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Au Nom Du Fric, Du Prestige Et Du Saint Decret !

Ce sont, tenez-vous bien, 93 candidats qui ont déclaré leurs dossiers de candidature au Conseil constitutionnel. Au rythme où vont les choses, ils ne seront pas moins de 15 Sénégalais à briguer les suffrages de leurs compatriotes. Rapporté aux 18 millions que nous sommes, cela ferait un ratio d’un candidat pour 1 million deux cents mille habitants. Cela en fait trop pour un minuscule pays de moins de 20 millions d’habitants, comparé à la gigantesque République démocratique du Congo qui sort d’une élection présidentielle avec la réélection, sans surprise, du sortant, Etienne Tshisekedi. Ce pays-continent, malgré ses 89 millions d’habitants, n’a aligné que  sept candidats.

Donc, du point de vue strictement rationnel et objectif, rien ne peut expliquer cette frénésie de candidatures. Il faut alors sonder le subconscient de nos politiques pour chercher ce qui, globalement, les pousse à vouloir, tous, occuper le fauteuil présidentiel. Il y a, d’abord, l’effet Macron. Pour mémoire, le jeune ministre de l’Economie de François Hollande avait provoqué un séisme dans le monde politique français en annonçant sa démission de Bercy et, dans la foulée, sa candidature à la présidentielle. Ils n’étaient pas nombreux ceux qui auraient misé un euro sur celui qui, pourtant et malgré les critiques de la société bien-pensante qui l’avait surnommé Judas, deviendra le plus jeune président de la Vème République française. Le monde fonctionnant comme un village planétaire, une telle échappée, à la fois téméraire, solitaire et victorieuse, a dû en donner des idées à certains qui, en se rasant le matin, ne se sont jamais imaginés un destin de préfet de département. Cela, c’est pour la psychanalyse.

Mais, il y a aussi, l’effet prestige. Il y en a qui ont eu tous les honneurs, tous les privilèges, ont côtoyé les plus grands de ce monde, ont acquis toutes les richesses auxquelles un être humain normalement constitué peut prétendre pour sa courte existence. Tout ce qui leur manque, c’est le titre de «Monsieur le président de la République» et tout l’attirail qui va avec : garde prétorienne, protocole, escorte, flotte présidentielle, arrière-cour, cour et courtisans, etc. S’y ajoute le fameux décret avec la prérogative exclusive de nomination aux emplois civils et militaires.

La dernière catégorie, ce sont ceux-là qui ont une vue plongeante sur ce que le commun des Sénégalais appelle «caisse noire». C’est-à-dire ces fonds spéciaux, évalués à 8 milliards Cfa, à la discrétion du seul président de la République qui en dispose à sa guise sans aucune obligation de rendre compte à qui que ce soit, si ce n’est à sa seule et propre conscience.

Si vous additionnez ces raisons, les unes aux autres, vous pouvez vous faire votre propre idée de pourquoi, d’élection en élection, et malgré tous les filtres et obstacles posés, les candidats se font de plus en plus nombreux.







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