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Élection PrÉsidentielle Ou KhawarÉ Existentiel ?

« Si Voter servait à quelque chose, il y a longtemps que cela aurait été interdit »- Coluche

Le Sénégal est actuellement chahuté entre chaos idéologique et anarchie démocratique. Chaque jour nous apporte son lot de nouveaux candidats à l’élection présidentielle de février 2024 et cette inflation de candidatures, oscillant entre le loufoque et le ridicule, témoigne de la cacophonie politique qui s’est emparée d’un pays où le brouhaha tient lieu d’agora.

Notre Sénégal est-il tombé si bas que n’importe quel hurluberlu, venu d’on ne sait où, sans passé politique, sans visibilité ni réputation aucune, puisse s’imaginer d’abord vouloir et ensuite pouvoir le relever ? Ces presqu’aujourd’hui 45 candidats se prennent-ils pour des Zorros, des magiciens, qui munis de leurs baguettes magiques, sortiraient de leurs cerveaux hypertrophiés des recettes capables de modifier radicalement le sort lamentable des Sénégalais ?

Quand on observe la réalité de la situation de notre pays, l’état de son économie, la détresse qui pousse notre jeunesse à choisir la mort dans les océans, l’état de nos routes, la situation chaotique de notre système foncier, le gouffre qui nous sépare de ce qu’on appelle des villes assainies, la situation des sociétés aptes à offrir du travail aux jeunes, on devrait plutôt s’attendre à ce que peu d’hommes et de femmes s’imaginent aptes à prendre les rênes du Sénégal. S’ils sont tant à y prétendre, c’est bien qu’aucun d’entre eux n’a mesuré les tenants et les aboutissants de la fonction présidentielle et toute la lourdeur de la charge qu’elle implique. En fait ils ne sont conscients que des privilèges que leur confère le pouvoir, et ignorent royalement la finalité pour laquelle le peuple devrait leur accorder sa confiance, à savoir la prise en charge de ses aspirations profondes.

N’importe qui aujourd’hui confond éléction présidentielle et khawaré existentiel, que l’on soit chanteur populaire ou jeune et jolie industrielle capable d’arroser des quotidiens pour « faire programme », ou ancien ministre n’ayant même pas marqué un département de son passage, tous confondent élection présidentielle et concours de beauté, voire une vulgaire tombola. Cela devient insultant pour les Sénégalais que de voir n’importe quel zozo prétendre vouloir, pire, pouvoir le diriger.

Loin de prêcher pour un conformisme politique néfaste pour la vitalité démocratique, il convient d’inviter les acteurs politiques à mettre en avant les intérêts du peuple, de releguer leurs esprits partisans au second plan. Il convient donc d’assainir le landerneau politique et de prôner pour une rationalisation du champ politique par la formation de groupes de convergences idéologiques, animés par des leaders en toute collégialité. Pourquoi les candidats se réclamant anti-système dont l’ambition est d’affranchir le Sénégal de la classe politique corrompue, véreuse et antipatriote, ne pourraient-ils pas unir leurs forces autour d’un candidat sérieux pour arriver à leurs fins ? Pourquoi les candidats se réclamant de la même famille politique, des mêmes convictions idéologiques, ne pourraient-ils pas investir l’un des leurs, capable de porter et de réaliser leurs idéaux politiques pour le bien du peuple ?

Le rôle des médias, des intellectuels et de la société civile est déterminant pour démasquer ces imposteurs politiques, pour mettre à nu les intentions perverses de ces arrivistes, pour détruire les éléphants blancs de ces marchands d’illusions, pour déjouer les pièges sophistiques de ces politiciens véreux et cela en révélant au peuple l’impertinence, l’incohérence ou la vacuité de leurs « offres politiques ».

Nous sommes tombés si bas que les Sénégalais ont fini par admettre que la seule voie de la réussite financière, celle qui compte sous nos latitudes, est la voie de la carrière politique. Les faits donnent raison à cette idée convenue, parce que nous sommes un des rares pays au monde où les politiciens ont de plus grosses fortunes que les industriels et les entrepreneurs.

Plus la liste des candidats va s’allonger, au vu de ceux qui déjà osent affirmer leurs ahurissantes prétentions, plus d’autres encore vont se dire « et bien après tout pourquoi pas moi ? », plus nous allons nous mettre la tête entre les mains pour cacher notre honte de donner l’image qu’on peut être dirigés par n’importe qui…

Pour l’Histoire de notre pays, en arriver là est pire qu’une tragédie… C’est une farce !







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