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Appel Aux Jeunes Et Aux Citoyen-ne-s

En principe au Sénégal, en vertu des dispositions de la loi portant Code électoral, il est fait obligation au président de la République et au gouvernement d’organiser une révision annuelle ordinaire de six mois, du 1er février au 31 juillet, à chaque année de non élections, ce qui en parfaite violation de la loi, est loin d’être le cas sou le régime de Macky Sall. Notre compatriote Ndiaga Gueye, président de l’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC/ ASUTIC n’a pas manqué d’alerter très tôt, à travers une contribution en date de novembre 2022, intitulée : « Sénégal : aucune révision annuelle de six mois des listes électorales depuis sept ans, celle de 2023 ne sera pas non plus organisée, à moins que… ». Il vient, le 8 janvier dernier, de lancer un autre coup de semonce : « Sénégal, non organisation de la révision ordinaire des listes électorales en 2023 :  premier acte de manipulation de la présidentielle de 2024. » Pour s’octroyer un semblant de légalité, le régime de Macky Sall a fait modifier par sa chambre d’enregistrement, en juillet 2021, l’article 39 du Code électoral, devenu l’article 37, pour introduire la notion volontairement floue et fourre-tout de « Sauf cas de force majeure ». Allant plus loin, ils ont renforcé cette modification à travers la réécriture irrégulière de

l’article R28 du Décret n°2021-1196 portant partie réglementaire du Code électoral, désormais ainsi rédigé : « Une révision dite ordinaire a lieu sauf cas de force majeure ou de révision exceptionnelle en perspective, chaque année du 1er février au 31 juillet inclus ».  L’on tend ainsi, sans le dire, à se passer des révisions ordinaires au profit de révisions exceptionnelles, à durée très réduite, laissée à la discrétion des décrets et arrêtés du président de l’État-parti APR-BBY et de son ministre de l’Intérieur. Notez, à titre d’illustrations, que la révision exceptionnelle n’a duré que deux mois pour l’élection présidentielle de 2019, 45 jours pour les élections territoriales de janvier 2022 et 25 jours pour les législatives de juillet de la même année ! Résultats de ces opérations volontairement tronquées de révision des listes électorales : au moins, 1 923 691 Sénégalais qui ont le droit de vote, ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales, dont plus de 1 100 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans (Voir Rapport 2021 Mission d’audit du fichier électoral du Sénégal) ; on peut y ajoute les 3 200 000 abstentions (plus de 33 %) aux législatives de 2022, sur un fichier officiel de quelque 7 036 000 inscrits. Au total donc, pour un potentiel de plus de 8 900 000 électeurs selon les données statistiques de l’ANSD, l’on peut retenir qu’en définitive plus de cinq millions de Sénégalais n’ont pas voté aux dernières législatives, ce qui limite sérieusement le caractère démocratique et populaire du scrutin. Pareille situation mérite une grande attention et appelle des tâches urgentes. Et que personne ne s’y trompe : Macky Sall et compagnie ont bien lancé quant à eux, de façon sournoise sous couvert de vente de 1 500 000 nouvelles cartes de membres de l’APR, leur campagne de collecte de données à caractère personnel et de pré-inscription sur les listes électorales.  Par conséquent, en direction de la présidentielle de 2024, une large mobilisation politique et citoyenne, parlementaire et extraparlementaire, s’avère plus que jamais urgente et nécessaire pour arriver à garantir à tous les citoyens en âge de voter l’expression du suffrage universel, direct, libre et secret. 

Chacun-e est libre d’être candidat-e, sauf le président qui a déjà effectué ses deux mandats consécutifs de sept puis de cinq ans. Lui-même d’ailleurs et tous ses collaborateurs les plus proches l’ont, il n’y a guère, dit et redit, écrit et brandi à la face du monde. Tous les spécialistes de droit et autres intellectuels honnêtes, dont tout récemment parmi d’autres, le constitutionnaliste Babacar Gueye, Dr Elhadj Omar Diop ou l’universitaire écrivain Felwin Sarr, plus généralement toutes les personnes de bon sens et de bonne foi, sont formels : pas de 3ème candidature pour  Macky Sall, et cela ne dépend nullement de son bon vouloir comme il le prétend ;  il ne peut aucunement être candidat en 2024 : on n’interprète pas ce qui est clair comme l’eau de roche, ou normé sur du marbre comme les deux ràkka de la prière de l’Aïd ! L’ensemble des patriotes et démocrates de notre pays, soucieux véritablement du présent et de l’avenir du Sénégal dans une Afrique libre et souveraine, doivent conjuguer leurs efforts, s’organiser et mener les combats, tous les combats nécessaires, pour :

– la révision ordinaire des listes électorales sur la période légale de six mois, du 1er février au 31 juillet 2023 ; l’inscription de tous les électeurs en âge de voter et leur participation massive au scrutin, les jeunes en particulier, ceci comme pas immédiat vers des élections régulières, inclusives et sincères, transparentes et démocratiques ;

– la mise en œuvre, dans ce sens, de toutes les réformes préconisées depuis des années par les forces vives nationales et demeurées toujours d’actualité, telles que, entre autres, la fin de la mainmise totale et quasi monopolistique du pouvoir sur le fichier électoral et sur divers autres fichiers sociaux, sur la carte électorale et le découpage des communes, sur le ministère de l’intérieur et le commandement territorial-maintenant politisés à outrance,  sur le calendrier électoral et la fixation des cautionnements, sans oublier le combat pour  l’instauration du bulletin unique, la suppression du mode de scrutin dit de raw gàddu et du type de parrainage volontairement opaque en vigueur, l’institution d’un organisme autonome chargé de l’organisation des élections, etc., ce dans le cadre d’une concertation nationale diligente, sincère et sans dilatoire, condition incontournable pour assurer la paix civile et la stabilité dans notre pays.

Nous sommes tous et toutes interpellé-e-s. L’ensemble des patriotes se doivent de se tenir prêt-e-s et ouvert-e-s pour contribuer de toutes leurs forces, en tout lieu et en tout temps, à ce nécessaire travail collectif de sensibilisation, de mobilisation collective et de proposition pour la régularité, la transparence des élections et la paix. Exigence d’autant plus pressante que le régime de fin de règne de Macky Sall verse de plus en plus ouvertement dans des dérives dictatoriales, violentes et meurtrières, multipliant enlèvements de type fasciste, emprisonnements arbitraires, tortures, disparitions forcées, découvertes suspectes de cadavres, etc.  Tant pis s’il lui faut brûler notre pays le Sénégal, le pouvoir déroule sa stratégie du chaos et du « Tout sauf Sonko » : il lui faut surarmer les forces de répression, quitte à se lier avec les régimes les plus fascises au monde. Il lui faut en priorité éliminer « l’ennemi public n°1, Ousmane Sonko », ci nii mbaa ci naa, par les moyens ‘’légaux’’ de sa justice, ou même physiquement par des ‘armes non conventionnelles’’. Une chose est sure cependant : le combat, le défi, le projet ne sont pas l’affaire d’un individu ni même d’un parti, mais bien d’un peuple tout entier, d’un pays, d’un continent, pour la construction décisive, en ce début de l’an 2023, d’un autre monde, fait de liberté, de justice, de dignité, de travail, d’éthique, de fraternité et de paix.

Madieye Mbodj est membre du bureau politique de Pastef-Les Patriotes.







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