J’ai acheté votre livre à quinze mille (15 000) francs, sur ma maigre pension d’officier à la retraite. Je l’ai fait en raison de mon attachement aux écrits de ceux qu’on appelle dans le monde judiciaire que vous avez connu, «hommes de l’art», et ailleurs «experts», ou tout simplement «sachants», terme que j’emprunte à l’honorable Abdoulaye Makhtar Diop, actuel Grand Serigne de Dakar. Oui, je vous classe dans cette catégorie d’hommes qui savent ce qu’ils disent et disent ce qu’ils savent, mais tout en concédant de leur part, une marge d’erreur ou d’errements toute humaine, qui peut les faire dériver dans l’inexactitude ou le faux. Je ne dis pas «mensonge», car celle-là est volontaire, dolosive et même des fois criminelle. Dieu seul sait, de par sa qualité exclusive de «Ahlam bi zatil suduur» (Connaisseur de ce qui se cache dans les cœurs). Je me contente de dire fermement, que vous avez tout faux avec Tahibou Ndiaye.
Vous avez tout faux Madiambal, en le présentant, même avec la précaution de «réputé», comme un «très proche de Ousmane Sonko» (p.20). Cette prudence de syntaxe est révélatrice de votre non-ignorance de la personnalité totalement opposée de Tahibou à celle de Ousmane Sonko :
D’abord sur le plan religieux : le premier est ce qu’on peut appeler un «Moukhadam», fervent disciple Tidiane, profondément attaché à son guide Cheikhna Cheikh Ahmad al Tijaani et à sa famille de Fez (Maroc). De ce point de vue, il est complétement à l’opposé de celui que vous et bien d’autres présentent comme un salafiste, en tout cas, notoirement connu «ibadourahmane».
Ensuite sur le plan professionnel, le syndicaliste Ousmane Sonko a été, de notoriété publique, en permanente opposition à la Direction des impôts et domaines dont Tahibou Ndiaye, directeur du Cadastre.
Enfin sur le plan caractériel, c’est aussi «Yalla» et «yaali» : tout le monde, vous compris, reconnaît en Tahibou Ndiaye, l’homme pondéré et courtois. De l’autre côté se situe le sulfureux «guerrier» Ousmane Sonko que le monde entier connaît désormais.
La seule chose qui peut les rapprocher, c’est le respect et la considération qu’ils se vouent mutuellement. Même à ce niveau, il y a une différence sur le fondement : chez Sonko, ce sentiment repose sur la connaissance de la haute qualité morale de Tahibou. Pour ce dernier, c’est la bonne appréciation qu’il a de l’attachement de Sonko à ses idéaux (guëm boppam). C’est pour ces raisons, et par solidarité professionnelle, que Sonko a fait un témoignage en faveur de Tahibou.
Par ailleurs, je vous apprends que Tahibou n’a d’autres véritables amis que ceux avec qui il a grandi dans le même quartier à Sédhiou, avec qui il a partagé le séjour dans la «Case de l’homme» (Bokk Mbaar) et avec qui il est en fréquentation depuis plus de soixante ans dans un groupe dénommé «Kambing» (entente). J’en suis, le plus «proche» de Tahibou de par les liens d’amitié qui existaient entre nos deux pères, tous deux disciples de la Tidiania.
Ceci me permet de dire que j’en connais plus que vous Madiambal, des péripéties de ce drame qui a frappé un homme qui n’a de torts que d’avoir exercé les fonctions de ce qu’on peut appeler «géomètre de l’Etat» sous l’autorité d’un président de la République (Abdoulaye Wade) dont on connaît les relations avec le foncier.
Je suis aussi (c’est mon gros avantage sur vous), «un proche» de celui qui fut le Procureur spécial près la Crei, celui-là même en charge du dossier Tahibou Ndiaye : j’ai nommé Alioune Ndao, mon frère d’armes et cadet à Dakar-Bango, mon camarade de promotion à l’Ecole de Gendarmerie. Ces très forts liens avec chacun de ces deux protagonistes judiciaires ne m’ont jamais donné le sentiment de la situation du héros cornélien, obligé de choisir entre l’amour et le devoir. Je suis resté «perpendiculaire» à l’axe des deux plateaux de la balance en équilibre, symbole de la Justice, c’est-à-dire debout et droit (dans mes bottes de militaire) dans mes échanges avec l’un et l’autre. C’est ainsi que j’ai reconnu devant mes amis, au point de provoquer leur colère, le professionnalisme et l’esprit combatif de Alioune Ndao et après lui, les talents d’orateur du substitut du Procureur spécial, un certain Antoine Félix Abdoulaye Dione.
