La double peine a été infligée à Aminata Touré. Privée de perchoir puis humiliée par une excommunication, elle a été assaisonnée à la sauce qu’elle-même s’était employée à donner du piquant. Ses ex-camarades de Benno ont été pauvres de sentiments comme elle l’a été dans la reddition des comptes sanctionnée par un fiasco. Le vent a tourné. Impitoyables aussi pour ne pas dire rancuniers et de plus en plus enclins à faire la courte échelle à la majorité, ceux du PDS n’ont pas boudé leur plaisir. Ils ont activement pris part à la déchéance en urgence rappelant ainsi que la vengeance est un plat qui se mange froid.
De toute manière, le positionnement de la dame de fer était intenable parce que tout simplement bancal. Ce qui en restera, c’est son intrépidité et son courage moral toujours plus forts que l’extrémisme de ceux qui ont voté l’exclusion.
Le rassemblement des patriotes dans la banlieue était noir de monde. Les idées noires ont également percuté dans la tête de Sonko à la place des mots magiques. Son renvoi en chambre criminelle n’augure rien de bon pour lui. Le ton agressif de son discours dénote d’un manque de sang-froid. Il aurait pu faire comme Tartuffe s’adressant à Elmire, « Cachez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées ». Un peu de lyrisme apporterait qui sait de l’eau à son moulin. Et sans le dire, beaucoup de ses partisans ne lui pardonnent pas ses habitudes passées dans un gynécée. Quant aux Sénégalais, ils sont, on ne peut plus incrédules sur ce dossier de Sweet Beauté qui nous enlaidit.
La goutte d’eau de trop. C’est aussi le débat vaseux sur le mandat étonnamment remis au goût du jour après le chaos de 2011. Il s’agit là aussi d’une violence psychologique exercée sur les Sénégalais. L’autre forme d’archaïsme et d’extrémisme consiste à insinuer une guerre civile. On finira par croire comme le disent ses critiques que Alioune Tine est un marchand de la peur. On sait que les responsables politiques sont de plus en plus déraisonnables. On a conscience aussi que la capitale en particulier est propice aux émeutes du fait de la démographie galopante et de l’urbanisation anarchique. Mais l’ancien président de la Raddho ne peut céder aux sirènes de la panique compte tenu de toute son expérience. Les appels au dialogue et à l’apaisement et non le pessimisme, c’est sur ce terrain qu’on l’attend.
Cheikh Yerim Seck pour sa part compte parmi les journalistes les plus adulés au Sénégal et même en Afrique. Son livre a mis les pieds dans le plat mais a aussi diffusé quantité de fake news. Révélations et divagations s’y bousculent. Il y a aussi des livres qui peuvent être ivres.
L’actualité consacre de larges colonnes à la Casamance, théâtre d’un conflit sans fin. L’on se défend d’en parler comme d’une terre de feu comme le disait Michel Paul de RFI à propos de Jérusalem. La paix définitive se gagnera aussi par les batailles économiques.
Ni gagnant ni vaincu à l’issue de l’arrêt de travail des transporteurs interurbains. La désorganisation du secteur est terrifiante. Les accidents n’en sont qu’un symptôme. Les emplois-Jakarta qui se créent par milliers ajoutent à l’anarchie. Ils seront versés dans le bilan du régime actuel. La jeunesse sénégalaise est sculptée par la crise qui n’en est qu’à ses débuts. Le prochain président va affronter toutes sortes de tempêtes. Plus que les honneurs, l’amour du pays devra primer à ses yeux plus que toute autre considération.
Dans le tunnel incertain que nous abordons, si on ne s’élève pas tous ensemble et en toute sérénité, c’est la décote totale qui attend au tournant.