Sur les feux de l’actualité, le Burkina Faso ne finit pas d’avoir plusieurs incendies à éteindre ces dernières semaines. Entre le supposé massacre de civils dans la région de Karma (au nord du pays) où le bilan fait état de plusieurs dizaines de civils tués et la mobilisation générale décrétée par les autorités de la transition, ce pays semble être dépassé face à la menace djihadiste. Avec le système de conflits et l’arc de crise qu’il a créé dans toute la zone ouest-africaine et du Sahel, le terrorisme djihadiste a pris de nouvelles couleurs en donnant des douleurs aux populations locales et est devenu une pesanteur pour les autorités étatiques des pays concernés. Au-delà d’être à l’origine des instabilités politiques dans beaucoup de pays comme le Mali et le Burkina Faso, ce djihadiste a aussi créé des inimités ethniques. Le Burkina Faso, qui vient de subir deux situations dramatiques et tragiques avec une facture humaine très salée, sur les populations civiles et ses Forces de défense et de sécurité, en est l’exemple patent et éloquent. Les dizaines de morts dans la région de Karma ont cédé la place à un autre lourd bilan dans la zone Gourma, près de la frontière avec le Niger. Un convoi de l’armée burkinabé serait tombé dans une embuscade. Tous ces évènements tragiques qui se ressemblent et se succèdent sur le fil d’actualités de ce pays montrent clairement qu’il est urgent de tout faire pour protéger « le verrou » burkinabé. Dans leur stratégie d’expansion et d’extension, les djihadistes ont d’abord une approche d’implantation et de projection au niveau continental en éviter les pays côtiers. Une fois que cela a réussi en épousant les contestations identitaires locales, les djihadistes veulent pousser leurs actions jusque dans le Golfe de Guinée. L’Océan Atlantique est devenu ainsi un enjeu de projection des groupes armés djihadistes qui veulent en faire leur nouvel espace de prédilection avec l’économie maritime comme objectif comme ils en font avec l’économie de guerre au Sahel.
Protéger « le verrou » burkinabé est ainsi un impératif pour tous les pays de l’Afrique de l’ouest. Une fois que ce verrou aura sauté, les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo seraient les prochaines cibles. Les organisations régionales comme le Cedeao sont ainsi interpellées avant de devenir des médecins après la mort. Une mutualisation des forces et efforts est ainsi indispensable pour faire face à cette situation qui pose des défis tant sécuritaire, humanitaire qu’identitaire. Les pays concernés et ciblés doivent aussi faire l’effort de mettre à niveau leurs systèmes de sécurité avec des réformes pour qu’ils soient viables et durable.
La présence des forces armées conventionnelles étrangères dans le Sahel, par le biais d’opérations extérieures ou sous la bannière des Nations unies, devrait être ainsi une belle fenêtre d’opportunités pour les systèmes sécuritaires du Sahel de s’adapter aux nouvelles menaces asymétriques incarnées essentiellement par le terrorisme. Même si la solution du tout sécuritaire ne s’intéresse qu’aux effets de la menace, elle permet, surtout dans les premiers moments du conflit, une action coercitive rigoureuse susceptible de baisser le niveau de violence et de créer les conditions propices à la mise en œuvre d’autres outils d’ordre politique, économique, diplomatique, etc.
Il est aussi essentiel et vital pour faire face à la menace djihadiste d’avoir une approche globale qui s’inscrit dans un large spectre allant de la prévention à la stabilisation en passant par l’intervention directe. C’est connu que les causes profondes de cette tension sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel sont à chercher dans des facteurs comme la gouvernance, la précarité socioéconomique des populations et aussi leur manque d’inclusion sociale et territoriale. En attendant de trouver des solutions structurelles, il faut aider le Burkina Faso à tenir le coup, sinon le coût à payer sera énorme pour toute l’Afrique de l’Ouest…