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Au Nom De Tous Les Seins !

«Deux. Et non dix, comme les doigts de la main

Deux, comme les yeux, les narines, les oreillettes du cœur… Gémellité et féminité. Cependant, nous sommes loin d’être de vrais jumeaux, pour la simple raison que l’apparition et la croissance de l’un a pris une petite avance sur celles de l’autre. Et c’est là que commence notre histoire. Mais il ne faut pas perdre de vue notre originalité dans le corps humain : nous sommes un organe très complexe, voire composite. En nous, vous trouverez des nerfs, des vaisseaux sanguins et lymphatiques. Notre fonction principale est nutritive. Au-delà de la diversité de l’apparence physique (forme poire, citron, papaye ou pastèque), nous avons une durée de vie aussi aléatoire que celle des êtres vivants. Nous vieillissons, rétrécissons, et finissons, parfois flasques, aplaties comme des sachets d’eau vides. Ah ! Les seins… L’approche de notre naissance crée chez la toute jeune fille émois et frémissements, mais terreur chez la mère… Une surprise, tant attendue. C’est par nous que se marque la différence de genre : la petite ado connaît des modifications physiologiques qui l’éloignent de ses compagnons de jeu : les garçons. Ce changement de statut, ritualisé, est vécu comme une entrée solennelle dans la vie de la Femme. En Afrique par exemple, la naissance des seins ouvre la période de la pleine adolescence. La petite Maïmouna d’Abdoulaye Sadji éprouve un réel plaisir à prendre son bain, en regardant l’eau ruisseler sur sa jeune poitrine. Elle est enfin autorisée à laisser pousser ses cheveux, à les tresser… C’est donc par nous que la gent féminine accède à la féminité, c’est par nous, au plus infime de nos ébranlements que Cupidon montre son petit visage coquin :

«Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées.»

«Même cet hypocrite de Tartuffe avoue qu’il succombe (rait) à nos charmes, je ne dis pas à ‘’nos provocations’’ ! En d’autres circonstances, des Femmes- les Amazones du Bénin- n’ont pas hésité à se passer de l’une de nous, pour accroître leur chance de remporter la guerre en se rendant plus efficaces, au tir à l’Arc. Presque partout dans l’Afrique traditionnelle, les seins nus ne choquent pas. Ce ne fut pas le cas, lorsque Sophie Marceau, la célèbre actrice de La Boum, ahurit le public du Festival de Cannes par «un mamelon dénudé»… L’on sait que les Suffragettes qui ont quasiment ébranlé le Royaume Uni en 1903, ont été suivies des Femmes ouvrières qui combattirent pour imposer la Journée internationale des femmes. Elles ne sont pas étrangères à la nouvelle fonction qui nous est attribuée : la nudité des seins brandie comme arme révolutionnaire par «La Liberté guidant le Peuple» dans le magnifique tableau d’Eugène Delacroix… Vous voyez donc que nous n’avons pas qu’une seule fonction : fournir le lait nourricier aux nouveau-nés, assurer l’allaitement maternel durant des mois, et même servir de nourrice à des orphelins, à des princes dont les mères tiennent à préserver le galbe de leur poitrine. Alors que dans certaines régions d’Afrique, la coutume était d’empêcher le développement harmonieux des seins, pour «mater les velléités sexuelles des jeunes filles, aujourd’hui, dans le monde entier, la mode est à «La Bomba» ! La chirurgie esthétique met à la portée de toute jeune femme frustrée de sa poitrine trop plate, la possibilité de «gonfler» ses atouts et de ne plus passer inaperçue.»







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