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Billet : Le Courage De La Nuance (1)

 
L’islam, nous enseigne qu’aucun peuple n’est meilleur que ses dirigeants. Donc ,l’échec des gouvernants est celui aussi des gouvernés. Dans l’équité islamique, le faible est fort dans son droit et le fort est faible tant qu’il ne règle pas le droit du faible.
 
L’islam n’est pas opposé au pluralisme des idées. Mais il exige de celles-ci d’être responsables. Cette recherche s’opère au moyen du principe de la consultation en vue de réaliser un consensus.
 
L’islam n’offre pas  de « solutions clés en main » pour résoudre tous les problèmes du présent. Mais il reste une voie importante et primordiale pour sortir des faux problèmes comme préalable au changement  de l’ordre des choses.
 
Le prophète (psl), à son arrivée à Médine en dépit de toutes les difficultés, avait toujours gardé le sens de la mesure et tenait compte de  l’état des rapports de forces et des forces sociales agissantes. Auparavant à la Mecque il n’a jamais, même avant la révélation, été pris en défaut d’un mensonge ou de préservation de ses intérêts crypto-personnels.
Ses plus farouches adversaires le lui reconnaissent.
 
Dans la vision bien comprise de l’islam, tout projet de changement qui néglige la réforme individuelle (Coran 13 :11) et la règle du juste milieu (Coran 2 :143) produit de l’échec inéluctablement. C’est un préalable pour que l’alternative soit possible.
 
On voit donc que le mélange du vrai et du faux dans les recherches de la vérité,  la conservation de ses propres intérêts  quoiqu’il en coûte pour la société ne sont pas valables en islam.
 
Dieu est-il l’unique but de nos efforts et le motif exclusif de nos ambitions personnelles ? Sommes-nous attachés  à ce que Dieu aime vraiment et éloignés de ce qu’Il n’aime pas ?
A l’épreuve de ces questions le constat est amer pour nous tous.
 
Le tribunal médiatique s’est substitué aux règles de droit. Devenu trop sûr de lui-même  et vaniteux, il est une fabrique de pensée et de formatage des esprits en injures, calomnies, intolérance, etc. L’éthique de la parole et le sens de la responsabilité devraient être une loi générale pour protéger contre le pouvoir nuisible de la parole. La réflexion sur les événements avec distance est réduite à la portion congrue. Désormais les opinions libres se suffisent à elles mêmes.
 
Pour l’autorité judiciaire, l’accusation portée contre elle comme un instrument politique participe à saper la confiance des justiciables. En droit, la règle est que les faits sont toujours plus têtus que les déclarations.
 
L’exécutif ne brille pas par l’excellence partout. L’exercice du pouvoir transforme les êtres  non éduqués à l’éthique en islam au nom de la « realpolitik » devenu le justificatif de toutes les impasses.
 
La catégorie dite opposition qui se présente comme la rupture pratique la politique de la colère qui remplace le conflit raisonnables des idées. Il ne s’agit pas en  le disant de négliger les alertes mais de refuser avec fermeté la vente du désespoir qui frise le cynisme et la moraline.
 
Le vrai enjeu n’est pas l’hostilité au changement mais la lutte contre le dogmatisme en toute chose. L’usage de la violence physique ou verbale même contre les dérives est une pente dangereuse.
 
En vérité, chez les uns et les autres, il n’existe pas de modèle alternatif dans les mœurs politiques. Ce que certains appellent « solutions » ne comporte ni des termes de référence rigoureusement définis,  ni les finalités  préalablement fixées et les moyens de leur mise en œuvre.
 
S’il est vrai que toute démocratie réelle a besoin de contre-pouvoir, l’opposition en est un si elle sait être constructive et non destructrice.
 
Une rupture digne de ce nom, pour se réaliser, doit être profonde et réfléchie avec une claire connaissance des conditions matérielles et immatérielles, idéales et idéelles  du changement. La révolution comme un paradigme théorique élevé au rang de sacré est le tombeau du vivre ensemble.
 
Le chemin du changement passe par l’humilité, la patience et le temps .L’épouvantail d’un côté et la peur de l’autre sont devenus des fonctions politiques portées par une stratégie de communication qui fait fi de l’éthique de la communication. L’appartenance à une communauté de destin doit être le dernier rempart contre toutes les tentatives de casser la baraque.

(1) le titre est emprunté à Jean Birnbaum essayiste français directeur du monde des livres.
mayaly25@gmail.com
 
 


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