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Dilemme Entre Relance Et Stabilite Appauvrissante

Dilemme Entre Relance Et Stabilite Appauvrissante

Dans sa présentation du rapport sur les perspectives économiques en Afrique au Sud Sahara du 27 octobre 2022, le Fonds monétaire international enjoint aux banques centrales des pays de la sous-région dont la Bceao, de relever graduellement les taux d’intérêt pour restreindre le crédit afin de limiter l’effet de la masse monétaire sur le niveau des prix.

Les prix des denrées dans la théorie économique sont influencés par la disponibilité de la monnaie en circulation dans un pays ou un espace donné. La monnaie en circulation, constituée de billets de banque et des pièces de monnaie, est émise par la banque centrale.

La banque centrale -la Bceao pour notre cas- est une institution indépendante, chargée par l’Etat ou les Etats de mettre en œuvre la politique monétaire sans aucune influence, ni de la Banque mondiale ni du Fmi. La banque centrale  veille à la stabilité des prix en contrôlant à la fois l’inflation -lorsque les prix augmentent- et la déflation -lorsque les prix baissent. Elle contrôle et supervise les banques secondaires ou commerciales par le moyen du taux d’intérêt, dans l’objectif de stabiliser l’économie et d’éviter un dérapage sur les prix des denrées, etc.

Les banques commerciales ou secondaires sont celles sur  lesquelles nous nous tournons lorsque nous devons ouvrir un compte bancaire ou souscrire un prêt, elles  empruntent directement de l’argent auprès de la banque centrale, pour à leur tour prêter cet argent  aux ménages et entreprises afin de soutenir l’activité économique -investissement et consommation-, donc la croissance de l’outil de production et l’emploi.

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Le  taux d’intérêt créditeur dans notre pays  est passé de 5,13% en mai 2022 à 5,25% à octobre 2022, tandis que  le taux débiteur appliqué aux ménages  et entreprises est ressorti à 6,36% en juin 2022 contre 6,35% en mai 2022.

La zone franc dont nous faisons partie,  a un niveau de taux d’intérêt trop élevé pour une croissance trop souvent faible, de l’ordre de 4%  en moyenne par rapport aux pays comme le Ghana et le Nigeria. Une croissance sans substance et richesse au regard du niveau d’inflation.

Et pour cause, le  loyer de l’argent dans la zone franc est contreproductif pour l’expansion économique et la création d’emplois. Ce phonème fait basculer des pans entiers de l’activité économique dans l’informel ou le secteur dit non-structuré.

Le financement de l’activité de production et d’investissement des Pme et Pmi souffre des taux d’intérêt élevés que les banques commerciales répercutent aux agents économiques débiteurs. Au Sénégal, le besoin de financement de Pme et Pmi pour éviter une mortalité précoce de ces unités de production souvent faible, s’élève à 700 milliards annuels, soit 11% du Pib. Avec tout l’effort public et privé pour leur  financement adéquat, nous n’arrivons pas à mobiliser 70 milliards annuels pour financer ou refinancer l’activité des Pme au Sénégal. La politique de la Banque centrale est complètement déconnectée des réalités économiques.

La transformation de l’économie endogène ne peut être effective tant que notre politique monétaire n’est pas en harmonie avec la situation des Pme et Pmi qui constituent 90% de nos unités de production.

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Dans ce contexte, la préconisation par le Fmi de relever graduellement le taux d’intérêt pour contenir l’inflation et l’envolée des prix, alors que nos économies n’arrivent pas à se relancer après le Covid-19 et la guerre Russie-Ukraine, reste problématique.

Faut-il encourager une baisse drastique des taux d’intérêt afin de relancer l’économie ou faut-il, comme le suggère le Fmi, augmenter les taux d’intérêt  pour contenir l’inflation  sur le prix des denrées ?  Le lien n’est pas du tout établi comme dans les économies avancées entre la masse de monnaie en circulation et  l’indice des prix, tant nos pays sont trop pauvres, où tout excédent de revenu va directement à la consommation incompressible. La pauvreté monétaire est estimée à 37,8% de la population du pays.

In fine, le Fmi gagnerait à revoir ces inputs qui lui permettent d’apprécier nos économies où persistent secteur informel et pauvreté extrême. Nos économies sont loin des schémas et mécanismes formels et structurés des pays du Nord du globe.

Moustapha DIAKHATE

Expert et Consultant en Infrastructure

 Ex-conseiller Primature







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