Dans un entretien accordé par Mbackiou Faye au quotidien 24 Heures du mardi 9 mai 2023 et annoncé dès la « Une », ce dernier traite ma fille, Mme Ndiaye, de « grosse menteuse ». Celle-ci n’étant pas sur place pour réagir à cette grossière insulte, je le fais à sa place. Même si elle en est capable, je suis mieux placé qu’elle, puisque je suis quand même dans le landerneau politique depuis une cinquantaine d’années. Je connais donc les uns et les autres.
Non, ma fille n’est pas une menteuse, ma fille n’est pas un escroc, ni une « détourneuse » de deniers publics. Elle ne saurait d’ailleurs être tout cela qu’elle n’a pas dans le sang. Les hommes et les femmes qui travaillent avec elle depuis une trentaine d’années peuvent en témoigner. La vérité, c’est qu’un problème sérieux l’oppose, avec les résidents de la Cité Touba-Renaissance, à Mbackiou Faye[[1]]url:#_ftn1 . Cette cité se trouve dans le lotissement du même nom, exactement au milieu de l’ex-immense réserve foncière entre l’ancien Aéroport international Léopold-Sédar-Senghor et Ouakam, la partie Ouest étant attribuée à Cheikh Amar, et celle d’Est aux mêmes bénéficiaires de la grande « générosité » du vieux président-politicien. Cette « générosité » a toujours retenu mon attention[[2]]url:#_ftn2 . Je me suis ainsi intéressé à la manière dont le milieu de cette ancienne importante réserve foncière a été attribué à M. Faye. Un immense espace attribué à lui par « dation », qui n’en était point une, qui était un faux acte entraînant le faux pour tout le reste du processus. De ce processus qui nous a conduits aujourd’hui au problème qui oppose M. Faye aux résidents de la Cité Touba-Renaissance, du moins à une partie d’entre eux. Pour que ce texte ne soit pas long, pour faciliter la tâche au lecteur intéressé et surtout pour le convaincre que je ne raconte pas des histoires, je le renvoie à ma contribution publiée le 2 septembre 2022 par quatre quotidiens (WalfQuotidien, Dakar-Times, Le Témoin, Enquête) et à de nombreux sites du même jour. Je l’avais intitulée : « Monsieur Mbackiou, Faye, Me Boubacar Cissé : un peu de respect pour les résidents de la Cité Mamelles-Renaissance ! ». En attendant, pour lui donner une idée de ce qu’il va lire, je lui propose l’introduction :
« Monsieur Mbackiou Faye, flanqué de son avocat Me Boubacar Cissé, a donné une conférence de presse hier, pour s’expliquer amplement sur le problème, le différend ou l’incompréhension – c’est selon – qui l’opposerait à l’Association des résidents de la Cité Touba-Renaissance. Il s’est longuement, très longuement expliqué sur son cursus, sur « sa longue expérience en matière de promotion immobilière », en se jetant au passage beaucoup de fleurs. La première cité qu’il a créée, selon lui, est la Cité Fadia, en 1993. Oui, ici, il a parfaitement raison. J’ai ma maison dans cette cité. Je l’ai occupée en novembre 1993, à l’époque seul avec ma famille. Un ancien inspecteur de police et un professeur de philosophie m’y rejoindront un peu plus tard. Ce dernier est d’ailleurs, aujourd’hui, le délégué du quartier. Je rappelle quand même que Mbackiou Faye avait laissé un assez grand espace qui servait de terrain de football aux jeunes du quartier et un autre, bien moins grand, pour abriter une mosquée.
Il a donc raison mais ce lotissement n’a rien à voir, vraiment rien à voir avec celui qui est devenu la Cité Touba-Renaissance. Il dit l’avoir créé, ce qui est fort possible, alors que le second lui a été créé. Tout est parti de ce fameux Monument de la Renaissance africaine (MRA) qu’il dit avoir financé à vingt-deux (22) milliards de francs CFA. Ce qui n’est pas tout à fait exact, comme est inexacte l’affirmation de son avocat selon laquelle le MRA « qui fait la fierté du Sénégal et de l’Afrique, est son œuvre et non l’œuvre d’Abdoulaye Wade ni de l’État du Sénégal ». Ils racontent tous les deux des histoires et ils le savent parfaitement. Pour permettre à mes compatriotes d’en avoir le cœur net, je vais rappeler, dans le détail, l’histoire du financement de ce fameux MRA en tirant tous mes arguments du « RAPPORT PUBLIC SUR L’ÉTAT DE LA GOUVERNANCE ET DE LA REDDITION DES COMPTES »de l’Inspection générale d’État (IGE), juillet 2013. »
Ce rapport de l’IGE nous édifie sur le lotissement de Mbackiou Faye et sur le problème qui l’oppose aujourd’hui aux résidents de la Cité Touba-Renaissance ou, du moins, à certains d’entre eux. Trente-sept à quarante hectares lui ont été attribués à un peu plus de 4000 francs CFA, de ce domaine qui nous appartenait à nous tous. Après lotissement ou ce qu’on peut considérer comme tel, il vend des terrains de 150 à 200 mètres carrés à 50-60 millions, avec un contrat « juteux » qu’il ne respecte apparemment pas. La cité étouffe avec des rues étroites, non goudronnées comme il s’y était engagé ; des rues qui ne permettent même pas parfois de se faire un garage chez soi. Une cité qui va étouffer davantage, avec son projet de construction de plusieurs immeubles, jusqu’à dix étages, sur le seul espace commun, semble-t-il, sur lequel les résidents pouvaient encore compter. C’est là que résiderait la raison qui explique la manifestation qu’il dénonce avec vigueur dans cet entretien au quotidien 24 heures où il traite publiquement ma fille de « grosse menteuse ». Non, ma fille n’est point une menteuse et ne saurait l’être. Elle n’a jamais été mêlée dans quelque scandale que ce soit, contrairement à un maire d’une certaine commune de Dakar avant l’alternance du 19 mars 2000. Un maire qui était foncièrement contre le candidat Wade et qui avait tout mis en œuvre pour qu’il ne fût jamais élu. Un maire qui, dès le lendemain du 1er avril 2000, s’est empressé de transhumer honteusement.
Je ne raconte jamais d’histoires dans mes écrits et, pour permettre au lecteur intéressé d’en avoir le cœur net, je le renvoie aux deux pages (162 et 163) de mon livre Me Wade et l’alternance : le rêve brisé du Sopi, édité à compte d’auteur d’abord (Dakar, février 2004) puis réédité par L’Harmattan, Paris, juin 2005. Avec tout ce que je sais de la manière dont mon pays est gouverné depuis plus de cinquante ans et, en particulier, depuis le 1er avril 2000, je n’accepte pas qu’on humilie ma fille en la traitant publiquement de « grosse menteuse ». Les menteurs, les voleurs, les escrocs de tous genres, il faut les chercher ailleurs que dans ma famille. Peut-être parmi les hommes et les femmes qui nous gouvernent depuis ce 1er avril 2000, ceux et celles-là responsables, pour l’essentiel, des problèmes qui rendent extrêmement difficile la marche de notre pauvre pays vers l’alternance.
Dakar, le 9 mai 2023
Mody Niang