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Charles Iii Ou Le MystÈre De La RoyautÉ

En cette journée du 6 mai 2023 Charles III est couronné « roi, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la foi » : formule consacrée de la titulature complète du Roi d’Angleterre.  Il devient ipso facto le gouverneur suprême de l’Eglise d’Angleterre à qui l’Archevêque de Cantorbéry et Primat de l’Eglise d’Angleterre Justin Welby qui a dirigé le rituel d’intronisation a prêté serment. 

Autant de fastes débordants, de beautés flamboyantes, de bizarreries surannées et charmantes, de mystères bibliques, de mysticisme ancien, de serments propitiatoires devant des millions d’admirateurs terrestres et de saines désapprobations républicaines aujourd’hui et cromwelliennes il y a longtemps, lorsque son ancêtre Charles 1er fut décapité le Mardi 30 Janvier 1649 devant la maison des banquets à Whitehall,  mais aussi des colères feintes devant tant de charme et de magnétisme autour d’une « chose » hors du temps , d’un pouvoir ancestral antérieur à mille ans.

Tous ces politiciens, présidents de République et intellectuels aigris fascinés par le pouvoir politique aimeraient être roi parmi les rois, même s’il n’y a qu’un seul roi. Mais toutes les âmes ne sont pas destinées à s’asseoir sur le trône sublime de la Royauté.  Toutes nos républiques qui essaiment aujourd’hui la vaste terre des régimes politiques modernes ont conservé des attributs royaux et le plus emblématique, le plus sacré et le plus divin des décrets en est la grâce présidentielle, dont l’origine et la cause immédiate est le suffrage universel. D’où la controversée citation « Vox Populi Vox Dei », « la voix du peuple est la voix de Dieu ». Mais bien auparavant, au VIIIème siècle de l’ère chrétienne Charlemagne le Roi des Francs, un homme preux de sang carolingien , protestant devenu catholique par la force politique des choses, Paris valant bien une messe, reçut de l’Abbé Alcuin une lettre des plus éclairantes sur cette pensée qui est passée à la postérité,  c’était en 798 : « Nec audiendi qui solent dicere, Vox populi vox Dei, quum tumultuositas vulgi semper insaniae proxima sit », autrement dit : « Et ces gens qui continuent à dire que la voix du peuple est la voix de Dieu ne devraient pas être écoutés, car la nature turbulente de la foule est toujours proche de la folie. » Certes, mais le peuple n’est pas la foule, cette foule qui confine à la folie même si la modernité s’est débrouillée pour inventer frauduleusement une foule qui se veut peuple. Le peuple, c’est la constance, la densité, la volonté politique dans le temps et l’espace. Personne ne peut se passer de ce peuple qui porte l’Esprit fut-il un régime monarchiste ou une république. Le pouvoir serait-il dans l’onction populaire conférée par le peuple, qui est loin d’être une abstraction ? Remarquez le rituel de l’onction sacrale avec le saint chrême, l’huile contenue dans une ampoule sur le corps de Charles III, à l’abri des regards où il s’est dévêtu pour se faire enduire dans l’Eglise même. Un autre type d’onction composée à partir d’olives récoltées dans deux oliveraies situées sur le mont des Oliviers à Jérusalem. Remarquez aussi la permanence du mysticisme du chiffre 5 qui structure le rituel en cinq étapes : La Reconnaissance, le Serment, l’Onction, l’Investiture, l’Intronisation / l’Hommage.   

Le pouvoir est donc dans la perspective de la Vox populi fondée sur la réputation. On ne le dit pas suffisamment mais la désignation ou l’élection est fondée sur la réputation donc sur l’opinion corroborée par des faits de sainteté en cas de canonisation religieuse ou de compétence (de stature charismatique) lorsqu’il s’agit du pouvoir politique. Le législateur américain par exemple très méfiant envers l’opinion brute d’un peuple s’est inventé un lourd système des grands électeurs malgré l’origine américaine de cette belle définition de la démocratie par Abraham Lincoln « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Mais ce fut bien après les pères fondateurs.

