L’escalade. Le processus est enclenché et l’on voit mal comment il pourrait être stoppé. A moins de kidnapper Ousmane Sonko pour l’encager, voire de l’éliminer physiquement. Perspective à la fois hypothétique et suicidaire. Hypothétique dans la mesure où jusqu’ici le leader de Pastef bénéficie de son droit constitutionnel d’aller et de venir. Suicidaire parce que le pays s’embraserait aussitôt.
Le monde entier a assisté vendredi dernier à des scènes de violences inouïes à Mbacké où le Pastef voulait tenir un méga meeting interdit par le préfet. Au terme d’une confrontation avec les forces de l’ordre qui a duré plus de trois tours d’horloge, les environs n’étaient plus qu’un champ de ruine.
Au-delà du veto de l’autorité administrative, les événements de Mbacké sont, à mon avis, en lien direct avec une rhétorique guerrière développée et entretenue au premier chef par des dirigeants en proie à des poussées de bouffées délirante.
D’abord, il est inadmissible que des leaders de l’opposition tiennent un discours de stigmatisation et d’attaque. Il est inadmissible qu’entourés de «leur» jeunesse, ils s’emploient à disqualifier au forceps la présence et les opinions d’une autre partie de la jeunesse. Il est inadmissible d’exciter les sentiments et émotions des uns, notamment en les poussant à l’affrontement physique avec les autre.
Ensuite, il est inadmissible que nos dirigeants, à la tête de l’Etat, ne puissent pas faire un travail sur eux-mêmes afin d’essayer de comprendre la source des frustrations d’une écrasante partie de la jeunesse dans l’optique d’un travail sur le changement des mentalités.
Il est inadmissible que dans une République, ces dirigeants soient encore inspirés par une conception egocentrique, crispée et dogmatique de la démocratie. Il est inconcevable qu’ici, l’on en soit à la répression des voix discordantes, aux accords et interdictions de manifester selon le faciès ou le camp politique, à la «zombification» des masses.
Enfin, il est inadmissible et incompréhensible que la parole des «sages» qui appellent à un recollement définitif à notre société et à notre l’histoire soit ignorée, surtout dans le contexte politique actuel où se développent des propos répétitifs, sans mesure et sans pondération. S’ajoute à cela, il faut sans cesse le rappeler, une couverture médiatique binaire et partisane qui généralement entretient la confusion, la peur et la tension.
Respect strict des normes, des principes et des dispositions de la Loi commune. Rejet de la justice à géométrie variable. Reddition des comptes pour tous. Justice du contexte social… Telles sont sommairement les interpellations que nos dirigeants doivent entendre et être capables d’y apporter des réponses. Mais on ne doit pas entendre les réponses qui soient des condamnations comme c’est la tendance chez certains, mais des réponses qui supposent une réflexion sur ces questions fondamentales.
Autrement, le risque de «guerre civile» évoqué par Alioune Tine sera toujours réel.