pour le respect de la Loi fondamentale, le chef de Bennoo Bokk Yaakaar, obnubilé par sa marotte, ne barguigne pas pour suivre aveuglément les pas de ses référents que sont les autocrates Ouattara et Faure Gnassingbe et le satrape déchu Alpha Condé.    

Les défenseurs de la thèse du 3e mandat, par des finasseries politico-juridiques veulent instiller insidieusement dans la tête des Sénégalais que seul le Conseil constitutionnel est habilité pour valider ou invalider une candidature. Sauf que Macky Sall n’a pas le droit de déposer une 3e candidature. Accepter l’arbitrage des Sages concernant le 3e mandat, c’est accepter qu’ils se prononcent positivement sur la recevabilité juridique d’une telle candidature. Aussi les Sénégalais épris de paix et légalité constitutionnelle n’accepteront-ils pas de tomber dans le piège rhétorique des apéristes qui consiste à vouloir demander l’arbitrage des Sages du Conseil constitutionnel dont on ne doute point de leur inclination du côté du pouvoir dominant. Rétif, le bataillon des anti-3e mandat regimbera contre toute velléité de dépôt de candidature de Macky.

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Plusieurs facteurs interdisent à Macky Sall de penser à postuler pour une 3e fois consécutive à la présidence de la République. D’abord d’un point de vue historique, les nombreux cadavres qui ont jalonné la candidature de Wade en 2012 et qui a abouti à la révision constitutionnelle de 2016 dirime toute possibilité d’une 3e candidature. S’y ajoutent ses nombreuses déclarations itératives sur son impossibilité de solliciter pour une 3e fois les suffrages des Sénégalais. Ces derniers, arrimés solidement à la vertu du respect de la parole donnée, ne comprendraient pas que le président, garant de la stabilité du Sénégal, verse dans le déni discursif au nom d’une boulimie pouvoiriste inextinguible qui pourrait installer le Sénégal dans une guerre civile. Enfin pour des raisons éthiques, Macky Sall ne devait même pas permettre à ses partisans et courtisans de disséminer le message du 3e mandat sécrétant les germes de la mort. Mais aujourd’hui, malheureusement c’est lui le manitou qui enjoint avec doigté ses farouches janissaires à s’engager dans une voie illégale dont l’issue ne serait que macabre.

Mais osons espérer avec un optimisme naïvement béat que la leçon de Maïga contre le 3e mandat qui s’inscrit dans la dynamique de notre Constitution et des démocrates sera bien appréhendée par celui qui était un des fers de lance coriaces de la lutte contre le 3e mandat d’Abdoulaye Wade.  







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