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La Concertation Sur La Vie ChÈre Au SÉnÉgal Peut-elle Vraiment Permettre D’amÉliorer Le Pouvoir D’achat ?

La Concertation Sur La Vie ChÈre Au SÉnÉgal Peut-elle Vraiment Permettre D’amÉliorer Le Pouvoir D’achat ?

Le lundi 26 septembre s’est tenue à Dakar une concertation sur la vie chère présidée par le Président Macky Sall.

DES PISTES DÉGAGÉES ENCORE BALBUTIANTES

Au cours de cette réunion qui avait quelque part des allures de meeting politique et dont les échanges se sont tenus en français, langue malheureusement peu assimilée par l’écrasante majorité du peuple sénégalais, quelques pistes de solution ont été explorées. Il s’agit entre autres de l’homologation des prix, de la création d’un corps de volontaires des consommateurs ainsi que de nombreuses annonces apparemment peu efficaces sur le court terme.

S’agissant de l’homologation des prix, c’est une piste peu gérable sur des produits multiples. L’État Sénégalais qui manage plusieurs priorités en ce moment pourrait objectivement ne pas avoir le temps nécessaire pour gérer cette question et ce dans un contexte de forte évolution des prix sur le marché international. L’Etat n’a pas les moyens humains techniques et financiers de tout contrôler.

Quant à la proposition relative à la création d’un corps de volontaire des consommateurs, sa faisabilité pourrait être limitée en tenant compte du nombre important de commerces en activité sans compter les risques possibles de corruption détectés souvent dans les missions de contrôle.

Par rapport à l’invite à trouver une solution pérenne à la situation de congestion du port de Dakar dont les conséquences négatives en termes de surcoût sapent la compétitivité du corridor sénégalais du fait des surestaries, elle doit être analysée avec prudence. Les explications du Directeur Général du Port ont montré une absence de vision stratégique, un manque de planification et peut-être un déficit structurel en termes d’investissement. La solution immédiate pourrait consister à mutualiser temporairement et de manière exceptionnelle tous les quais afin de permettre à ceux en sous activité d’être exploités. A moyen terme, il conviendra de mieux gérer les questions d’exclusivité donnée à un seul opérateur pour chaque type de marchandises manutentionnées telles que les vraquiers, les conteneurs, et les rouliers. Le cloisonnement en vigueur sape la compétitivité du Port.

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Sur un autre plan, les apurements des impayés de subvention annoncés ne peuvent pas être considérés comme des solutions structurelles. Les financements publics sont limités. Un audit des subventions s’imposent plus que jamais pour s’assurer de leur pertinence économique en termes de bénéficiaires et de coûts supportés par la collectivité.

DE GROSSES OMISSIONS DANS LES MESURES PHARES RETENUES

Tout d’abord, en énumérant les 15 mesures phares de renforcement du pouvoir d’achat, les autorités ont manqué de fixer des objectifs stratégiques précis en matière de baisse de prix assortis d’un chronogramme précis à court et moyen terme. Ces éléments sont décisifs dans la recherche d’une planification stratégique efficace.

La seconde omission majeure à trait à l’absence d’indications majeures sur le type d’actions envisagées pour maîtriser les cours sur les marchés internationaux. Je reste pour ma part persuadé que ce facteur cours, à priori peu maîtrisable, constitue le risque financier le plus immédiat à gérer. Et à ce niveau, deux possibilités s’offrent sur le marché : ou bien utiliser les techniques de couverture sur les marchés à terme d’instruments financiers, comme les Swap ou explorer les pistes de diversification. Sur ce dernier axe, seul un appel à concertations avec l’Inde et le Pakistan, deux grands fournisseurs de riz pour le Sénégal a été noté. Or, cette même invite devait être lancée concernant les autres spéculations comme le sucre, le riz, l’huile, le lait etc, grâce à des efforts de prospections commerciales renforcées.

L’autre omission majeur sans doute la plus importante porte sur l’absence dans les conclusions, d’une interdiction temporaire d ’exportation de produits viviers produits localement comme le mil, le haricot, le maïs, le sorgho et ce pour renforcer la sécurité alimentaire et mieux anticiper les risques éventuels de famine

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Enfin dans les omissions, il est à remarquer qu’aucune recommandation majeure bien étayée en terme de changement de comportement structurel n’a été notée concernant les deux entités majeures concernées par le pouvoir d’achat à savoir l’Etat (économie de dépenses et réorientation des priorités économiques) et les ménages (sensibilisation à un changement de comportement en matière de consommation notamment alimentaire, énergétiques et hydraulique). Les modules d’économie familiale devraient être renforcés dans les écoles.

DES PISTES ADDITIONNELLES DE SOLUTIONS

Les pistes additionnelles ci-après gagneraient à être capitalisées dans le mémorandum final

1. Audit des sociétés d’eau et d’électricité pour s’assurer notamment de la pertinence de leur politique de tarification

2. Au niveau de la santé, achat en gros et de préférence de médicaments génériques, accélération des actions de prévention et valorisation de la médecine traditionnelle.

3. Organiser dans chaque quartier des actions communautaires de surveillance des prix pratiqués par le commerce de détails.

4. Corriger notre dispositif monétaire relatif au franc CFA. Notre impuissance face à la hausse du coût des importations induite par la montée du dollar en est une illustration. Si les pays utilisateurs de cette monnaie avaient une maîtrise sur leur monnaie commune, ils auraient pu envisager une dévaluation compétitive.

5. Anticiper et contrecarrer de possibles ententes délictuelles entre opérateurs sur des marchés oligopolistiques comme la cimenterie ou les télécommunications

6. Créer sur toute l’étendue du territoire national des boutiques témoins capable de concurrencer le commerce de gros et de détail. Pour plus de célérité, ces boutiques pourraient être confiées à l’armée. Oui nous sommes dans une situation de guerre contre les prix excessifs.

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7. développer des politiques commerciales de contingentement caractérisées par une limitation forcée de certains produits d’importation comme le blé, et les haricots. Sans oublier l’ouverture temporaire de l’import de la volaille pour amorcer une baisse des prix sur cette denrée.

8. relever le taux d’allocation de la commande publique aux nationaux par augmenter leur pouvoir d’achat

9. Mener une politique minimum de protection en dépit des règles de l’OMC. Tous les grands pays se protègent par les barrières non tarifaires, les crédits à l’exportation, les subventions à l’agriculture etc

10. asseoir des invités compétitives de transformation des matières premières locales.

DES PRÉREQUIS INDISPENSABLES

Quelles que soient les mesures retenues, il y a des prérequis nécessaires pour garantir leur efficacité.

1. La réalité d’une géographie politique à l’Assemblée nationale peu favorable à la majorité actuelle

2. les risques que le calendrier économique sur lequel espère s’appesantir les autorités pour améliorer le pouvoir d’achat soit phagocytés par les mauvais démons des positionnements politiques pour l’élection présidentielle de 2024.







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