Nous sommes enfin au seuil de 2024, tout proche d’une élection présidentielle sur une pente tumultueuse mais paradoxalement irrésistiblement sexy, au point d’affrioler une nuée de candidats dont une maigre poignée jouirait d’une position digne de candidature.
En effet, le rêve de devenir président de la République s’est démentiellement démocratisé chez nous, rendant les élections vaudevillesques et tragiques. Trop de politique, partout et en tout, a fini par tout brouiller ; notre pays est devenu un océan de maux sous un ciel sombre de mots où les étoiles de solutions sont quasi imperceptibles.
Une élection présidentielle est un grand événement politique où les partis et les coalitions de partis, de même que des indépendants, rivalisent en stratégies et tactiques pour remporter les suffrages des citoyens. Ces entités comme toutes les organisations ont alors besoin d’efficacité et à cet effet mettent de leurs côtés respectivement tous les moyens pour avoir des participants à leurs causes. Ces derniers recrutés parmi les électeurs sont appelés à pleinement s’engager dans le processus électoral.
À défaut de pouvoir y parvenir par la production d’un projet socio-économique prépondérant, d’aucuns cèdent à la fibre populaire plutôt que de mettre l’accent sur l’intensité de l’engagement des participants et ce, jusqu’à franchir le Rubicon à coups de populisme et extrémisme abominables. La conséquence fâcheuse de cette situation est que la réponse des participants en état de subordination à une telle orientation du leader – icône vire en aliénation collective en lieu et place d’un engagement positif.
Immigration illégale des jeunes et imprécations de désespoir
Quand la politique tient la raison en l’état. Ça en a tout l’air ! L’on voudrait nous faire prendre l’immigration illégale des jeunes pour une innovation sociale, nous faire accepter l’avènement d’un sentiment inédit de désespoir dont la seule cause est l’homme élu et en charge en ce moment et sa gouvernance ; que nenni.
Du plateau à Dakar où j’ai passé mon enfance et mon adolescence, à jet de pierre du port de Dakar, j’ai assisté depuis le temps où les paquebots Lyautey, puis Ancerville ensuite Massalia, assuraient la ligne Dakar – Marseille, à des hordes de jeunes qui s’engouffraient dans les cales pour rejoindre l’Europe chaque mois. Quand moi-même j’ai débarqué du Massalia à Marseille dans les années 70, j’étais étonné de trouver quelques grands-parents à la retraite qui devisaient chaque jour à la terrasse d’un café de Belsunce, face au célèbre vieux port, coin réputé alors et ce depuis bien avant notre indépendance : quartier sénégalais. Le besoin social de voyager a toujours habité les jeunes, la seule chose qui a changé est la réponse que cette génération donne à ce dilemme, qui s’est complexifié par la suppression des moyens maritimes jadis fréquents, l’instauration d’un visa conçu à des fins dissuasives pour les prétendants et pécuniaires pour les consulats délivreurs, enfin l’attitude européenne nouvelle de rejet systématique de tout immigré provenant d’Afrique noire. J’ai choisi cet exemple pour pointer le doigt sur les nombreuses analyses biaisées qui pullulent dans les médias et inviter à une vue plus holistique de nos problèmes afin d’y apporter des solutions durables.
L’illusion d’un pouvoir à la portée de tout quidam
Comment en sommes-nous venus à croire que le pouvoir était à la portée de quiconque, tant le désespoir est exaspérant pour le peuple, donné comme aigri et répugné au pouvoir en place. Si tel était le cas les militaires seraient les premiers à en être informés et il se trouverait bien parmi eux, un qui ne se priverait pas de s’en emparer. Il n’en est rien. Nous nous acheminons sereinement vers 2024 et comme pour toutes les années électorales passées, les Sénégalais vont paisiblement aller le 25 février élire un homme responsable digne de les guider vers le progrès et la paix sociale. La majorité des votants est silencieuse et vote avec discernement. Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin d’apaisement de la tension sociale, de solidarité et inclusion au niveau de la distribution des revenus, de sécurité et protection de nos ressources et intérêts nationaux, de confiance en l’administration de la justice et de détermination à éradiquer la corruption. Nous élirons un leader à la hauteur de ces enjeux. Mon candidat l’est. J’ai opté pour un lion et non un faux de kankouran. Que chacun s’assure d’avoir fait un bon choix, l’on donnerait ainsi au nombre ridicule des candidats une réponse cinglante, en le réduisant à moins que celui des doigts d’une main.
Joyeuses fêtes de fin d’année et bonne et heureuse année 2024 à tous !