Lors de sa conférence de presse du Samedi 18 février 2023, le journaliste Cheikh Yerim SECK a amorcé sa réponse à une question d’un journaliste en ces termes « Vous les membres de PASTEF, dans votre intérêt politique, vous devez intégrer le fait que la vie n’est pas en noir et blanc(…) Il n’y a pas d’un côté le camp du Mal et de l’autre le camp du Bien ». Une vraie invitation à la nuance lancée par le journaliste d’investigation.
D’abord faisons l’exégèse de la question du journaliste que nous appellerons M. Tartampion : « Dans votre livre vous chantez les louanges du couple présidentiel et vous critiquez Ousmane Sonko ». Dans cette réflexion, nous n’allons pas mettre le focus sur la forme , même si un célèbre penseur français pense que « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface.» Il y a à boire et à manger dans la formulation de sa question et nous risquons d’enfoncer des portes ouvertes sur le manque de formation de beaucoup de journalistes au Sénégal.
Pour faire court, la majorité des cartes de presse fait la confusion, de bonne foi, entre militantisme et journalisme. Et Une bonne partie fait de la politique sous couvert du journalisme. Résultat des courses : des journalistes sont à la remorque des hommes politiques et le nombre de journalistes qui exerce le métier avec professionnalisme est epsilonesque. Revenons-en à notre fil rouge : l’absence de nuance dans le débat public.
Les Ayatollahs de la pensée
Depuis quelques années, Il n’est plus possible de débattre au Sénégal. Parce que le débat c’est comme le tango il faut être au moins deux pour le danser. Si en face l’invective, l’anathème et la chasse à l’homme ont remplacé les d’idées, nos arguments deviennent un pansement sur une jambe en bois. Que ce soit avec les féministes (nous allons développer le néofeminisme Sénégalais dans un autre article) ou les membres du parti PASTEF, impossible de débattre. Les uns sont devenus des Khmers violets et les autres (majoritairement des Pastefiens) sont devenus des Ayatollahs de la pensée unique.
En 1998, Jean-Marc Chardon publie un excellent livre qu’il a intitulé « La pensée unique, le vrai procès « . Dans ce livre, l’auteur analyse la montée de ce qu’il appelle la « pensée unique », c’est-à-dire la tendance à adopter une vision politique et idéologique commune dans la société française. Rev affirme que cette tendance uniformisante peut-être dangereuse pour la démocratie et la liberté de pensée. Une situation qui peut mener à une conformité intellectuelle et à une uniformité de la pensée qui étouffent la créativité et la diversité.
Nous citerons un autre grand penseur qui souffle cette année sa 102eme bougie : Edgar Morin. Le centenaire est surtout connu pour sa théorie de la pensée complexe.
Pour lui, les réalités de la vie sont complexes et nous devons les analyser en tenant compte de leur complexité. Toute sa longue vie durant, le philosophe et sociologue français a croisé le fer avec les « Talibans de la pensée ».
 écouter ou à lire certains sympathisants, militants ou membres du parti PASTEF sur des plateaux télés, radios ou sur les réseaux sociaux, on se croirait sur Kaboul FM. Ces gens détestent la contradiction. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas d’accord avec vous que nous sommes des anti-Sonko. Non ! On essaie de mettre un poil de nuance dans vos certitudes tout simplement. À quoi bon discuter avec une personne avec laquelle on est d’accord sur tout ? Ça doit être ennuyant quand même ? « Il est bon de frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui. » disait Montaigne. Oui ! Le débat contradictoire nourrit le cerveau et chacun y gagne.
2024 ou 1984 ?
Dans son livre dystopique « 1984 » publié en 1949, Georges Orwell analyse l’histoire d’une société totalitaire en l’an 1984, où le gouvernement, dirigé par la figure énigmatique de Big Brother, a un contrôle complet sur tous les aspects de la vie des gens, y compris leurs pensées et leurs croyances. Différents thèmes sont passés en revue par Orwell : l’oppression politique, la propagande, la censure et du pouvoir du langage pour contrôler les pensées et les croyances des gens.
PASTEF au pouvoir c’est la liberté d’expression des sociétés modernes de 2024 ou le bâton du Big Brother de « 1984 » ?
Et pour finir, Nous suggérons à toute la jeunesse Sénégalaise, intéressée par la politique, la lecture de ce livre « Le courage de la nuance » écrit par le confrère Jean Birnbaum.
Dans ce livre, Birnbaum analyse le thème de la complexité et de la nuance dans le discours politique et public. Il fustige cette déliquescence du débat politique et intellectuel vers des solutions simplistes et binaires qui manquent souvent de profondeur et de réflexion critique.