Site icon Senexalaat

Mon SÉjour Inoubliable À Marrakech Et Essaouira

Située dans le centre du royaume chérifien aux nougats des djébels de l’Atlas, Marrakech est une ville très animée, bouillonnante et paradoxale, avec des gamins laissés à eux-mêmes, des artistes informels, des mendiants, des vendeurs à chaque coin de rue côtoyant de grosses caisses et des touristes venus de partout à travers le monde pour découvrir des lieux de brassage différents des leurs.

À bien des égards, Marrakech me fait penser à la capitale sénégalaise. Dakar, carrefour cosmopolite. Elles ont le même tempo dans une certaine mesure. Des villes foutraques mais attirantes, bouleversantes et élégantes, par-dessus tout qui marchent à leur rythme. En un mot, les deux villes incarnent les mêmes contrastes devant l’Eternel.

Dans un autre registre, Marrakech est faite aussi d’une architecture modeste et particulière, qui renvoie à un imaginaire tiré, à partir du substrat culturel marocain. Les Almoravides ont déposé leurs traces indélébiles dans ce bassin de vie de plus de 900 000 habitants.

De plus, « la ville rouge » est peuplée de gens simples et généreux, qui accueillent à bras ouverts ceux et celles qui viennent dans d’autres aires géographiques, voire d’autres contrées. Tous les semeurs d’espérance et d’hospitalité sont les bienvenus. Et l’altérité chère au grand poète contemporain de la langue arabe, in fine, de la Palestine, Mahmoud Darwich est une réalité, ici. J’en ai fait la belle expérience – moi le sénégalais internationaliste et produit de la civilisation universelle, vivant en France. Le magnifique peuple de Marrakech m’a rappelé cette vérité : À l’aune de la globalisation, sortir de sa zone de confort par le biais du voyage permet de regarder le monde sous un autre angle.

En outre, Marrakech est aussi une cité mystique, historique, de sens et d’utopies. Je le dis sans aucune réserve, elle a la culture chevillée au corps. La majestueuse et impressionnante mosquée Koutoubia construite au XIIe siècle, plus précisément en 1148, la célèbre place Jemaa el-Fna – lieu qui ne dort jamais, le Jardin secret, les souks de la Medina, la medersa Ben Youssef, symbolisent l’identité de Marrakech et de son ouverture sur l’international. Voilà, c’est tout cela Marrakech !

Jeudi 7 septembre 2023, 12h40. J’ai quitté « la ville rouge » à bord d’un bus de la compagnie Supratours. Destination Essaouira, située sur le littoral atlantique, précisément dans la région de Marrakech-Safi. Je dois passer deux jours paisibles dans cette ville romantique et sublime et ouverte aux étreintes du monde libre, avant de repartir à l’aéroport de Ménara pour prendre le vol FR3845. Mon premier jour à Essaouira a été agréable, à bien des égards. De 16h à 23h, j’étais dans les rues de la ville bleue blanche. J’ai visité le petit port de pêche. J’ai erré là-bas pendant quelques heures, en contemplant les bateaux et les oiseaux posés dessus. Après, ce pèlerinage, je suis allé dans un café, un lieu de vie très sympa pour me détendre, en même temps lire le livre « La violence des frontières : les réfugiés et le droit de circuler » de Reece Jones. Un livre majeur qui plaide à travers ses pages le droit universel de circuler. L’auteur montre brillamment l’échec des politiques migratoires établies par les pays du nord pour endiguer l’immigration clandestine. Ces gens à qui l’Occident et leurs pays de départ regardent à travers le prisme des statistiques, sont partis pour chercher une vie plus douce. J’ai fermé le livre à la page 106 pour saluer un jeune sénégalais, qui m’a lancé « ziarnala ku baax ». Je ne sais comment mais les Sénégalais se reconnaissent. Il suffit d’un simple regard pour identifier les nôtres. Après ces civilités d’usage, nous avons eu une longue discussion inoubliable en wolof sur l’exil et les blessures invisibles qu’il charrie.

 Je suis retourné dans ma chambre d’hôtel pas tard, parce que tout simplement je devais appeler P. Il était minuit à Paris, et notre ami commun « Morphée » l’attendait dans son vaste royaume pour l’offrir une nuit réparatrice dans ses bras câlins.  

Vendredi 8 septembre, deuxième jour de mon séjour, j’ai fermé la porte de la chambre à 14h pour aller visiter le centre culturel d’Essaouira, à quelques pas de mon hôtel. J’y ai passé juste une heure. Mais ces soixante minutes étaient paisibles et affriolantes. 

À la suite de cette immersion, je me suis rendu au café Mogador pour admirer la beauté que m’offre la ville et par la même occasion relire l’essai de mon camarade d’esprit, Elgas « Les bons ressentiments ». Subséquemment ce dernier baroud au Mogador, j’ai décidé de me perdre complétement dans les entrailles d’Essaouira. Je suis venu ici pour découvrir et apprendre.

19h20, la nuit commence à tomber. La brise marine touche timidement les corps. Je pars aux souks de la Médina, lieux d’échange et de commerce, qui regroupent toutes sortes de produits artisanaux. Les souks apportent un supplément d’âme à Essaouira. J’ai flâné là-bas des heures avant que tout bascule. 23h12. Un séisme de magnitude 7 vient de frapper l’ouest du Maroc. La ville bleue blanche n’est pas épargnée par cette catastrophe. Elle est touchée dans sa chair. Oui, la terre a tremblé à Essaouira. J’ai vécu cette expérience épouvante et traumatisante à la fois, en direct. Bref, j’ai vu ma vie défiler devant mes yeux. C’est fou mais c’est vrai !

Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, j’ai appris à mes dépens que la vie ne tient qu’à un fil. Et que l’Homme n’est absolument rien face à l’immensité de l’Univers et de ses secrets infinis. Oui, nous ne sommes que des poussières étoiles ; des êtres extrêmement fragiles et insignifiants.

Dans l’antre de la Médina, j’ai vu des enfants choqués, des femmes désemparées et des hommes complètement paniqués. La peur était totale. Elle se lisait sur les visages, tout âge confondu. Je crois que nos réactions anxiogènes révèlent une chose, eu égard à l’absurdité de la condition humaine : La mort surtout la mort brutale, voire impensée, est peut-être la plus grosse angoisse existentielle, qui frappe l’Homme et peuple parfois son hôtel d’insomnies.

J’ai une pensée émue aux victimes et à leurs proches. Que la force et la résilience rejoignent le vaillant et magnifique peuple marocain en ces moments difficiles. Cette tragédie laisse des cicatrices dans le corps social mais j’en suis certain, le Maroc s’en relèvera. En ce qui me concerne, je reviendrai dans ce pays accueillant et plein de charme. De plus, une histoire commune nous lie à jamais !







Quitter la version mobile