L’assassinat d’un roi est toujours une tentation déicide, comme ce fut l’entreprise maçonnique révolutionnaire en France en 1789. Au-delà des thèses complotistes défendues surtout par le fameux père jésuite l’Abbé Barruel, la Franc-maçonnerie a largement contribué à répandre ces idées vivaces encore aujourd’hui qui ont mis un terme au règne des Bourbons en France. Dans tout régicide il y a une volonté de couper les liens avec Dieu. Les insurgés de Bretagne, du Maine, de Basse Normandie et du Nord de l’Anjou ont eu beau chouanner, mais ce fut peine perdue, ils ont été finalement massacrés par les Républicains dans une guerre civile qui a duré trois ans. C’est le terrible cas Français !

Aucun républicain digne de ce nom ne peut comprendre la survivance mystique des Windsor en Grande-Bretagne. Rien n’y fit devant cette Monarchie constitutionnelle pas comme les autres. Les Windsor sont plus influents sur la politique gouvernementale de la Grande-Bretagne qu’on le dit. L’aveu d’une telle influence créerait une crise constitutionnelle. Ils ne peuvent comprendre que dans ce parfait rituel d’intronisation abandonné par toutes les royautés européennes qui ont du coup disparu, est inscrit le secret de l’éternité. Les Windsor disparaitront lorsque ce rituel voué à Dieu sera interrompu. Quant à la royauté suédoise elle a préféré si l’on peut dire le rituel maçonnique : « Il est vrai que les rois de Suède sont maçons de père en fils et même grand maitre de la maçonnerie suédoise. » a écrit Roger Peyrefitte, dans Les fils de la Lumière.    

Il est clair que pour toute âme initiée, de quelque initiation que ce soit, du moins par la main droite, sent et même sait, qu’il est inscrit quelque chose de secret dans le creux de ce rituel d’intronisation de Charles III. Qui l’eût cru ? Camilla Reine d’Angleterre, assise aujourd’hui sur La pierre de la destinée. Cette dame loin d’être délurée, mal aimée pendant des années et incomprise mais tout de même l’amour de la vie de Charles était certainement destinée à la charge. Toutes les âmes féminines ne sont pas destinées à entrer dans le grand palais à côté de rois ou de présidents de République. Elles sont souvent interchangeables avec leur mari. Elles portent à peu près et souvent les mêmes attributs mystiques que leur mari. Par exemple en France une Pénélope Fillon a quasiment mais sans préméditation empêché son mari François d’entrer à l’Elysée.

Quant à la belle et bien aimée Lady Diana, qui aurait pu être la seconde épouse de Charles dans une union polygamique, elle n’était pas destinée à devenir reine, c’est pourquoi elle a été fauchée. Triste destinée pour cette dame elle-même incomprise par sa belle-mère Elisabeth II. Lady Diana était trop fragile, très exposée face à la force mystique du Trône royale qui l’a atteint même après qu’elle s’est séparée de Charles. Le Charles n’aurait jamais pu épouser en premières noces Camilla puisqu’en vérité il l’a connu avant le mariage (au sens biblique du mot connaitre). Mais que peut-on face à l’amour ? L’un des mystères de la royauté de Charles III est son amour fou pour Camilla Rosemary Shand devenue reine par la volonté de la très mystérieuse reine Elisabeth II dont certains généalogistes remontent la lignée jusqu’au prophète de l’Islam Muhamed (Psl). Thèse controversée défendue depuis longtemps par le Burke’s Peerage mais intéressante puisque même en terre musulmane tous les saints se réclament de sang Ahlou Beyt (les gens de la maison du prophète). Mais pourquoi aucune sainteté, aucune royauté n’est envisageable sans se rapporter à du « sang pur » ? Voilà la question. Les Windsor remonteraient de 43 générations entre autres lignées à Zohra Bint Hossein Ibn Ali qui serait l’ancêtre du Roi de Séville Al Mutamid Ibn Abbad (1040-1095) qui est le dernier émir Abbadide à régner sur Séville (Espagne).  Vrai ou faux, tout cela augmente le voile de mystère qui entoure la royauté Britannique et ce couronnement de Charles III qui défie l’époque, le temps, la République et tous ces gadgets de la modernité.

Khalifa Touré est écrivain/ critique littéraire et cinéma.







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