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Presidentielle 2024 : Un Revenant Du Nicaragua Au Palais

Monsieur le Rapatrié est déjà en rogne quand ça débarque à la Direction générale des élections chercher ses fiches de parrainage, escorté par une meute d’ados enragés qui tiennent d’une main une bouteille d’on ne sait quoi, avec un torchon qui pend et, de l’autre, un briquet. Les fonctionnaires zélés qu’il trouve sur place n’osent pas lui demander sa pièce d’identité : c’est manifestement une question de vie ou de mort

Déjà qu’avec l’affaire des fiches de Sonko, ils rasent les murs… Ce n’est pas le moment d’en rajouter. Au moins, ça, c’est fait ! La meute repart avec des accents de triomphe, brandissant les fiches de parrainage quasiment remplies d’avance, en scandant le tube de l’année, «Sô ko lâlé…». Quelques bris de glace et débuts d’incendie sur leur passage n’enlèvent rien à leur indéfectible patriotisme : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, n’est-ce pas ? Rappel pour la petite histoire : Monsieur le Candidat des Jeunes, qui a la rage bouillonnante, revient des Usa depuis peu, rapatrié avec le groupe des Sdf rachitiques et dépenaillés cueillis sous un pont près de Brooklyn.

Parti six mois auparavant par l’aéroport Blaise Diagne, l’intrépide chasseur de rêves amerloques traverse ensuite le Nicaragua au terme d’une marche interminable, en file indienne, après d’autres terres promises de l’Amérique latine, avec comme seul bagage un sac au dos et, pour toute fortune, des milliers de dollars fourrés dans son caleçon en putréfaction, derrière les, euh, bijoux de famille. C’est élémentaire, les voyages forment la jeunesse…

Monsieur le Candidat des Jeunes laisse alors derrière lui un nourrisson de quelques mois, le sublime héritier pour lequel il tente le diable. Il y a également, comme raison suffisante, une épouse follement amoureuse, avec plein d’étoiles dans les yeux, persuadée qu’il lui ramènera le rêve américain. Et, surtout, au centre de tout, une mère qui, une décennie durant, soupire toutes les heures en évoquant les exploits du fils de sa coépouse, lequel réussit avec exubérance sous d’autres cieux. La coépouse en question, cette salope, qui rentre de La Mecque, termine d’emménager au troisième étage du palais que son brave garçon vient de lui construire… Quant au renégat qui tient lieu de père à Monsieur le Candidat des Jeunes, un transfuge matrimonial ne faisant plus signe de vie depuis que le fils de l’autre l’entretient, son destin est tout tracé… Madame la Mère du Candidat des Jeunes voit déjà ce félon rampant, suant et soufflant à demander son pardon, histoire de se faire accepter dans le lit conjugal après tant d’années de désertion.

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Le pouvoir est un aphrodisiaque…

Pour toutes ces offenses insupportables, Madame la Majestueuse Mère du Candidat de la Jeunesse croit dur comme une érection de nuit de noces, que son destin est de finir sa vie, par la grâce de son prodige fils unique, dans un flamboyant palace, entourée de sa magnifique smala : ses adorables petits-enfants et ses irrésistibles arrière-petits-enfants.

Cela va de soi, également, dans le décor, elle imposera l’indispensable présence d’une garnison de domestiques et d’une cohorte de courtisans soumis à leurs caprices d’éternels nouveaux riches. Trêve de rêveries, l’heure est à la conquête du pouvoir. Les parrainages, pour faire simple, sont une promenade de santé : il faut ne pas tenir à l’existence pour refuser de parapher aveuglément les fiches que le gang de durs à cuire du quartier vous met sous le nez. Vos enfants ne pourraient plus aller ni à l’école ni même à la boutique sans risquer leur vie… Ça, c’est fait !

Quant à la caution, l’appel de fonds en faveur du Candidat des Jeunes ne durera pas une semaine : pensez donc, trente misérables millions en vulgaires francs Cfa…

Comme par hasard, il suffit juste qu’un homme d’affaires trop riche pour être honnête, au sortir de son rendez-vous galant quotidien, se retrouve encerclé dans une rue lugubre par les militants d’un candidat dont il ne souhaite pas révéler l’identité… Dès le lendemain, un paquet de francs Cfa authentiques, trente millions, d’après le décompte, atterrit anonymement au Qg du candidat.

Pour le reste du dossier de la candidature de Monsieur le futur Président des Jeunes (et des autres, malgré lui !), c’est un tapis rouge qui attend ses mandataires : grands sourires, courbettes appuyées, petits raccourcis, authentiques falsifications, amnésies sélectives…

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Rien ne peut stopper la marche triomphale du rouleau compresseur de cette majorité : les jeunes de moins de trente-cinq ans, dans le civil, ce sont pratiquement les trois-quarts de la population. En âge mental, les ados de moins de dix-huit ans, c’est tout le monde…

Bref, un vent de révolution souffle : y’en a marre des vétérans corrompus qui squattent les strapontins de la République, les colonnes des journaux et micros des radios (merci pour moi !), les plateaux des télés ; et même des influenceuses qui se tirent la peau du visage et cachent leurs cheveux blancs, du genre l’antique Oumy Ndour dont l’énigmatique cinquantième anniversaire est dans le rétroviseur depuis si longtemps…

Durant la campagne électorale, comme disent les kids, il n’y a pas photo : les authentiques Sénégalais reconnaissent le leur : fringuant, rebelle, le poil noir, ras et dru, le pas alerte, le geste viril et le verbe haut. Il est impossible de le confondre avec les blédards sexagénaires, les vieilles repenties, les faux jeunes, les quinquas finissants, les bonimenteurs poivre et sel

Monsieur le Candidat des Jeunes a la haine de ce pays que séquestrent les ploutocrates, les pères indignes, les voleuses de mari et les kidnappeuses de papa : la racaille des villes et la populace de la brousse le plébiscitent. Il surfe sur la haine des homosexuels et des francs-maçons, des fonctionnaires trop riches pour être honnêtes, des marabouts complices du système, de la France qui nous exploite depuis plusieurs siècles, et de tous ceux qui ont plus de quarante-cinq ans, parce qu’ils ont forcément vendu leur âme au diable

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Tout de suite après sa prestation de serment, avant même la désignation d’un chef de gouvernement, son premier décret rétablit la peine de mort. Grave question subsidiaire… Qui faut-il exécuter en premier : son père indigne ou sa marâtre sournoise ?

 Il n’y a que Madame la Mère de Monsieur le Président des Jeunes qui peut y répondre.







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