Même les sceptiques commencent à s’inquiéter de la fuite en avant répressive aveugle du régime de la seconde alternance libérale néocoloniale. Le lynchage médiatique de O. Sonko après sa conférence de presse pendant laquelle il expliquait qu’il a déposé sur la table du doyen des juges le rapport le disculpant et incriminant les comploteurs de la République et a rejeté le test ADN a aussitôt été suivie par l’unanimisme corporatiste du monde journalistique condamnant l’arrestation arbitraire du journaliste Pape Alé Niang. Le silence médiatique sur les otages de Macky/APR/BBY, dont une liste non exhaustive est publiée ci-dessous par le collectif pour la Libération des Détenus Politiques (COLIDEP), est enfin rompu par la mise en cause de la 3éme candidature que lorgne le locataire du palais présidentiel. Il en est de même pour le kidnapping des gardes du corps de Sonko, les provocations à coups de gaz lacrymogènes contre le Nemmekou tour, les garde à vue de 17 manifestants pour la libération des prisonniers politiques, et les plaintes des victimes d’agression de nervis stipendiés comme Guy Marius Sagna.
La politique de l’autruche a des limites face au chacun son tour l’embastillement par les pyromanes repus mais insatiables qui se partagent le gâteau juteux des deniers publics, des contrats de gré à gré, des surfacturations des éléphants blancs, des prix chers et qui, à coups de « caisses d’avance », hypothèquent le pétrole et le gaz aux multinationales impérialistes par un endettement usurier monstrueux que les générations futures seront invitées à rembourser.
La résistance touche des pans entiers de plus en plus nombreux de la société au fur et à mesure que les conquêtes démocratiques pour lesquelles beaucoup ont payé parfois de leurs vies. Même parmi ceux et celles, notamment de l’ex-gauche traître, qui se terraient dans un silence coupable parce que s’interrogeant ou épinglant des mots ou expressions ou encore les insatisfactions de certains prises de positions se rendent compte que le bénéficiaire de la révolte populaire du 23 juin 2011 lors de la présidentielle 2012 va, décidément, trop loin dans « le togn, le matay, le jay doole ».
Elargir la résistance à l’ensemble des populations et à toutes les forces politiques, associatives, syndicales pour sauver le pays de l’autocratie fascisante présidentialiste est la tâche du moment d’autant plus que le pouvoir néocolonial libéral se délite peu à peu sous les coups de l’obsession de la candidature de trop qui ne peut être annoncée que consécutivement à un chaos répressif massif et malheureusement forcément sanglant.
Les partisans du « tout sauf Sonko » applaudissent à chaque annonce d’une nouvelle candidature. Ils espèrent ainsi intégrer ces candidatures à leur stratégie de la terre brûlée visant à isoler le plus populaire des opposants arrivé troisième en 2019.
Il faut justement éviter ce piège en respectant l’accord de la coalition Yewwi et de l’inter-coalition avec Wallu qui dit : aller ensemble aux locales et aux législatives et chacun choisira au premier tour son candidat à la présidentielle et en cas de second tour, tous les candidats de l’opposition soutiendront le mieux placé. Pour préparer cette éventualité, il faut que cessent les déchirements et quolibets verbaux inutiles et diviseurs. Chacun a le droit d’être candidat, d’avoir son candidat, le nôtre est O. Sonko, mais chacun doit aussi cibler le seul adversaire qui met vraiment en péril le pays : le pouvoir Macky/APR/BBY.
Le front populaire (politique, associatif, syndical) qu’il faut construire du tous contre la candidature anticonstitutionnelle doit trouver un prolongement dans l’Assemblée Nationale où l’opposition est en passe de devenir majoritaire.
Les initiatives parlementaires doivent poser toutes les problématiques liées à la mal vie des Sénégalais, à la corruption généralisée qui gangrène l’Etat et au non-respect par les gouvernants des lois, des libertés individuelles et collectives, à l’état de droit.
Le front patriotique le plus large est aussi nécessaire dans d’autres pays africains. Pour tenir dans la durée l’hégémonie culturelle et du patriotisme montant, le rassemblement des patriotes est nécessaire au Mali, au Burkina Faso, etc. Voilà pourquoi, il est important au Mali que cesse la persécution de Oumar Mariko, président du parti patriotique SADI.
Dans ces pays africains frères, les révoltes populaires contre le néocolonialisme et ses suppôts locaux ont été prolongés par l’intervention de militaires qui se proclament patriotes comme au Sénégal où c’est la jeunesse intellectuelle civile qui émerge comme force politique dirigeante. L’insécurité, le chaos, l’intégrité territoriale sont les enjeux qui ont fécondé le délitement des Etats néocoloniaux et les révoltes populaires qui se traduisent par des coups d’état souverainistes dans un monde où l’unilatéralisme impérialiste est bousculé par le multilatéralisme porté par l’avènement progressif sur la scène mondiale des vrais pays émergents, notamment les BRICS.
Le monde et l’Afrique sont victimes des conséquences de la défaite de l’URSS et du camp socialiste d’Europe avec la contribution active des djihado-terroristes financés par les théocraties des pétrodollars contre le pouvoir laïc Afghan. Profitant de cela, les impérialistes ont lancé leur croisade contre les Etats laïcs du monde arabo-musulman (Irak, Syrie, Yemen, Libye) avec la complicité des mêmes théocraties des pétro-dollars avant de les faire essaimer dans les pays du Sahara/Sahel.
Les drapeaux russes des manifestants contre la françafrique dans ces pays d’Afrique expriment le besoin du multilatéralisme pour frayer la voie à la souveraineté nationale dans un contexte de déstabilisation djihado-terroriste et non, comme le dit la propagande impérialiste et néocoloniale, la substitution d’un maître à un autre tout aussi impérialiste. Les manifestants au Burkina Faso brandissaient aussi le drapeau malien pour condamner les honteuses sanctions de l’UEMOA/CEDEAO en plus de leur drapeau national. Dans leur mobilisation libératrice, les peuples en appellent spontanément à la fois au multilatéralisme et à l’unité africaine pour cibler principalement l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain et leurs laquais néocoloniaux.
Pendant ce temps, l’UEMOA/CEDEAO, ce club des présidents néocoloniaux ainsi que la présence militaire française, le franc CFA, les APE et les « accords de coopération » scellés dans les années 60 puis prolongés par les accords de Lomé sont de plus en plus décriés par les peuples.
L’exigence de souveraineté nationale émerge de plus en plus avec force dans le monde et l’Afrique n’en est pas exclue, elle qui, de fait, entame sa seconde phase de libération après les réussites et les défaites de la première qui l’ont emprisonnée dans le carcan dévastateur du néocolonialisme.
15/11/22
Diagne Fodé Roland