LE SENEGAL se trouve, aujourd’hui et malheureusement, dans la situation que tous ceux qui s’intéressent à la vie et au devenir redoutaient. Nous l’avons dénoncés, ici, comme d’autres, ailleurs, depuis plus de six mois. Aujourd’hui, nous y sommes.
Les causes, tout le monde les connait: deux hommes, à l’ego surdimensionné, s’affrontent depuis presque quatre ans maintenant. Ni l’un, ni l’autre, ne veut céder. Chacun utilise ses armes, l’un instrumentalise la justice à outrance, l’autre fait face à la provocation permanente par la surenchère. On se croirait presque dans une cour de récréation, ou au final, le conflit entre deux petits coqs se terminerait par une bagarre, soignée avec du sparadrap. Sauf qu’ici, il s’agit d’hommes politiques, et non des moindres. L’un est Président du SENEGAL, lequel pays n’est pas n’importe quel pays en Afrique et dans le monde. L’autre est un prétendant à la future présidence. Par son charisme, son aura, mais aussi son intelligence – car il a très bien su constituer son équipe – tient tête à celui qui s’était autoproclamé roi et propriétaire du pays, alors qu’il n’en était que simple locataire, avec obligation de rendre des comptes.
Combien de fois n’avons-nous dit qu’une simple étincelle pourrait mettre le feu aux poudres? Cette étincelle, nous savions à l’avance quand est-ce qu’elle allait arriver : 01 JUIN 2023. Par le rendu d’un arrêt de la Cour criminelle, deuxième procédure diligentée contre l’opposant qui pose problème au régime, mais procédure inique et directement dirigée et commandée par un homme, Monsieur Madior FALL, ministre de la Justice et garde des Sceaux. Il a sous ses ordres, le parquet, c’est lui qui donne les directives aux parquets, et si l’on rapproche ce réquisitoire de la rédaction de la modification de la constitution, on s’aperçoit que c’est exactement la même « patte », les mêmes astuces, et le même stratagème. Sauf que cette fois-ci, ca ne passe pas, ca ne passe plus, et l’embrassement était prévisible. Il était même prévu par Macky SALL lui-même, qui n’a fait que surarmer les forces de police et de gendarmerie, oubliant par cela même qu’il ne suffit pas d’avoir un matériel rutilant et efficace, encore faut-il avoir des hommes formés pour savoir se servir de ce matériel, et un chef, le ministre de l’intérieur, compétent pour diriger les opérations.
Le ministre de l’Intérieur ! Parlons-en! Cet homme représente un véritable danger pour le pays, un homme dont l’éloignement du pouvoir ne serait pas seulement une action politique,, mais une véritable oeuvre de salut public tant il représente une menace réelle pour la stabilité de ce pays! Voilà un homme qui, dès le début des émeutes, non seulement n’a cessé de mentir, mais surtout de raconter n’importe quoi, du haut de son arrogance invraisemblable. du sang sur les mains à n’en plus finir, seize morts à son actif dont il porte l’entière responsabilité, trois cent cinquante blessés dont on ignore encore le sort. Ce Monsieur déclare être « désolé » pour les victimes, mais il félicite les forces de sécurité en grande partie responsable des drames que voilà ! Les morts sont, pout autant que nous le sachions aujourd’hui, du côté des manifestants, par des FDS.
Alors peut-être certains croirons-t-ils aux fables d’un autre crétin de la république, le ministre FOFANA, lorsqu’il explique que, en fait les morts sont le résultat de règlements de comptes entre voyous qui se partagent le butin des pillages (au demeurant inadmissibles et qui doivent être sanctionnés). Mais moi, je veux simplement croire que cette équipe de bras cassés, de gens totalement incompétents, en y incluant évidemment le monstre de la bêtise et de l’arrogance que représente l’autre ministre Mame M’BAYE NIANG, sont des gens extrêmement dangereux. Si le SENEGAL est aujourd’hui au fond du gouffre, ce quarteron d’incompétence et de bêtise personnifiée est grandement responsable, non seulement de ce qui est arrivé, mais surtout, de ce qui va ou pourrait arriver dans les jours prochains.
Les causes du « comment a-t-on fait pour en arriver là » sont connues: le troisième mandat, candidature illégale et illégitime, et de surcroit immorale, que le Président Macky SALL veut imposer de force à un peuple qui n’en veut pas. Mais derrière ce troisième mandat, se cache évidemment la manne que représentent le gaz et le pétrole, deux richesses qui devraient couler d’ici la fin de l’année.
