Que le Sénégal se décharge de la présidence du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à l’ONU s’il est incapable d’avoir une position claire sur la situation dans la bande de Gaza.
Depuis le communiqué du ministère des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur du 8 octobre dernier condamnant les attaques du Hamas aucune autre réaction n’a été notée au moment où d’innocents civils, enfants, femmes et vieillards sont massacrés dans la bande de Gaza par des centaines de milliers de missiles de l’armée israélienne. Le gouvernement de la République du Sénégal a condamné «les attaques à l’origine de cette nouvelle spirale de la violence» mais reste muet face aux violations élémentaires du droit international humanitaire par les autorités Israéliennes. Par sa posture légendaire et son histoire, le Sénégal doit s’activer pour que le génocide en cours dans la bande de Gaza s’arrête. Il ne doit pas exclure d’initier une démarche diplomatique pour mettre en place une coalition internationale pour la défense des droits inaliénables du peuple palestinien qui sont foulés aux pieds par des autorités israéliennes qui ne respectent ni les résolutions de l’ONU ni les règles sacrosaintes du droit international humanitaire.
Aujourd’hui le Sénégal semble plutôt s’aligner honteusement à la France en refusant d’autoriser une manifestation pro-palestinienne. Une France qui nage dans une marée de contradictions et qui s’éloigne des principes d’équité et de justice. Une France qui s’inscrit dans la condamnation sélective, dans le renforcement des positions des autorités israéliennes. Des autorités françaises qui ont décidé d’intimider sur le territoire français, les soutiens au peuple palestinien, d’être les représentants d’Israël au sein de la Nation française. Le Président Macky Sall et son candidat premier ministre qui se concentre sur sa tournée politique doivent mesurer la responsabilité du Sénégal dans cette crise. Le Sénégal ne peut pas se permettre de mimer le comportement honteux des donneurs d’ordre au moment où les droits des populations palestiniens dont il est l’un des garants sont bafoués. Le Sénégal est à la tête du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien qui avait déjà dans son premier rapport, soumis au Conseil de sécurité en juin 1976, demandé, entre autres, instamment au Conseil de promouvoir la recherche d’une solution juste, compte tenu de tous les pouvoirs qui lui étaient conférés par la Charte des Nations Unies. Il sollicitait un calendrier de retrait des forces israéliennes des territoires occupés, avec la participation, au besoin, de forces temporaires de maintien de la paix pour faciliter le processus ; l’arrêt des implantations de colonies de peuplement ; la reconnaissance du droit naturel des Palestiniens à l’autodétermination, à l’indépendance nationale et à la souveraineté en Palestine…
47 ans après ce rapport, rien n’a changé et c’est le cas depuis 56 ans. Israël continue à tisser sa toile en imposant le courbage d’échine de dirigeants du monde accrocs à ses offres et craintives de ses lobbys d’influence. Dans son dernier rapport en date du 1er septembre 2023, le comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien avait souligné un aspect qui peut autoriser d’affirmer une préméditation de l’attaque de la bande de Gaza et de la volonté d’opérer un génocide de ces populations de la part des autorités extrémistes d’Israël. Dans ce rapport soumis en application de la résolution 77/22 de l’Assemblée générale, adoptée le 30 novembre 2022, il a été mentionné : «Le nouveau gouvernement de coalition d’Israël, considéré comme le plus extrémiste de l’histoire du pays, a accentué la rhétorique anti-palestinienne, les mesures discriminatoires à l’égard du peuple palestinien et les actes hostiles envers l’Autorité palestinienne. Des membres du Gouvernement israélien ont ouvertement plaidé pour le nettoyage ethnique du Territoire palestinien occupé et ont encouragé les attaques de représailles contre les Palestiniens, appelant même à la destruction de quartiers entiers.»
Ce présent conflit donne une occasion aux autorités israéliennes d’exécuter une promesse électorale visant un nettoyage ethnique. Le Sénégal doit prendre ses responsabilités et honorer sa posture légendaire dans le combat pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
Thierno BOCOUM
Président AGIR