Face à une situation politique nationale qui ne cesse d’inquiéter, à moins d’une année de l’élection présidentielle de 2024, le Général Mamadou Mansour Seck sort de sa réserve pour administrer une leçon de vie démocratique. L’ancien chef d’État-Major Général des Armées (CEMGA) de 1988 à 1993 revient pour des interpellations dynamiques sur les priorités qui engagent l’avenir du pays, des générations actuelles et futures, le devenir de notre modèle démocratique.
Sud Quotidien publie in extenso la tribune de l’ancien Cemga.
En effet en lisant les media, en écoutant les hommes politiques, on a l’impression que le Sénégal est en feu ou en voie de l’être. Nos parents de la diaspora expriment leur crainte pour le présent et l’avenir du pays. Or, pour moi, la démocratie comme les Grecs l’ont dit, c’est le pouvoir du peuple quand la compétition des idées et des projets de société alimentent la politique, la violence étant exclue. C’est le peuple seul, dans sa majorité, qui choisit les meilleurs projets de société et ceux qui les proposent pour les élire. La Constitution actuelle, loi fondamentale et les institutions ne sont pas l’œuvre du seul président de la République actuel. Celui-ci ne représente que le sommet de la pyramide dont la base est construite par les générations antérieures que nous devons respecter.
La Constitution américaine date de juillet 1776. A part quelques amendements, le fond et l’esprit sont restés les mêmes. La devise américaine « E pluribus unum » signifie l’unité dans la diversité. Mais la démocratie n’est jamais parfaite, c’est un combat de tous les jours. C’est comme l’asymptote en mathématiques dont on peut se rapprocher sans jamais l’atteindre. Les exemples des émeutes contre le Capitole à Washington et à Brasilia le prouvent. Churchill a dit que la démocratie est la gouvernance la moins mauvaise. Les Assises Nationales ont pourtant montré la voie à suivre
Actuellement chez nous tout est politisé, y compris les faits divers de mœurs cryptopersonnelles. On a l’impression qu’il n’y a pas de responsable. Le contrôle et la sanction sont rares. C’est alors la porte ouverte à la corruption, à l’indiscipline et à l’incivisme. On a des droits mais on oublie les devoirs et que nul n’est au-dessus des lois. Dura lex sed lex : La loi est dure mais c’est la loi. Or n’y a-t-il pas plus important pour la survie de notre pays ? Le terrorisme frappe à nos portes. Le Sénégal est le seul pays sahélien qui n’est pas encore attaqué directement par les terroristes. Mais les réseaux sociaux, qui lavent l’esprit de nos jeunes pour les dévier et les embrigader, se propagent à travers l’internet. Des réseaux dormants, difficiles à détecter, menacent notre société de l’intérieur. Les terroristes considèrent le Sénégal comme un défi. Leur ambition est d’arriver jusqu’à la mer, jusqu’au Golfe de Guinée. Les attaques contre le Bénin et la Côte d’Ivoire, pays côtiers, le prouvent amplement
Au moment où nous devons nous préparer aussi à sauvegarder les 210.000 km2 de nos eaux territoriales pour exploiter notre pétrole et notre gaz off-shore, la sécurité et l’intérêt national doivent être nos priorités. Notre intégrité territoriale et notre cohésion nationale que le MFDC veut menacer depuis 40 ans doivent figurer dans les plans des hommes qui veulent diriger le pays. Le changement climatique est en train de ronger nos côtes par l’érosion.
En face de nous, Al-Qaida, Boko Haram et Daesh, veulent nous imposer une interprétation violente du Coran, différente de celle que nos ancêtres ont pratiquée depuis le 9è siècle. Gardons le Sénégal stable et démocratique pour les générations actuelles et futures et refusons de laisser les politiciens prendre en otage notre cher Sénégal.