Je peux vous dire aussi Madiambal, que le Président Macky Sall connaît mieux que vous les qualités de Tahibou Ndiaye. N’est-il pas allé, à en croire Alioune Ndao, jusqu’à demander au Procureur spécial qu’il était, d’épargner Tahibou Ndiaye ? Il était persuadé de son innocence. C’est le lieu de noter qu’un président de la République du Sénégal n’a pas tous les pouvoirs qu’on lui prête. La preuve : le procureur Ndao, en bon droit, est passé outre sa demande, Tahibou a été poursuivi jusqu’à sa condamnation injuste (j’ai eu à le démontrer dans un précédent article) même si entretemps, le magistrat Ndao a été relevé de ses fonctions.
Vous avez tout faux Madiambal, en affirmant que Tahibou Ndiaye, son épouse, «un proche ami de Tahibou» ont été demandeurs de médiation (pénale). Comment pouvez-vous, d’une part, témoigner des propos prêtés à Ousmane Sonko affirmant savoir «dans quelles conditions Tahibou Ndiaye, (mis) sous forte pression, finira par accepter une médiation pénale» (p.18-19), et d’autre part, affirmer que ce même Tahibou Ndiaye serait demandeur de médiation ? La pression dont vous parlez, a été effective, mais vous ignorez certainement qu’elle était double et laquelle l’a fait accepter à un certain moment de transiger.
C’est la dernière «révélation» que je me permettrai de faire ici : les menaces du Procureur spécial de mettre en prison toute sa famille (je n’en dis pas plus) ne lui ont pas fait accepter la médiation, mais plutôt la tentative de suicide de ses filles adoptives. Elles ont en effet tenté de se donner la mort par empoisonnement pour, croyaient-elles, décharger leur père adoptif de la cause de ses ennuis judiciaires qu’elles seraient. Pendant ces quelques jours de faiblesse, j’ai parlé à sa famille rassemblée pour leur rappeler leur devoir de le soutenir car il est resté jusque-là, fort et serein, et que leur faiblesse telle que manifestée par la folie de la tentative de suicide, va le briser. C’est quand ce soutien a été manifesté de nouveau à Tahibou, qu’il s’est rétracté de la médiation pénale et décidé de laisser libre cours à la Justice. Voilà la vérité !
Vous avez tout faux Madiambal, en affirmant que Tahibou «distribuait des terrains en veux-tu en voilà» (p.20). Vous manifestez ici une «intention coupable» de nuire parce que vous êtes dans l’immobilier comme on dit. Vous savez pertinemment que ce n’est pas le Cadastre qui affecte les terrains. Vous connaissez parfaitement les limites des prérogatives du Cadastre et de son directeur, ne serait-ce que dans le dossier du contentieux domanial récent où votre nom est cité «à la Une». Vous affirmez «urbi et orbi» que Tahibou est «impliqué dans des transactions sulfureuses dans le foncier», laissant penser à de la magouille foncière, toute chose qui, de l’enquête au procès, n’a jamais été établie. Bien au contraire, la Crei a constaté le strict cadre légal et réglementaire de toutes les actions de Tahibou Ndiaye, directeur du Cadastre. Mieux, elle a formellement reconnu l’inexistence du moindre acte de corruption pendant plus d’une décennie d’exercice de ses fonctions. Votre passé de greffier et votre présent de journaliste reconnu «chevronné» ne vous permettent pas d’ignorer ce qui précède et les fondements surréalistes de la décision de sa condamnation. Mon article intitulé «Messieurs les juges, vous vous êtes trompés sur Tahibou Ndiaye», d’ailleurs publié par votre journal, a expliqué en détail, l’hérésie de cette condamnation. La saisie de tous ses biens, meubles, immeubles, prononcée par la Crei, peut être exprimée de la façon suivante : «Nous de la Crei, savons que l’article 31 du Code pénal ne permet la saisie des biens d’un condamné marié et ayant des enfants qu’à hauteur du cinquième de leur valeur, mais refusons de l’appliquer à la seule personne de Tahibou Ndiaye.» Où est le principe d’égalité des citoyens devant la loi ?
Pour terminer, je voudrais en toute humilité, solennellement, vous solliciter, si ce que vous dites de votre proximité avec le Président Macky Sall est vrai, pour lui demander de bien vouloir redresser le tort fait à Tahibou Ndiaye. Je le répète, il le connaît mieux que vous, et nous, ses amis et parents, connaissons l’estime et la compassion du Président envers lui. C’est ce qui nous permet d’espérer qu’il ne manquera pas de faire ce moins, étant donné qu’il a fait le plus avec les personnalités politiques justement condamnées pour des cas avérés de malversations sur les deniers et biens publics, en les réhabilitant politiquement.
Sankoun FATY
Colonel de Gendarmerie à la retraite
Acteur de la Société civile à Sédhiou
sdfaty@gmail.com
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