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Sonko, La DÉfaite Positive

Ce jeudi 30 mars 2023, la capitale sénégalaise a une nouvelle fois pris les allures d’une ville-fantôme. Un procès en diffamation, habituellement si banal, a paralysé et arrêté quasiment toute l’économie. Le « gorgorlu » dont les rangs grossissent est assigné à résidence. Sa précarité aggravée. Lui qui, tous les jours, va colmater la dépense quotidienne. Son honneur est bafoué par la crise économique, sociale mais aussi politique. En vérité, ce sont tous les Sénégalais qui sont traumatisés par l’escalade de la violence psychologique.

Mame Mbaye Niang a voulu laver un « honneur qui aurait été livré aux chiens » pour reprendre les mots de François Mitterrand. C’est son droit le plus absolu. Il ne faut pas le lui refuser. Il faut cependant en mesurer les contrecoups ? Le département du Tourisme dont il a la charge ne sort pas indemne de la situation. Comme protagoniste au procès, il participe à mettre en place les ingrédients qui sabordent le secteur, une des mamelles de l’économie. La démesure, la tension dans l’air, la dégradation continue de l’image de marque du Sénégal ne plaident pas en faveur d’un tourisme compétitif. Sa victoire judiciaire est aussi de fait un camouflet économique.

Et que penser de l’attitude de Ousmane Sonko ? Malgré une lourde sanction pécuniaire, il a dû, dans sa convalescence, pousser un ouf de soulagement bien sonore. Le verdict est en définitive assez clément. Il n’a pas d’implications politiques. C’était le principal enjeu. Il existe aussi des défaites positives. Après l’oxymore, il lui faut maintenant en tirer les enseignements. On ne peut plus désormais se comporter comme un « fou qui tire sur la foule » sans la moindre précaution et sans preuves irréfutables. Sonko devra tout de suite se normaliser en faisant preuve de plus de méthode et d’urbanité. Il doit s’améliorer par une meilleure connaissance de la Politique, la Démocratie et la République. Il a vraiment tout à gagner en intégrant qu’au commencement était le verbe.

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Que celui qui a la communication détient avec lui la communauté et la communion. Chaque mot est un préjugé. Sa parole ne peut donc plus être intempestive et truffée de déballages. Il est le seul à pouvoir mettre un terme aux procès en immaturité qui lui sont régulièrement intentés. La sorte de dualité qu’il a réussi à installer n’est pas un acquis pérenne.

À force de de trop tirer sur la corde, la sympathie gagnée aujourd’hui est susceptible de lui filer demain entre les doigts aussi vite qu’elle était arrivée. S’il s’agit de s’adresser à Mame MBaye ou à un autre, ses lieutenants y suffisent largement. Un vieil adage dit « qu’il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses Saints ». Il doit l’écouter et l’entendre. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées.

Pastef est-il le diable ?

A-t-on fait d’un œuf un bœuf ? Les kamikazes sont-ils parmi nous ? Le nouveau procureur général s’est illustré par son éloquence. La voix est limpide et radiophonique. Il a ouvert la ronde des tirades et points de presse hybrides consacrés en large partie aux événements du 16 mars dernier. C’est plus commode qu’une conférence de presse qui ouvre la possibilité de relances. Il est démodé en tout cas de prendre des risques en sortant de sa zone de confort. L’absence de dialogue laisse place au monologue.

Une « mission commando » a voulu mettre la capitale à feu et à sang. Les révélations du procureur général sont à glacer le sang. Encore une fois, une excroissance de Pastef. Si cela s’avère, ce parti ne peut exister parce qu’il serait méphistophélique. Il peut bien s’agir aussi de loups solitaires qui n’obéissent à aucune coordination d’appareil. En pareil cas, il ne faut pas aller vite en besogne et le traiter comme une organisation criminelle. Ce qui est le plus flippant, c’est la deuxième fois qu’on agite la conspiration après ce qui s’est dit des « forces spéciales ». On ne vivrait plus dans le même pays. Et nos pieds ne sont plus vissés au sol, objectent de nombreux observateurs. Ils sont incrédules parce qu’ils ne voyaient ou n’entendaient ça qu’au cinéma.

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Un réalisateur américain du nom de Orson Welles a trouvé une formule indépassable : « pour faire un bon film, il faut réussir le méchant ». Sauf qu’ici le méchant a tout l’air d’un amateur dont les coups sont à peu près toujours foireux. Les tocards s’arrangent à chaque fois pour se faire prendre. C’est très rassurant. La vigilance des forces de sécurité reste intraitable. L’expertise légendaire dépasse les frontières. Une telle efficacité n’est visible que dans Columbo où l’arme du crime ne se volatilise jamais avant l’arrivée de la police. Elle finit toujours par être retrouvée.







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