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Not In My Name

Comment s’indigner sans casser?

Comment faire cesser l’injustice sans détruire le bien commun ?

Comment crier son désaccord ?

Ce qu’on ne peut corriger avec la main, il faut le dire avec sa langue. A défaut, s’en désoler au plus profond de son cœur.

Comment tout ça a-t-il commencé ?

Par les Unes et les revues de presse de plus en plus violentes ? Dégommer, dézinguer, détruire, déshabiller, tuer, abattre. Ou par les insulteurs publics encouragés ? Ou les expressions soudainement apparues : « Force restera à la loi », « l’Etat a le monopole de la violence » ? Le « wakh wakheet » ? « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » ? Ou encore par le prix que toute conscience sénégalaise aurait, l’empêchant de résister à un milliard ?

Le réveil est brutal. Une cassure profonde. Entre ceux qui n’ont rien à perdre parce que n’ayant rien, qui se réveillent et se couchent la colère au ventre en plus de la faim. Et ceux qui discutent à longueur de journées de milliards qu’eux seuls voient, avec condescendance, avec arrogance.

Partir et suivre nos matières premières bradées n’a jamais coûté autant de vies. Rester et chômer n’a jamais autant pesé. D’ailleurs chômer a un nouveau pendant, travailleur pauvre, avec un salaire qu’on touche comme une punition supplémentaire. Un salaire déjà terminé avant d’être reçu, découpé entre échéances de prêts, et remboursements divers avant que le sac de riz ne puisse être acheté. On appauvrit comme on peut, avec application.

Qu’avons-nous fait pour mériter ça, à part les élire et espérer un changement pourtant promis qui n’est jamais venu ? Qu’avons-nous fait pour que vous nourrissiez une telle haine envers nous, nous tirant dessus, nous emprisonnant, nous bâillonnant, nous coupant de nos connexions internet à tout va, sans sommation?

Nous ne nous indignons plus quand une victime est torturée ; on lui demande d’encaisser et on ne retient plus le bras de son bourreau. Des encouragements pour le bourreau à passer aux prochaines victimes.

Un homme de Dieu nous l’a rappelé : tant que vous continuerez à être injustes entre vous dans vos transactions, vous serez laissés à vous-mêmes, avec des dirigeants qui vous maltraiteront et contre qui vous ne pourrez rien.

Alors nous en sommes là. Les mêmes maux qui reviennent. Entre coupures d’eau, inondations, repas de « couchant » pour avoir un quelque chose dans le ventre, vivres de soudure, poissons « immigrés involontaires », bientôt suivis du pétrole et du gaz, immigration clandestine, humiliations racistes aux frontières frontex et associés, échec scolaire, système de santé insuffisant, dignité bafouée, violences en tous genres, infrastructures saccagées, nous avons touché le fonds et nous continuons à creuser.

La loi du plus fort n’a jamais réussi à construire un édifice admirable. La médiocrité et la médiocratie n’ont jamais mené nulle part. Le pouvoir concentré sur son œuvre et non sur les personnes devient encore plus aveugle.

Personne ne sera épargné par ce qui va arriver. A un moment ou à un autre, nous allons tous payer.

Toutes ces jeunes vies au fond de l’océan et dans le désert libyen.

Tous ces emprisonnements à la chaîne.

Toutes ces exécutions morales et physiques.

Toute cette chasse à l’homme-opposant.

Toutes ces injustices organisées et diligentées devant notre silence.

Et maintenant des bruits de botte en direction de nos propres frères, malgré Zinder, malgré Gaya que nous avons en commun, malgré Bourba Djoloff Alboury Ndiaye.

Afin que nul n’en ignore.







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