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Ce Gouvernement À Slogans N’y Changera Rien

Ce Gouvernement À Slogans N’y Changera Rien

Ce texte est la suite (et fin) de la contribution que j’ai publiée le 12 septembre 2022 (Cf. Walf Quotidien, Dakar-Times, L’Exclusif, Kritik du même jour et Enquête du lendemain). J’y annonçais, en conclusion, que dans une toute prochaine contribution, je m’arrêterais sur une question qui cacherait l’un des plus gros scandales de la gouvernance de cet homme qui règne en maître sur notre pays depuis le 2 avril 2012. Entre-temps, trois événements se sont succédé : l’installation officielle de la quatorzième législature, la nomination (enfin) du Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement, si on peut le considérer comme tel. Les deux derniers ont été précédés du « message » à la Nation du président-politicien.

Dès après la nomination du Premier ministre et en attendant la formation du gouvernement, des débats nourris furent organisés sur pratiquement tous les plateaux de télévisions autour de la personne du tout nouveau promu. Il est partout présenté comme une personne compétente, expérimentée, un homme de dialogue et de consensus. Oui, l’homme est compétent, expérimenté et personne ne le conteste. C’est un homme de dialogue et de consensus. Peut-être. Mais l’homme n’est-il que cela ? Quand on écoute les témoignages élogieux des uns et des autres, on a l’impression qu’il venait de tomber du ciel. Amadou Ba – c’est de lui qu’il s’agit – n’est quand même pas seulement que cela. Am na ay jaarjaar. Il a un cursus, il a un parcours. Il a été notamment Directeur général des Impôts et Domaines (DGID) de 2006 à 2013, puis Ministre de l’Économie et des Finances de 2013 à 2020.

Pendant la première période de sept longues années, nos maigres réserves foncières ont été carrément dilapidées et sa responsabilité, comme DGID, était alors largement engagée. Je renvoie le lecteur au Rapport public de la Cour des Comptes de l’année 2014 (pp. 92-102) et au Rapport public sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes de l’Inspection générale d’État (IGE), juillet 2014 (pp.76-81). J’ai exploité ces rapports, avec d’autres, dans au moins trois de mes contributions :
« Cession des terres de Dakar-Yoff : notre président homme d’affaires n’en est pas à son coup d’essai » (Sud quotidien du 24 et s du 25 août 2009)
« L’acquisition du Domaine du Général Chevance Bertin à Bambilor par l’État – Wade : une vaste escroquerie » (Walf Quotidien, L’Exclusif du 4 et Le Témoin du 10 décembre 2018)
« Monsieur Mbackiou, Faye, Me Boubacar Cissé : un peu de respect pour les résidents de la Cité Mamelles-Renaissance ! » (Walf Quotidien, Dakar-Times, Le  Témoin, Enquête du 2 septembre 2022)

Le lecteur peut se reporter aussi à de nombreux sites qui ont publié ces contributions. Il se fera certainement une autre idée de l’homme, de ce Premier ministre qu’on veut nous présenter comment venant de descendre du ciel et tout blanc. Je m’arrête un peu sur l’opération foncière consistant en l’acquisition par l’État Wade des terres du Général Chevance Bertin à Bambilor. Le prétexte, le motif alors déclaré par le vieux président politicien était de « sécuriser les villages situés à l’intérieur de ces terres ». L’IGE constate, au contraire, que « l’opération comporte, sur un fond de détournement d’objectif, des manœuvres manifestes de contournement de la loi ». En réalité, poursuit l’IGE (rapport de juillet 2014 page 76), « la manière dont l’opération a été menée a révélé que l’objectif ainsi déclaré n’était qu’un prétexte et que le soubassement  véritable  était  un  projet  planifié d’enrichissement de particuliers ». Ce détournement honteux d’objectif a été à la base de nombre d’opérations foncières qui ont lieu pendant l’infecte gouvernance du vieux président-politicien et de son successeur et sosie1

