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Dissoudre Pastef

« La Sureté Urbaine de Dakar vient de mettre hors d’état de nuire un groupe d’individus se faisant appeler « commando de Pastef » dirigé par deux anciens militaires dont un gendarme », écrit le quotidien _Enquête_ daté du samedi 25 mars-dimanche 26 mars 2023.

PASTEF est né de l’anti-intellectualisme primaire de la direction de tous les partis de gouvernement et d’un journalisme de pacotille qui fait qu’on ne trouve pas un seul  éditorialiste  cultivé dans toute la presse sénégalaise depuis douze ans maintenant.

La coexistence pacifique entre l’anti-intellectualisme primaire et la paresse éditoriale de la presse sénégalaise tous médias confondus a créé l’environnement politique sur lequel un jeune diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA), dont tout le monde sait qu’il est tout sauf un intellectuel en politique, surfe en torpillant le secret professionnel dans l’exercice de ses fonctions.

La faction PASTEF est alors née de la rébellion au sein même de ce que l’on a longtemps cru être, pour de bon et pour 36 raisons, les bons et loyaux serviteurs de l’État.

De toutes les rebellions, la plus insidieuse – Cheikh Ahmed Tidiane SY parle de « coup d’Etat administratif » – est celle dont PASTEF est la tumeur cancéreuse ne pouvant échapper à l’ablation pour obstruer, encore qu’il est temps, les voies, toutes trouvées, de la métastase.

En des termes moins imagés cela signifie que dissoudre PASTEF et mettre définitivement hors d’état de nuire les membres de la faction insurrectionnelle et terroriste est aujourd’hui le premier et le plus sacré des devoirs.

« L’analyse de La loi n° 81 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques fait apparaître [que la dissolution] peut intervenir dans neuf cas » (NZOUANKEU, Les partis politiques sénégalais, Éditions Clairafrique-Dakar, 1984). Pour les besoins de notre modeste coup de projecteur, nous en citons seulement deux :

– « lorsqu’un parti cesse de se conformer à la Constitution, ainsi qu’aux *principes de la souveraineté nationale et de la démocratie* » ;

– « lorsqu’il s’identifie à une race, une ethnie, un sexe, une religion, une secte, une langue ou une région… »

– (…)

Une fois motivée, la dissolution intervient par décret et sur rapport du Ministre de l’Intérieur.

Évidemment, la dissolution est un acte administratif susceptible de recours pour excès de pouvoir devant la Cour Suprême.

Se soustraire à la logique évidente de dissolution de PASTEF apparaîtrait aujourd’hui comme  une déraison d’État que les meilleurs sous-préfets, préfets et gouverneurs du monde – ceux du Sénégal indépendant tous très compétents et loyaux – ne comprendraient vraiment sans avoir le sentiment d’être trahis dans le sacerdoce pour la paix, la sécurité des biens et des personnes, la démocratie et le développement.

Abdoul Aziz Diop est essayiste, Auteur de « Gagner le débat…», L’Harmattan Sénégal & Éditions universitaires européennes, février 2023







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