Dans une vidéo datée du 30 novembre 2022, Franklin Nyamsi affirme être victime depuis 2020 de persécution et de harcèlement moral et administratif de la part du gouvernement français parce qu’il dénonce la politique menée par la France dans ses ex-colonies africaines.
Je souhaite que le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pape Ndiaye, mette fin le plus tôt possible à cette persécution et à ce harcèlement qui n’honorent point la « patrie des droits de l’homme et de la démocratie ». Comme Michel Onfray ou Marine Le Pen, le citoyen français Nyamsi a le droit de critiquer la politique de Macron si celle-ci lui semble tordue ou inhumaine. Difficile de penser que seuls les Français de souche seraient autorisés à se prononcer sur la manière dont la France est gouvernée aujourd’hui. La liberté d’expression, Nyamsi la tient à la fois de la Constitution française et de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948. En outre, quand il fustige le soutien des dirigeants français à des régimes incompétents et violents, leur ingérence dans nos affaires, le pillage de nos ressources naturelles ou le maintien des bases militaires françaises sur le continent, ce n’est que la stricte vérité.
Cela dit, Nyamsi devrait-il s’étonner de subir le même traitement que les Bokassa, Mobutu, Houphouët, Senghor et Compaoré confrontés à des difficultés ou à des crises ? Ces présidents furent lâchés ou oubliés par la France. Et pourtant, ils avaient beaucoup fait pour elle, avaient tout donné pour son rayonnement. Soro Kigbafori, après avoir été soutenu par Paris contre les Ivoiriens qui voulaient prendre leur destin en main, fut prié de quitter le territoire français le 7 novembre 2020. Nyamsi, proche et scribe de Soro, pouvait alors comprendre qu’il était désormais dans le collimateur de Macron.
« Les peuples ne retiennent rien des leçons de l’Histoire. » Nyamsi, qui enseigne la philosophie, devrait connaître cette idée de Hegel. Ni lui ni « le leader générationnel » ne semblent avoir été instruits par la manière dont furent traités ceux que l’on considérait comme les chouchous de la France en Afrique. L’ivresse du pouvoir et de l’argent était telle qu’ils ne se souvenaient plus que le pays de Charles de Gaulle n’a pas d’amis mais des intérêts. Heureux et fiers d’être dans les bonnes grâces de la France, ils se croyaient tout permis. Bref, en se laissant instrumentaliser par l’ancienne puissance colonisatrice qui trouvait Laurent Gbagbo moins accommodant que Dramane Ouattara à qui on prêtait toutes les qualités, Nyamsi et Soro étaient persuadés qu’ils étaient devenus les amis de Chirac, de Sarkozy ou de Macron. Ils avaient cependant oublié que, avant eux, un certain Meka, dans « Le vieux Nègre et la médaille » de Ferdinand Oyono, avait nourri une telle illusion jusqu’au jour où il fut arrêté, bastonné et emprisonné par la police des Blancs.