La collusion des intérêts entre le Sénégalo-Libanais Rabih Fakhy, la firme indienne Senegindia, le maire de Mbane et les autorités administratives s’est encore une fois de plus affirmée avec éclat à travers le bras de fer ouvert imposé au village de Saneinte qui risque de perdre tout de go 300 hectares de terres des plus fertiles soustraits de son patrimoine foncier agressé plus que de raison en l’espace de quelques années par la prédation et la tyrannie foncières auxquelles s’ajoutent le parti pris délibéré de la gouvernance, de la Sous-Préfecture et de la Préfecture du département de Mbane contre les populations dont elles ont la mission de défendre les intérêts vitaux.
Pendant que tous les esprits sont braqués sur la crise politique sans précédent que traverse notre pays avec une confiscation des libertés et une violation sans limite de l’État de droit, Senegindia, le maire de Mbane et un Libanais d’origine, Rabih Fakhy, profitent de cette situation de tension pour organiser une vendetta en harcelant et en faisant pression sur de pauvres paysans afin de leur arracher leurs terres et réaliser l’accès tant rêvé de cette entreprise aux eaux très prisées du Lac de Guiers qui alimentent principalement une grande partie des populations de la région de Dakar et de plusieurs autres villes du Sénégal.
Le maire de Mbane a convoqué à son bureau, il y a quelques semaines, le chef du village de Saneinte, l’imam, un notable et une conseillère municipale, pour leur signifier que Senegindia se serait plaint auprès du Gouverneur de la région de Saint Louis du fait que Saneinte accapare et exploite 300 hectares de terres qui lui appartiendraient.
Cet acte est le plus récent épisode d’une longue confrontation entre les populations des villages de Kouel, Mar, Singou Diery, Pomo et Saneinte qui avoisinent le site de plusieurs milliers d’hectares occupés par Senegindia. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu à propos de 1700 hectares de terres que revendique illégalement et injustement Senegindia avec le soutien des autorités administratives locales. A plusieurs reprises ces autorités se sont rendues sur les lieux escortées de la gendarmerie pour faire pression sur les populations des 4 villages de Kouel, Mar, Singou Diery et Pomo afin qu’elles acceptent d’octroyer leurs espaces de pâturages et de culture à Senegindia. Le dernier obstacle à franchir dans cette quête forcenée pour l’accès de Senegindia à l’eau douce en abondance, c’est le village de Saneinte, positionné pieds dans l’eau sur le lac de Guiers.
Dans un Article que j’ai publié le 27 aout 2020 dans SenePlus, intitulé « Corruption Foncière et Pillage des Terres de Mbane », j’exposais clairement le processus frauduleux utilisé par Rabih Fakhy et Senegindia pour tenter d’arracher ces terres aux populations de Mbane. Voici 2 extraits édifiants tirés de mon article du 27 aout 2020.
« Pour une famille libanaise : 1 700 hectares !
« Ce scandale foncier concerne 1 700 hectares de terres que l’opérateur économique Rabih Fakih essaie de convertir frauduleusement en bail emphytéotique.
« Cet épisode a commencé avec l’octroi de 1 200 hectares du village de Pomo et de ses alentours à son père Abdou Fakih et de 1 700 hectares de terres du village de Louguéré Bayré et de ses alentours à Rabih Fakih lui-même. Leur ambition déclarée était de construire un centre touristique au bord du lac de Guiers, l’un des principaux gisements aquacoles et hydriques du Sénégal.
« Ce projet n’a jamais été réalisé. L’octroi de ces 2 900 hectares n’a pas davantage fait l’objet d’un acte d’officialisation auprès du Centre d’expansion rurale d’alors. Ces terres étant englouties dans le périmètre foncier actuellement occupé par Senegindia, Rabih Fakih a joui de subterfuges douteux pour se faire octroyer 1 700 hectares supplémentaires sous la législature de l’actuel maire de Mbane. Ces 1 700 hectares couvrent des terres que cultivaient les populations du village de Saneinte en période hivernale et des parcelles qui auraient été antécédemment allouées au projet Novasen et à Serigne Mansour Sy Djamil. Ces 1 700 hectares couvrent des domaines exceptionnellement fertiles appartenant aux villages de Mbane, Saneinte, Pomo, Kouwel, Marr, et au village de l’érudit islamique Thierno Aliou Aissata. Cet octroi n’a jamais été officialisé devant les chefs des villages impactés, en présence du Centre d’expansion rurale polyvalent, comme l’exige la loi.
Aujourd’hui M. Fakih tente de détourner son objectif de centre touristique initialement annoncé dans la délibération pour proposer d’entreprendre des activités agricoles. Comment peut-on accepter de voir M. Fakih accaparer une telle superficie et aliéner des zones de terroirs alors que les villageois, en l’occurrence les jeunes, sont obligés de louer la terre pour la cultiver ? L’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilités, au risque d’être taxé encore une fois, de complicité de pillage foncier au bénéfice d’opérateurs privés étrangers. Les populations et les chefs de village de Pomo et Saneinte, étant parmi les plus impactés, demandent au ministère de l’Économie et des finances de rejeter la demande de Rabih Fakih de transfert de ces 1 700 hectares en un bail emphytéotique.