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Je vais être plus concret, en me portant sur le Rapport public de la Cour des Comptes de la même année, 2014 (pp. 96 et 97). Pour disposer d’un supplément d’assiette foncière de 100 hectares, constate la Cour, « le Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, par correspondance n° 166/CDC/DG/DESF du 18 mars 2010, a saisi le DGID. Ce dernier, par lettre n° 138/DGID/CT2 du 2 avril 2010, n’a pas donné  une  suite  favorable  à  la  requête,  en avançant un problème de disponibilités  foncières  dans la  zone ». « Or, poursuivent les contrôleurs de la Cour des Comptes, l’État du Sénégal, représenté par le Conservateur de Rufisque, par acte administratif du 26 mars 2010, soit postérieurement à la lettre de la CDC, a cédé sur le même site, un terrain nu de 175 ha 05 ares 18 ca, au prix de 1000 francs FCFA/m2, soit 1,75 milliards FCFA à M. Ndiègne Fall ». Ce n’est pas tout : le très privilégié Ndiègne Fall « a revendu un lot de 100 hectares à la CDC au prix de 6000 francs FCFA/m2, soit 6 milliards FCFA». Avec cette vente donc, poursuit la Cour, « M. FALL a gagné 5 milliards FCFA, et aucun justificatif n’a été reçu sur la perception de la taxe sur la plus-value immobilière ».

Je n’ai rien inventé. Je n’oserais pas d’ailleurs car, je me ferais rapidement convoquer, moi Mody Niang, membre de la famille des Kumba amul ndey. Ce n’est pas tout d’ailleurs et nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos peines. La Cour constate encore, en effet, « que l’autorisation de cession, approuvée le 25 août 2010 par le Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan chargé du Budget, est intervenue alors que la mutation du terrain n’était pas encore effective comme en atteste l’acte de vente ». Donc, au moment de revendre le terrain à la CDC, le très « honorable » Ndiègne FALL « ne s’était pas encore acquitté du coût d’acquisition auprès des services de la DGID, puisque la quittance, objet du règlement de la cession définitive, est datée du 27 août 2010 ». Je crois que le lecteur a bien compris : au moment où il vendait le terrain et empochait un bénéfice de 5 milliards, il n’était encore titulaire de rien, d’aucune propriété, puisqu’il ne s’était pas encore acquitté du coût d’acquisition auprès des services habilités.

Enfin, il y a plus grave encore. Tout est grave d’ailleurs, très grave. Pour nous en convaincre, revenons au rapport de l’IGE qui révèle que, dans le dossier des terrains de Bambilor, « toutes les recettes fiscales n’ont pas été perçues sur les importantes transactions immobilières  qui  ont  été  réalisées ». Dans ces opérations, précise l’IGE, « l’État a perdu, au total, hors toutes pénalités, amendes et intérêts de retard, la somme de trente milliards cinq cent trente-trois millions quatre cent cinquante-six  mille  (30.533.456.000)  francs FCFA ». Cette énorme somme a été répartie à la page 79. Si on y ajoutait les pénalités, amendes et autres intérêts de retard, on serait à plus quarante milliards de francs FCFA de recettes fiscales perdues ainsi facilement par l’État au profit de sombres individus.

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Aucun des responsables de ces opérations frauduleuses, gravement frauduleuses, n’a été inquiété : ni le vieux président, le premier responsable, ni le Ministre délégué auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan d’alors, ni Mamour Diallo, ni Amadou Ba, alors Directeur des Domaines de Rufisque l’un, et DGID l’autre.

Tous les projets immobiliers connus au Sénégal depuis le 1er avril 2000, notamment ceux des Mamelles et des Almadines, ont été entachés des mêmes graves scandales restés carrément impunis. Et celui que l’on nous présente aujourd’hui comme descendu du ciel et blanc comme neige, le tout nouveau Premier ministre, était quand même, par les fonctions qu’il occupait alors, au cœur de ces scandales. Je ne crois pas qu’il serait aujourd’hui Premier Ministre, ni Ministre de l’Économie et des Finances puis des Affaires étrangères avant, si les sept ans pendant lesquels il a été Directeur général des Impôts et Domaines avaient fait l’objet d’un audit indépendant suivi d’effets, s’il y a lieu. Je ne le crois pas du tout avec son nom cité dans quelques autres affaires dont au moins l’une peut être considérée comme nébuleuse. Il s’agit de ce prêt de près de huit milliards de francs FCFA d’une certaine Banque Of Africa, qui exigerait son dû à deux personnes : Amadou Ba et P. A. G. aujourd’hui décédé. Le texte d’où j’ai tiré cette information est rédigé par Dakarposte le mardi 27 décembre 2016. L’information est-elle vraiment fondée ? Je n’en sais rien. Je la livre comme je l’ai lue. Je crois quand même que ce site ne prendrait pas autant de risques en ne fondation sa révélation sur aucune source sérieuse. En tout cas, M. Ba était alors Ministre de l’Économie et des Finances. Qu’avait-il alors à voir avec ce prêt nébuleux, si l’information est fondée ?

