Au Sénégal, après que la page des élections législatives confuses est définitivement tournée, le focus est mis sur la présidentielle de 2024. Pour l’instant beaucoup de partis politiques manifestent leur désir de s’asseoir sur le fauteuil présidentiel par des déclarations candidatures urbi et orbi et de façon formelle ou implicite (Malick Gakou, Ousmane Sonko, Macky Sall, Idrissa Seck, Mimi Touré, Khalifa Sall, Karim Wade, Abdoul Mbaye, Déthié Fall, Abdourahmane Diouf, Youssou Ndour, etc.).
D’ici quelques mois, les choses vont se préciser. Mais la principale difficulté dans notre débat démocratique sera la capacité qu’aura le citoyen sénégalais à juger de la pertinence des mesures proposées dans les programmes des différents candidats : sous quelle forme les programmes parviennentils aux électeurs et qu’en connaissent-ils vraiment ? Les Sénégalais devront se prononcer, en toute indépendance, sur ces offres politiques concurrentes, ce qui conférerait aux institutions représentatives leur caractère démocratique. En effet les programmes doivent être au cœur de la transaction électorale par un vote déterminant l’acte d’adhésion aux idées que porterait un candidat ou un parti. Destinés à être les mandataires de la volonté générale, les candidats doivent présenter aux électeurs la conception qu’ils se font de l’intérêt commun et des réformes qu’ils comptent apporter. Si un programme n’est rien d’autre que « l’exposé général des intentions, des projets d’une personne, d’un parti ou d’une autre entité » et se distingue de l’offre discursive d’un candidat ou d’un parti, il devra constituer l’une des conditions pré-requise par le peuple sénégalais à la déclaration de candidature, de crainte de nous voir embarqués dans une route cahoteuse et sans issue, « Saretu jinne », comme diraient les Wolofs. Et ceci les Sénégalais ne sauraient le tolérer plus longtemps au rythme où évolue le monde avec les nombreuses crises qui sévissent et s’abattent sur notre pays.
Un programme est une description des idées, des objectifs, des intentions, des réformes, des actions ou des mesures projetées ou promises par un candidat à une élection ou par une organisation politique. C’est un engagement du candidat élu. Il lui permet de se faire connaître et de présenter sa vision et les orientations stratégiques pour le bien commun. Très peu nombreux sont les programmes présentés et connus des Sénégalais avec divers noms sous lesquels ils apparaissent pour les plus connus : Yonou Yokouté (APR), PAAS (Grand Parti), 1- 3-15-45 (REWMI)… devront être une figure imposée de la compétition électorale à l’instar des grandes démocraties pluralistes si l’on veut avoir un baromètre fiable sur les engagements et promesses du candidat élu. « Les programmes constituent en effet une composante désormais nécessaire de la compétition électorale, et sont devenus une technologie structurant les interactions entre acteurs de mondes sociaux divers (mondes politiques, journalistiques, intellectuels, économiques, syndicaux etc.). En avoir un (et un seul) constitue une norme de la transaction électorale ». A l’opposé, les programmes inter partisans qui renvoient à l’imbrication entre écriture du programme et négociations d’une coalition seront tolérés. Lorsque cette coalition excède les alliances traditionnelles, la fonction du programme peut être en outre de favoriser, selon l’expression durkheimienne, l’intégration logique et morale nécessaire à sa mise en œuvre. Alors que les stratégies d’alliance entre différents courants politiques quelquefois contradictoires peuvent proposer un Programme Commun ou un Programme Minimal. Les citoyens observeront alors soit une rupture dans ladite coalition soit une forme de gouvernance inadéquate et en déphasage avec leurs intérêts citoyens car l’enjeu pour les alliés sera d’apparaître fidèles au programme de coalition signé par leur parti respectif tout en préservant leur alliance donc un partage du gâteau ou gagnons ensemble et gouvernons ensemble en dépit des exigences du peuple.
Nous voulons des programmes politiques clairs et connus et des candidats intègres, proches des préoccupations du peuple, ayant un profil personnel exemplaire non entaché ou revanchard, respectueux du peuple, de la Constitution et des forces de l’ordre, des candidats ayant une formation diversifiée et non exclusivement financière mais surtout gardant en tête l’intérêt de la Nation dans la laïcité républicaine et constitutionnelle.