Plus de 1500 hectares à Senegindia
Senegindia, entièrement sous possession indienne, est l’autre rapace de l’aliénation de terres récemment débarquée dans la commune. Cette compagnie était toute petite juste en 2008 avec la construction d’un building de 5 étages, à Rufisque. Elle a été installée à Mbane et se retrouve aujourd’hui avec au moins 1 500 hectares de terres pour la production de pommes de terre en direction du marché local et international. Quelle valeur ajoutée une entreprise qui n’est même pas capable de donner des contrats décents à ses travailleurs pourrait-elle apporter au peuple sénégalais ? En quoi l’économie sénégalaise bénéficie-t-elle de possibles retombés de Senegindia ? Il est vrai que ses bénéfices sont inclus dans notre taux de croissance mais en quoi cela se reflète-t-il dans l’amélioration de la qualité de vie des populations du Sénégal et de Mbane en particulier ? Les coûts économiques et humains sont trop élevés par rapport au bénéfice que procurerait cette compagnie. Les populations de cette zone de terroir se préoccupent du fait que si on n’y prend garde, Senegindia pourrait finir par faire main basse sur le restant de terres entre Saneinte et Diaglé. Il est dit qu’elle ne cesse de demander avec insistance, l’octroi additionnel de terres à l’autorité municipale, qui aurait déjà été complice d’aliénation foncière et qui dit-on, résisterait difficilement à de telles injonctions de corrupteurs financiers.
Ces terres du Waalo ont été le théâtre de violents affrontements au fil des siècles. Durant l’époque coloniale se sont déroulés les essais de colonisation agricole de l’occupant français ainsi que les guerres de résistance sanglantes des populations autochtones du Waalo contre Louis Léon César Faidherbe, gouverneur français du XIXe siècle, célèbre pour ses crimes de guerre à grande échelle et la doctrine raciste de la prétendue mission civilisatrice de la France.
Ces blessures profondes à peine cicatrisées, de nouvelles convoitises opposent les populations de Mbane aux efforts coalisés d’élites sénégalaises et d’hommes d’affaires d’origine française, libanaise ou indienne. L’État est encore une fois interpellé au premier chef ».
Aujourd’hui le maire de Mbane, qui est supposé représenter les populations de sa commune, a non seulement pris fait et cause pour Rabih Fakhy et Senegindia mais joue aujourd’hui le rôle de commissionnaire en leur faveur. C’est lui qui convoque et, de manière peu voilée, essaie d’intimider les chefs de villages, s’adonne au jeu de la carotte et du bâton, pour défendre de manière illégitime les intérêts de ces affairistes. Toute cette manigance d’accaparement des terres a pour objectif ultime de déplacer le village traditionnel multi centenaire de Saneinte pour permettre à Senegindia l’accès au lac de Guiers. Senegindia a envoyé avant-hier une sommation interpellative au chef de village de Saneinte. Le commandant de la gendarmerie est informé de la situation qui pourrait virer au pire.
Cette situation à Mbane est symptomatique de la gestion calamiteuse du régime de Macky Sall qui a opté pour la promotion et la protection des intérêts économiques et financiers des investisseurs étrangers au prix de l’aggravation de la pauvreté des populations. C’est cela le legs de Macky Sall qui est aujourd’hui décrié et sanctionné par tous les Sénégalais. A cela s’ajoute l’arrogance des politiciens de L’Alliance pour la République qui prennent le pays pour leur propriété privée et leur terroir comme un bien qu’ils peuvent vendre, prêter ou gaspiller à volonté sans aucune once d’égard pour les populations. C’est ce que les populations de Bargny crient au scandale à propos de Tosyalı de Turquie ; c’est ce que les pécheurs pleurent à propos des bateaux chinois qui ont pillé les ressources halieutiques au point de faire de l’immigration clandestine par la mer le facteur primordial d’augmentation du taux de mortalité des jeunes ; c’est ce que les usagers de l’autoroute à péage et de la téléphonie mobile dénoncent à propos du cout exorbitant que leur taxent respectivement Eiffage et Orange de France.
L’on devrait cependant se demander, pour qui roule Senegindia ? Nous ne savons pour quels intérêts cachés roule Senegindia. Mais la vérité finira par exposer au grand jour cette puissance clandestine qui actionne et mobilise d’énormes moyens administratifs et de sécurité pour protéger une simple entreprise indienne au-dessus de populations sénégalaises.
Aujourd’hui nous prenons à témoin le peuple sénégalais, le peuple africain, les organisations de défense des droits humains et des droits économiques, du génocide, semblable au génocide du peuple Ogoni, qui pourrait arriver, si Senegindia, de concert avec les autorités administratives et sécuritaires de la commune de Mbane, s’évertuait à vouloir arracher de force ces 300 hectares des mains des populations rurales du village de Saneinte.
Il est temps d’arrêter. Trop c’est trop.
Le président Macky Sall ne voudrait pas ajouter à son actif, 6 mois avant son départ de la présidence de la République du Sénégal, le massacre des populations de Saneinte résistant à la spoliation impitoyable et arrogante de leur patrimoine foncier. Les populations mobilisées de Saneinte se tiennent debout pour protéger leur terroir ancestral déjà affaibli et rendu exigu par des politiques agricoles extraverties et non créatrices d’emplois ou de bien-être social.
L’accès tant convoité de Senegindia au lac de Guiers ne passera pas par Saneinte !