Il est quand même aujourd’hui Premier ministre et pourrait être demain candidat de Bennoo Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle de février 2024. Sait-on jamais ? Nous avons donc le droit de savoir d’ores et déjà qui il est en réalité. Pour en terminer avec lui, je fais état d’une lettre qui lui serait adressée par un de ses collègues le 21 mai 2012. Le collègue, Allé SINE, était en service à la DGID. La lettre était en circulation au niveau du service et même hors de celui-ci et je suis tombé dessus par hasard. J’ai posé des questions à des collègues à eux qui m’ont confirmé l’existence de la lettre. Dans la lettre, M. SINE menaçait de faire des révélations sur un énorme patrimoine composé de « biens acquis illicitement ou  frauduleusement  (par  faux  et  usage  de faux) aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger et que les investigations menées par (ses) amis et collègues ont permis d’identifier et de localiser avec preuves et documents à l’appui ». Et il en a cité quelques exemples, quelques gros exemples et n’a pas dit textuellement que cet immense patrimoine appartenait à Massamba ou à Mademba. Il ne l’a pas dit waaye yaq na xel.

Je précise bien, moi membre de la famille des Kumba amul ndey, que je n’affirme point que la lettre existe et est bien de M. Allé SINE. Je n’affirme pas, non plus, que les informations qu’on y lit sont fondées, ni que l’immense patrimoine dévoilé est attribué à qui on pourrait penser. Ce que je sais, c’est que des compatriotes crédibles m’ont affirmé que la lettre existe bel et bien. On avance aussi çà et là que si, par extraordinaire, le président politicien était finalement convaincu par M. Amadou Ba et en faisait le candidat de Bennoo Bokk Yaakaar, il n’aurait pas le courage de déclarer tout son patrimoine.

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Après ce bref tour d’horizon autour de celui qui est désormais le Premier ministre du président-politicien, je reviens sur ce dernier. Celui ou celle qui lit ce texte – il y a d’autres d’ailleurs – sera vraiment ébahi(e) et se posera beaucoup de questions. Quelle mouche a-telle piqué le président-politicien pour qu’il fût amené, contre toute attente et en violation flagrante des lois nationales comme internationales, à aller renégocier avec Arcelor Mittal ? Pourquoi cet empressement ? Avait-il déjà besoin de beaucoup de milliards pour préparer sa réélection ? Personne ne saura vraiment, en tout cas tant qu’il est président de la République.

En tout cas j’incite mes compatriotes à lire les révélations de La Lettre du Continent. Ils seront sûrement indignés et se prépareront à le faire quitter le pouvoir au plus tard en mars 2024, lui et toutes les femmes et tous les hommes qui l’entourent. Ce doit être à notre portée, si on tient seulement compte de l’impunité insoutenable qu’il entretient sans état d’âme et qui a permis à sa famille, à son parti et à sa coalition de piller nos différentes maigres ressources. Ce sera facile puisque lui-même a décidé, en modifiant la Constitution par voie de référendum, que désormais plus personne ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs au Sénégal. Il insiste, sans que personne ne lui ait mis du sucre dans la bouche, que c’en est terminé pour plus deux mandats consécutifs au Sénégal. Et il l’a répété partout au Sénégal et hors du Sénégal : à RFI, à France 24, à TV5 Monde, au quotidien français Le Monde, etc. Il l’a dit, l’a redit et écrit à la conclusion de son livre Le Sénégal au cœur. Ses plus proches collaborateurs l’ont vigoureusement appuyé : Ismaïla Madior Fall, Aminata Touré, Oumar Youm, Abdoulaye Boune Dione, Me Ousmane Sèye, Seydou Guèye et de nombreux autres. Le VAR est là pour tout prouver.

Si, malgré tout cela, il osait nous regarder les yeux dans les yeux pour solliciter un troisième mandat, il pourrait mettre le pays à feux et à sang. Pour terminer, le lecteur remarquera que je n’ai pas fait cas ici du Conseil constitutionnel. En réalité, je n’ose pas exprimer ici ce que je pense de cette institution et de ses membres. Ce n’est pas de la peur ou de la lâcheté : c’est de la sagesse. Il fait très chaud à Reubeusse par les temps qui courent, et il suffit de très peu pour qu’un membre de la famille des Kumba amul ndey y soit envoyé sans état d’âme.

1 Je confirme ici, à l’intention de mon sympathique neveu Papa Ngagne Ndiaye, que le vieux président était à l’origine de toutes ces opérations alors indignes de sa fonction et de son âge.







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