Ce régime depuis douze ans, n’a été que corruption en tous genres. On ne peut pas reprocher au Président Macky SALL de ne pas avoir transformé le pays. C’est vrai, il l’a fait, sauf qu’il n’est pas un seul investissement, un seul mètre carré de route ou de béton qui ne soit entaché d’un potentiel délit de corruption, d’une forfaiture d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire qui n’ait détourné des fonds publics à son profit (seul?). Autant de dossiers couverts par l’immunité du président qui, de surcroit, a trouvé bon de se vanter qu’il protégeait des délinquants dès lors qu’ils appartenaient à sa famille ou à son clan: quelle arrogance, quel mépris !
Tout le problème vient de ce que ce Président a perdu définitivement la confiance de son peuple. Et c’est la chose la pire qui puisse arriver à un Président, car la confiance est difficile à obtenir, elle ne se gagne pas seulement par des mots, mais par des actes. Or, nous sommes bien obligés de reconnaître que, sur ce chapitre là, ce Président a fait fort, voire très fort!
Alors, de cette situation pas loin de l’inextricable, comment peut-on en sortir?
Il existe plusieurs solutions:
PREMIERE SOLUTION:
La plus intelligente et celle que tout le monde attend, serait que Macky SALL vienne, à la télévision (sénégalaise, cela le changera un peu) pour dire au Peuple sénégalais qu’il n’est pas question comme il n’a jamais été question pour lui de se présenter pour un troisième mandat. Respectueux de la constitution, mais respectueux de sa parole (prière de ne pas rire), les prochaines élections auront lieu sans lui, se contentant d’assurer la pleine transparence et bonne organisation du scrutin.
Dans les heures qui suivent une telle déclaration, le Premier Ministre (il parait qu’il y en a un?) présentera la démission de son gouvernement, un nouveau premier ministre consensuel devra être nommé, et des nouveaux ministres, choisis essentiellement pour leur compétence et leur intelligence (…) seront nommés.
Parallèlement, SONKO devra se constituer prisonnier, ce qui permettra de saisir la Cour de cassation, avec prière de travailler en mode fast-trak, et faire annuler cette procédure ridicule entachée de nullité. Aucun problème ne sera résolu, mais la paix reviendra rapidement au pays.
DEUXIEME SOLUTION:
Macky SALL, ne parvenant pas à mettre son ego surdimensionné dans sa poche, et encouragé par son quarteron de ministres va-t-en guerre aussi incompétents que dangereux, continuera d’employer la force: emprisonnements à outrance, morts en nombres exponentiels, etc., passage en force pour ce troisième mandat auquel il s’accroche désespérément (mais peut-il en être autrement, car a-t-il vraiment le choix?), il passera en force, imposera sa dictature au pays, truquera les élections et le processus électoral, et gagnera les élections.
La voie de la sagesse serait la première solution. C’est malheureusement celle à laquelle, personnellement, je crois le moins. L’intérêt de l’Etat que devraient avoir en tête ces deux hommes, est loin derrière, nous sommes en présence d’un combat de gladiateurs, combat aux termes duquel l’un des deux n’aura pas droit à la vie. UN SEUL DEVRA SURVIVRE. C’est d’une rare bêtise, mais c’est ainsi.
Alors, la deuxième solution, qui risque d’arriver, ne nous laisse guère d’espoirs sur l’avenir. Devra s’en suivre l’arrestation de SONKO, son emprisonnement, le deal déguisé en « dialogue social », devant aboutir à l’amnistie de Karim WADE et de Khalifa SALL, mais surtout (…) élection de Macky SALL qui proclamera haut et fort, repris en cœur par son troupeau de moutons bêlants, que « force est restée à la loi », et la vie reprendra son cours…
Sauf que toutes les vraies réformes qui auraient dues être entreprises depuis douze ans ne le seront toujours pas, que la cristallisation des haines ne fera que s’accentuer, que la division du pays ne fera qu’augmenter, et que ce sera reculer pour mieux sauter.
Macky SALL pense réaliser son plan « façon OUATTARA »: j’ai bien peur qu’il ne se réalise façon « Alpha KONDE »….
Et le peuple dans tout ça? A part se révolter et chasser le dictateur en place, comme cela se termine toujours dans de telles situations, on ne lui laisse pas trop d’alternatives!!!
Mais que de temps perdu!
Me François JURAIN