Le mariage tue l’amour !? Du jeu de séduction, lorsque les tourtereaux roucoulent jusqu’à ce que leurs deux corps « passent aux aveux » en se rencontrant, comme le chante si bien le Québécois Pierre Lapointe, tout est excitant, exaltant même, encore plus dans les souvenirs ! Le conte de… faits est beau, du premier regard échangé au premier baiser hésitant, le cerveau imprime sans cesse, commandant aux membres des comportements… aimantés ! Choisir, c’est écarter les autres. Pour l’une, rarement pour l’autre, qui s’arroge le droit de papillonner partout et d’empoisonner ainsi la vie de sa compagne. D’où l’importance pour l’épouse d’exister sans avoir à être définie par son statut matrimonial, le nom de l’époux. Exister pour soi. En tant qu’individu, parallèlement à son mari. S’aimer, se respecter, s’estimer. Mais avoir la liberté de rester ou de partir. A la base, le mariage est un contrat de compagnonnage qui inclut dans ses avenants, la latitude de le réviser ou de le dissoudre. Ce que je trouve pédant, c’est la formule « vous aimer et vous chérir jusqu’à ce que la mort vous sépare ». C’est un peu narguer le destin qui sait si bien se montrer capricieux pourtant.
Arrêtons de subordonner la vie d’une épouse à celle du mari. Notre temps de vie est compté. Et c’est déjà assez compliqué pour certaines femmes de s’infliger la double peine d’abandonner son patronyme pour porter le nom d’un autre homme et d’en assurer la perpétuité en s’effaçant. Pas question pour elles de se suffire à des mots pour exorciser les maux qui les taraudent, encore moins de se résigner. « Quand on refuse, on dit non », pour emprunter l’expression d’Ahmadou Kourouma. Le corps d’une femme ne peut être vandalisé, son âme bafouée, sa vie écourtée pour avoir dit : « Stop ! Je ne veux plus de cette vie-là ! ». Elle ne doit pas être comptable de la faiblesse ou de la lâcheté de son conjoint. Elle ne demande qu’à vivre ! Et pouvoir respirer, espérer ! Donner le temps à son union de grandir dans la tolérance. Cela passe impérativement par commettre des erreurs, les reconnaître/accepter et les pardonner/classer. Sachons écouter nos sœurs, les épauler, en arrêtant de balancer les fatidiques banalités du genre : « Seykat dafay mougn » (une bonne épouse doit endurer (se plier ?) ou « Lima dathie doko dathie » (j’ai vu pire). Une jeune sœur venant de l’arrière-pays m’a avoué, il y a quelques jours que les femmes en milieu rural vivent des situations pires qu’à Dakar, qu’elles sont maltraitées et lorsqu’elles trouvent la force de s’enfuir du domicile conjugal, victimes de la violence du mari, elles y sont renvoyées, plus vulnérables que jamais, sans aucune autre forme de procès, au nom de la sacralité du mariage. Lorsqu’elles meurent des coups du tortionnaire, le drame est souvent étouffé en raison du « soutoureu » (sacro-sainte discrétion).
Par sororité, des femmes, considérées influentes, à tout le moins placées à des positions privilégiées, devraient porter le plaidoyer, dénoncer les féminicides et sensibiliser les filles à s’opposer à toute forme de violence : l’intimidation, la manipulation, la flagellation et j’en passe ! Marième Faye Sall, épouse du chef de l’Etat, Aminata Touré et Mame Madior Boye, anciennes Premières ministres, Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Hcct, les ministres femmes, les femmes « visibles » : stars de la chanson, sportives, comédiennes… doivent donner de la voix, organiser la riposte. Par exemple, faire des dons : maisons de transition (logement d’urgence et service d’orientation), terrains, bijoux ou argent pour financer l’assistance aux sœurs confrontées aux sévices de leur partenaire. Certaines victimes n’ont pas où aller, personne vers qui se tourner, aucune main tendue. Elles auraient certainement voulu écrire leur légende personnelle, impacter leur famille, leur quartier, la nation. Être inspirantes, remporter des batailles.
Les déesses sont immortelles ; les hommes, recyclables. Messieurs, ressaisissez-vous et hissez vos partenaires sur un piédestal. Cela ne vous grandira que davantage ! Les actes de violence sont légion et se taire équivaut à s’y complaire. Nous ne pouvons plus avancer à pas feutrés. Nous ferons du bruit et c’est ainsi que nous aurons les hommes, à l’usure.