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Excellence, Monsieur Le President De La Republique, Vous Ne Pouvez Vous En Laver Les Mains

Monsieur le Président, à l’issue de l’audience que vous avez bien voulu accorder à une délégation des candidats à l’élection présidentielle recalés par le conseil constitutionnel, le ministre porte-parole Yoro Dia, a cru devoir rappeler, en termes explicites, que vous ne pouvez pas vous substituer au Conseil constitutionnel pour rétablir les candidats spoliés dans leurs droits légitimes ni toucher au calendrier républicain. Tout cela est bien clair mais, dans le même temps, cette assertion met davantage en relief vos responsabilités régaliennes auxquelles vous ne pouvez et ne saurez vous soustraire dans un contexte aussi particulier que celui que nous vivons. Cette conviction, je vous l’ai exprimée au mois de mai dernier, à la salle des banquets du palais de la République, insistant sur le fait que la paix, la sécurité et la stabilité du pays vous incombaient et vous incomberont jusqu’au jour où vous passerez le témoin à un autre sénégalais choisi démocratiquement par le peuple souverain.

Votre renonciation volontaire à la compétition pour un troisième mandat en est une preuve palpable. Si vous n’aviez pas eu la force de repousser les pressions de toutes sortes pour garder le cap de votre engagement initial, le pays aurait pu être déjà dans une grande tourmente. En effet dans cette hypothèse, les acteurs politiques n’en seraient pas aujourd’hui à discuter de leurs droits spoliés ou de leurs stratégies d’alliance, mais plutôt ballotés entre les tribunaux pour des procès, les prisons pour visiter des détenus, les hôpitaux pour remonter le moral à des blessés si ce ne sont les cimetières pour enterrer des morts.

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Toutefois, de mon point de vue, votre tâche est loin d’être terminée car vous ne pouvez pas non plus laisser derrière vous un pays en proie à la déstabilisation et à l’insécurité et une nation désunie. Or tout cela est hautement envisageable si les nuages qui s’amoncellent sur nos têtes ne sont pas rapidement et fermement dissipés. La question est la suivante : des candidats à l’élection présidentielle se sont sacrifiés pour remplir les conditions fixées par la loi pour prendre part à la compétition mais en ont été injustement empêchés. Parmi eux d’illustres leaders connus dans le pays et hors de nos frontières mais aussi d’autres qui n’en ont pas moins la carrure et l’épaisseur pour estimer pouvoir diriger le Sénégal. Les conditions et les circonstances de leur élimination ont été exposées à la face du monde avec des preuves irréfutables et affligeantes. Cela a incontestablement jeté le discrédit sur les décisions du Conseil constitutionnel et sur la juridiction elle-même. Un tel état de fait ne saurait être regardé comme un fait divers ne méritant aucune attention. Et c’est là, Monsieur le Président de la République, que vous êtes attendu. Même si personnellement, je n’ai pas été impliqué à la conception et à la rédaction de cette fameuse adresse des candidats spoliés qui vous a été communiquée, je l’endosse et l’assume entièrement d’une part en tant que membre du collectif des candidats spoliés et, d’autre part, parce qu’il n’y a pas d’autres recours avant le saut dans l’inconnu.

Il s’agit d’un combat que nous mènerons jusqu’au bout en ce qui nous concerne aux côtés de tous les autres candidats spoliés et des rescapés qui en sont d’accord. La question du report ou du maintien de l’élection présidentielle à date échue ne peut être examinée qu’à l’aune de cette équation. Je suis de ceux qui considèrent que les lois sont faites pour être rigoureusement respectées en tout état de cause notamment la Constitution. Dans le cas d’espèce, respecter la Constitution et les lois, c’est d’abord et avant tout faire droit aux justes et légitimes revendications des candidats illégalement spoliés et qui polarisent des centaines de milliers voire des millions de nos compatriotes qui auraient bien voulu voter pour eux. Si la restitution de leurs droits est possible dans les délais prescrits – certains soutiennent que c’est le cas – qu’à cela ne tienne ! Dans le cas contraire, il vous revient de créer les conditions du respect de ces droits dès lors que les défaillances ne sont nullement imputables aux candidats concernés mais plutôt à une institution de l’État.

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Monsieur le Président de la République, notre peuple aussi sait qu’il est à la croisée des chemins. Partout, les uns et les autres évoquent la présente situation. Il n’y a ici que des intelligences, des hommes et femmes courageux qui se battent à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, bravant la mort dans les déserts et les océans pour gagner en dignité. Il sait que cette affaire des candidatures invalidées n’est pas une affaire exclusive des acteurs politiques mais une affaire de chaque citoyen. Vous devez donc donner aux citoyens l’opportunité de faire le choix â travers une élection inclusive, de la personne en qui ils placent leur confiance. S’il est vrai que les acteurs politiques sont souvent accusés de tous les péchés d’Israël, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils savent faire preuve de lucidité lorsque les circonstances l’exigent. Comme vous le savez, lorsqu’en 2019, une vingtaine de candidats sur les 25 postulants avait été invalidée mais que les concernés n’avaient pas, à l’époque, la possibilité de documenter le caractère illégal ou légal de leur invalidation, ils n’ont pas rejeté les quatre candidats de l’opposition qui avaient été sélectionnés. Au contraire ils sont allés les soutenir en y mettant leurs moyens intellectuels, matériels, financiers et logistiques. Ceci est l’expression d’un esprit républicain. Mais aujourd’hui que les recalés ont pu prouver à la face du monde, avec des faits irréfutables, qu’ils sont dans leur bon droit, l’État doit le leur reconnaître et corriger ce qui doit l’être..

Toutefois, Monsieur le Président de la République, si l’impossibilité objective de tenir une élection inclusive à date échue devait être actée, elle serait une condition nécessaire certes mais non suffisante pour une élection normale inclusive. Encore faudrait-il que tout cela débouche sur un nouveau contexte permettant une nette amélioration du climat politique sur des bases largement consensuelles et qui rassurent.

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Vive le Sénégal libre dans une Afrique libre et unie !







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