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Non Au Dialogue ArmÉ À L’ombre De Drones LacrymogÈnes

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’annonce par le chef de l’État d’un dialogue politique, à la fin d’un inquiétant défilé martial, est tombée comme un cheveu dans la soupe. Il faut dire que l’ambiance se prêterait plutôt à une veillée d’armes qu’à la décrispation, du fait de la pesante chape de plomb, que le gouvernement du Yakaar déçu tente d’imposer à la communauté nationale.

On a déjà pu noter, au cours du premier trimestre de l’année en cours, que la vitrine démocratique sénégalaise, fragilisée depuis un certain 25 mars 2012, a été d’abord craquelée le 16 février puis finalement fracassée, un mois après, le 16 mars. Le peuple sénégalais a eu droit à un feuilleton politico-judiciaire presqu’aussi tumultueux que le complot de Sweet Beauty, qui semble non seulement avoir été définitivement jugulé, mais aussi porter en lui, les germes pouvant précipiter la chute d’un régime agonisant.

C’est dire que le simulacre de procès du 30 mars dernier, avec son verdict fantaisiste, dont le plaignant et ses avocats donnaient l’impression de se satisfaire, semble consacrer l’échec de la première séquence du scénario de mise à mort politique du leader du Pastef. Dans sa déclaration, le ministre estimait son honneur lavé pendant que son avocat français se félicitait du fait que l’issue du procès allait contribuer à apaiser un climat social délétère lourd de dangers pour la paix civile.

Mais dès le lendemain, on allait observer un rebondissement avec la volonté des va-t-en guerre apéristes d’interjeter appel du jugement de la veille, qui aurait pu contribuer à pacifier l’espace politique, même s’il lésait M. Ousmane Sonko dans ses droits fondamentaux. Il s’agit d’une décision de justice inique, imposant des dommages et intérêts exorbitants, sans avoir vraiment confirmé le délit de diffamation.

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Mais les Sénégalais savent bien que les poursuites judiciaires, dont l’opposant Ousmane Sonko faisait et fait encore l’objet, ne relèvent nullement d’un délit de diffamation (l’accusé ayant reconnu avoir fait un lapsus), mais bien d’une volonté délibérée d’empêcher sa candidature à la prochaine présidentielle de février 2024, comme ce fut le cas en 2019, pour Karim Wade et Khalifa Sall.

C’est ce qui explique qu’un simple procès de diffamation ait été monté en épingle et ait donné lieu à de multiples dérives comme l’assiègement du domicile du leader du Pastef, mis arbitrairement sous résidence surveillance, sans aucune justification légale. Il y a aussi le déploiement des forces de défense et de sécurité dans toute la capitale, placée de fait sous état de siège, comme pour intimider les dakarois et les dissuader de participer à des actions de résistance suscitées par la violation flagrante des droits et libertés. Nous citerons, à titre d’exemple, les arrestations arbitraires, les rafles, les rapts de journalistes, les pseudo-noyades, les disparitions inexpliquées et même des exécutions extra-judiciaires…

Il devient de plus en plus évident que les fauteurs de troubles, qui polluent l’atmosphère politique sont du camp du pouvoir, qui n’est même plus majoritaire, car ayant obtenu 46,56% aux dernières législatives du 31 juillet 2022.

Paradoxalement, ce sont les militants de l’opposition cherchant à jouir de leurs libertés (manifestation, expression et de mouvement…) ainsi que de simples citoyens non partisans refusant de violer leur code de déontologie (journalistes, professionnels de santé), qui sont poursuivis par une justice désorientée, ayant des œillères et bien disposée à l’endroit des trafiquants en tous genres (faux billets, faux passeports), des pilleurs de deniers publics, des nervis et des pousse-au-crime (non-respect de la Constitution)… au service du prince.

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Pendant ce temps, la jeunesse prend d’assaut les sites d’inscription sur les listes électorales, avec les encouragements et l’onction de partis politiques qu’on cherche à nous présenter comme putschistes et cherchant à arracher le pouvoir par des émeutes et soulèvements de rue.

La vérité, c’est que ceux qui sont minoritaires et qui craignent la tenue d’un scrutin apaisé et transparent sont en train de saboter le processus électoral et de multiplier les provocations envers une opposition républicaine et de plus en plus confiante dans sa victoire. Le radicalisme, dont on l’accuse est contraint et constitue une stratégie de survie en réaction à la volonté farouche de la réduire à néant.

Pour rendre son appel au dialogue politique plus crédible et œuvrer au rétablissement de la paix civile, le président Macky Sall doit renoncer définitivement à toute idée de troisième candidature et arrêter l’engrenage sécuritaire symbolisé par les drones lacrymogènes, en libérant les centaines de détenus politiques.

Il n’est pas trop tard pour éviter le chaos !

leelamine@nioxor.com







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