Dans un mariage heureux, on ne demande pas le divorce. Les collaborations bancales par contre finissent par se fracasser. Le séjour de Rewmi auprès de Benno n’a été utile ni pour l’un ni pour l’autre. À l’heure du compte, c’est plutôt chèrement payé. Dans l’affaire, Idy est précisément le plus grand perdant. Les soubassements de son dépaysement décidé en 2020 nous échappent encore. Mais un aller-retour est souvent le signe qu’on s’est perdu dans ses calculs et ses élucubrations. La déception arrive et embrouille les idées. Remettre au goût du jour l’histoire filandreuse du chef de l’opposition relève d’une déconnection totale. C’est un peu ouvrir un chapitre d’un livre mal refermé alors que les Sénégalais sont passés à autre chose. La finesse n’est pas à ce niveau. Elle est dans la faculté à se présenter en champion des propositions en évitant de donner le sentiment du funambule qui titube.
Les absents ont toujours tort. Les retardataires sont à terre après avoir de gaieté de cœur capitulé en rase campagne. La seule bonne nouvelle née de la séparation est venue de ses deux ministres et de son unique députée, d’ailleurs étrangement seule. Ils ont administré une preuve éloquente de fidélité, de loyauté et de dévouement en politique à l’égard du mentor, contrairement à d’autres que le pouvoir avait happés et devant lequel ils avaient faibli. L’étoffe du grand seigneur ne s’acquiert pas. Diattara, Ali Saleh et Mariètou Dieng ont eu le sens de l’honneur. Ils n’ont pas prêté le flanc en ne mangeant pas à tous les râteliers.
Une conférence de presse un jour de Korité
Ce qui était présenté avec emphase comme un potage pour lequel on se pourlèche les babines n’était qu’un gruyère frugal bourré de trous. « Dans un couple, quand vous entendez qu’on casse de la vaisselle à l’intérieur, il vaut mieux ne pas entrer. Il peut se liguer contre vous ». La phrase est d’un auteur dont on n’a pas souvenance du nom. C’est l’à-propos de l’image qui est ici le plus important. Voilà pourquoi il faut de la prudence et des pincettes suite au matraquage communicationnel simultané qui laisse pantois et perplexe. En effet, c’est rare de voir se tenir une conférence de presse un jour de Korité, moment propice pour les retrouvailles familiales où on met les petits plats dans les grands pour recharger les batteries après un mois de privation. La cure de silence nécessaire s’est transformée pourtant en bavardages inutiles. Que de fébrilités.
La crise de la citoyenneté
Dans un autre décorum, le président de la République a invité les confrères de Gfm pour délivrer son message. Fait rare pour le souligner et s’en féliciter. Quand un collègue marque un but, c’est toute la corporation qui doit être contente de tirer avec lui. Dans le jargon journalistique, l’exclusivité qu’on décroche est le plus souvent le fruit de l’entregent et du flair. Mais tout n’est pas parfait puisque quelque part, on a fait choux blanc. Les confrères n’ont pas obtenu grand-chose du chef de l’Etat, notamment sur son intention personnelle en matière de candidature. L’aspect le plus commenté a plutôt concerné les détenus ou otages politiques qui n’existeraient que dans l’imaginaire de ceux qui ont l’art de parler de ce qu’ils ne savent pas puisqu’une telle éventualité ferait tache sur la démocratie. Les prisons ont-elles été engorgées ? Si tel est le cas, ça serait le fait d’abord d’une société malade où l’école, la famille, l’expérience ne sont plus les valeurs de référence. Ouvrir les écoles et les conservatoires, ce sera au détriment des prisons. La crise de la citoyenneté débouche sur les situations les plus monstrueuses. Il n’y a pas de naïveté à avoir là-dessus. Dans un climat aussi délétère et un malaise social si grave, il n’est pas surprenant que la violence verbale, physique, gratuite et les troubles à l’ordre public supplantent les insurrections culturelles, scientifiques et citoyennes. Tout qui faisait l’exception sénégalaise dont la haine, l’immoralité ne sont pas conformes à son génie.
L’autre paramètre du débat a relevé du dialogue et les appels incessants dans ce sens. C’est le meilleur antidote aux conflits et fossés qui se creusent de plus en plus. Les préalables posés çà et là présagent toutefois d’un dialogue de sourds et du forceps à gogo. Au fond, il ne faut pas perdre de vue que la qualité d’une idée réside moins dans sa nature que dans les moyens qu’on se donne de la mettre en œuvre.