Nous l’avons dit et répété à travers les colonnes de «Sud Quotidien» : le Sénégal est en mode basculement vers des lendemains chaotiques. Comment affronter cet avenir inquiétant ? Comment refonder notre Nation, et à partir de quels nouveaux paradigmes, repères, référents et référentiels ?
Certainement pas en laissant les pleutres triompher par leur bêtise. Parce que si la masse consciente ne se lève pas pour l’essentiel, notre pays sombrera pour n’importe quoi. Et nous avec.
Malheureusement, c’est la perspective qui se dessine. Le dialogue politique et social est définitivement rompu. D’un côté, le Sénégal à la tête duquel le Président Macky Sall et ses hommes qui n’entendent laisser aucune voix et acte «hostiles» prospérer. De l’autre, un Sénégal de l’opposition avec comme chef de file Ousmane Sonko. Pour le leader du Pastef, nous avons un Etat défaillant et dévoyé, avec une catégorie d’hommes et de femmes pourrie au pouvoir et dont il faut se débarrasser à tout prix.
Un Sénégal en deux où dominent la cohue, les émotions de masse, les états d’âme. Un Sénégal en deux où chaque camp s’emploie à développer un monologue interactif bien rodé, incapable de se faire à l’idée que «penser avec», c’est nécessairement faire droit au fait de «penser contre».
Un Sénégal en deux qui, de pressions en pressions, est en train de sombrer. Où tout le monde est devenu insolent ; où la population est devenue une populace. De ce Sénégal «démocratique» en deux a émergé une «ochlocratie» caractérisée par l’arrogance et le mépris des lois.
Un Sénégal en deux où personne ne veut plus entendre la vérité, parce que tout le monde craint de voir ses illusions détruites
Un Sénégal en deux où tout est désormais permis : déstabilisations, coups bas, rumeurs, machinations, traquenards… où tuer l’autre est de toute évidence le seul projet politique que l’on soit capable de proposer.
Vaclav Havel nous enseigne que «la sauvegarde d’une Nation n’est nulle part ailleurs que dans le cœur humain, la pensée humaine, l’humilité humaine, la responsabilité humaine». Alors, nous avons le choix entre ces deux termes de l’alternative : ou nous autodétruire, ou œuvrer à rendre ce pays habitable.
Si le premier terme est retenu, c’est tant pis. Si nous voulons opter pour le second, cela commence par une réflexion nationale, pour chacun et pour tous, sur les principes éthiques fondamentaux qui doivent guider nos actions, et sur une requête minimale d’une morale commune.
Il va de soi que le second terme de l’alternative exclut de son champ de rationalité les porteurs de la besace d’Esope, les pyromanes, les pervers narcissiques, et tous ceux qui souffrent du syndrome du sauveur.
Il y va surtout de notre survie en tant que Nation