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Du Droit Écrit Et Des Primo-votants

Nous avons lu la lettre ouverte, signée Makhtar Diouf, adressée à Robert Bourgi. De quel Makhtar Diouf s’agit-il ? Le Professeur d’économie ? Ce dernier, ignorant totalement – cela arrive aussi aux savants – que la politique comparée est une branche à part entière de la discipline carrefour qu’est la science politique, serait bien capable de poser les deux mêmes questions insensées à son correspondant ennemi :

« Et puis, oses-tu parler de troisième mandat en France ? Tu sais et tu acceptes que là-bas c’est inconcevable, mais sous les Tropiques, comme au Sénégal, c’est concevable. Te rends-tu compte de cette bourde, pour plaire à ton nouveau maître ? »

Complexe d’infériorité d’un esprit colonisé ? Insupportable ! Au Sénégal comme en France, ce qui est concevable est écrit.

Il n’y a en réalité qu’un rêve français : rattraper la puissance économique de la très démocratique voisine allemande. Pourtant en Allemagne, une femme d’État, membre de l’Union chrétienne-démocrate, Angela Merkel, avait été chancelière fédérale du 22 novembre 2005 au 8 décembre 2021 (16 ans !).

Ici comme ailleurs, une juridiction supérieure est seule habilitée à dire le droit écrit en dernier ressort. Au Sénégal, il s’agit du Conseil constitutionnel. Pas de Makhtar Diouf, prêt à se taper un régime invivable auquel, s’il advenait et que Dieu nous prêtait vie, nous nous opposerions de toutes nos facultés.

Des primo-votants…

Bien avant cela, il faut savoir parler aux primo-votants dont tout le monde parle. Les termes du dialogue sont plutôt simples. Notre conseil pratique aux primo-dégagistes est le suivant : « Élisez à la présidence de la République un jeune de 35 ans choisi parmi vous. Mais juste avant cela, posez-vous une question toute bête : « l’élection du nouveau président qui nous ressemble par son look, ses pulsions et son discours suffit-elle à nous faire renoncer à l’éducation, à la formation, à l’apprentissage, etc., seuls susceptibles de nous garantir une dignité grâce à l’aptitude de travailler qu’ils confèrent ? »

Rien n’est définitivement écrit s’agissant du primo-votant, pris à tort pour un primo-dégagiste, quand la réponse est non. Et là commence une vraie discussion entre citoyens d’un même pays qui s’accordent au moins sur une chose : « Ce n’est pas en évinçant le dimanche par les urnes un président sortant que tout s’arrange le lendemain, lundi. » Cette vérité est la porte ouverte à la vraie discussion avec les jeunes et les moins jeunes sur l’après 25 février 2024. Au sortir de la discussion ne pouvant avoir lieu qu’au contact des électrices et des électeurs sur le terrain, nous oserions espérer que le 25 février 2024 sera un jour aussi beau que le 25 mars 2012 quand tout venait juste de commencer avec les gagnants restés fidèles et loyaux pour la plupart. Aux mains nues pour la plupart aussi.

Abdoul Aziz Diop est auteur, entre autres, de « Gagner le débat…» (L’Harmattan, 2023)







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