Décidément, le ridicule ne tue toujours pas. Voilà qu’Alioune Tine, pompier pyromane s’il en est, demande la mobilisation de la Cour pénale internationale (CPI) pour sauver le Sénégal qui serait, selon lui, en proie à la « guerre civile ».
Le Sénégal, ce havre de paix dans une sous-région ouest-africaine endeuillée par la violence et le terrorisme. Le Sénégal, ce modèle de démocratie dont le système électoral est vanté pour ses résultats aussi bien par le pouvoir, l’opposition que les observateurs internationaux. Le Sénégal, cette économie en pleine croissance et en modernisation accélérée. Ce Sénégal-là, selon M. Tine, mériterait que l’Onu et les Usa, en plus de la CPI, se penchent sur son lit de mort, toutes affaires cessantes. Mais il ne cite pas la Russie et la Chine, relève-t-on.
La raison de cet appel désespéré au secours ? Uniquement, à l’écouter, les débordements langagiers devenus banals d’un leader politique terrorisé par la perspective de devoir s’expliquer sur un crime de viol dont il est inculpé par un magistrat. Ces propos d’après-boire, excessifs et donc insignifiants, ont pourtant été tenus au cours d’une réunion légalement organisée au bout de laquelle la foule s’est dispersée tranquillement, sous la protection de la police, sans aucun incident noté. Tout s’est passé normalement comme chaque jour au Sénégal.
Alors pourquoi un tel appel aussi totalement hors-sol, hors-sujet et hors-jeu ? Pourquoi cette dramatisation outrancière de propos de campagne pré-électorale éructés par un Bolsonaro des savanes ? Faudrait-il retenir l’hypothèse de ceux qui pensent que le vrai motif de ces cris d’orfraie serait plutôt relatif à la déculottée que nos forces de défense et de sécurité infligent aux cultivateurs de drogue et autres pillards de forêt ? On ne pourrait décemment pas dénoncer à la CPI le démantèlement de bandes mafieuses. Alors, on invente et on invoque le concept fumeux de la « transition concertée » pour espérer obtenir par la manipulation ce qu’on a irrémédiablement perdu sur le terrain ?
Si la CPI doit surveiller quelqu’un au Sénégal, c’est bien l’ami de M. Tine, qui a déclaré publiquement son intention de tuer. Il faudra bien d’ailleurs qu’elle soit saisie pour l’ensemble de l’œuvre mortifère de celui qui incarne jusqu’à la caricature l’irresponsabilité politique et l’inculture démocratique. Et dont le bilan consistera uniquement en un décompte macabre de morts et de blessés et une litanie d’injures à l’adresse de tous les Sénégalais respectés par leurs compatriotes. Un frustré travaillé en permanence par une pulsion de haine, de rancœur et de rébellion.
Les Sénégalais ont raison de continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations trois jours après la déclaration officielle de la « guerre civile » de Tine et consorts. Parce qu’ils savent que « yòbbante gal-gal ubul làmb ». Dit autrement, il y a loin de la coupe aux lèvres. Les gesticulations et les bravades des protégés de Tine ne pourront que s’effacer devant la maturité d’un peuple qui attend patiemment d’exercer sa souveraineté en février 2024. Parions qu’ils se mordront alors les doigts, tout comme les extrémistes de 2012.