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Au Chapitre Des Oublis ForcÉs

De 1960 à 2005, à chaque fois que l’Assemblée nationale a voté une loi d’amnistie, des autorités dépositaires de la puissance publique ou appartenant à des formations politiques au pouvoir d’une part et des particuliers d’autre part, ont commis de graves violations des droits de l’homme. L’essentiel de ces violations des droits de l’homme a eu des motivations d’ordre politique comme l’ont révélé les infractions visées par beaucoup de lois d’amnistie.

– Octobre 1960 : Ordonnance concernant les incidents de Tivaouane de juin 1959 et ceux de Fatick de Juillet 1960.

– Janvier 1964 : Loi d’amnistie visant des atteintes à la sureté intérieure et extérieure de l’Etat.

– Février 1967 : Loi d’amnistie visant l’atteinte à un intérêt politique de l’Etat ou à un droit politique des citoyens.

– Mars 1976 : Loi d’amnistie visant des crimes et délits politiques.

– Mai 1981 : Loi d’amnistie visant des délits commis pour des motifs politiques.

– Juin 1988 : Loi d’amnistie visant des crimes et délits commis pendant les évènements dits de Casamance.

– Juillet 1991 : Loi d’amnistie visant des crimes et délits en lien avec les évènements dits de Casamance.

– Juillet 2004 : Les évènements dits de Casamance toujours…

– Février 2005 : La loi Ezzan qui a amnistié de graves infractions en lien avec les élections générales ou locales et qui effaça entre autres, de la mémoire du greffe, l’assassinat de Me Babacar Seye.

Les lois d’amnistie, dans leur esprit, sont des lois de pardon et d’oubli qui profitent entièrement à des sociétés qui vivent de violents clivages qu’il leur faut dépasser et sont votées qu’exceptionnellement. Dans le cas du Sénégal, elles sont votées de façon plus ou moins régulière et profitent essentiellement à des groupuscules qui ont commis de graves infractions à des fins politiques. Il ne faut donc pas s’étonner que certaines énormités contre l’humain, en lien ou non à des faits politiques, nous suivent jusqu’en 2024.

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Pardonner et oublier c’est continuer d’assurer l’impunité à des gens qui, avec la seule majorité parlementaire mécanique, peuvent se permettre de faire tuer et humilier l’homme pour ensuite s’auto-pardonner. C’est enlever aux victimes l’autorité du pardon qui ne doit revenir en principe, qu’à elles. C’est une bonne chose que la question soit agitée maintenant parce que cela nous permettra, avec le prochain gouvernement, de prendre les mesures nécessaires pour que ceux qui jouent avec la vie de leurs concitoyens soient mis entièrement et avec toute la rigueur qui sied, en face de leurs responsabilités.

Le fait que la loi d’amnistie ne préjudicie pas aux droits des tiers est insignifiant à mon avis au regard de la gravité des torts que ces derniers peuvent subir. Il faut lire les témoignages des victimes des évènements dits de Casamance pour s’en rendre compte. Des témoignages disponibles d’ailleurs sur le site d’Amnesty International (Notre armée n’est pas si charmante qu’on le pense).

Au-delà des victimes qui ont le droit de ne pas pardonner, il y a toute une société qui souffre lorsque des actions délictueuses et criminelles qui sont commises sur ses propres membres, continuent d’être ‘‘pardonnées.’’

Cela revient simplement à garantir à n’importe qui la possibilité de faire n’importe quoi à la société et l’obliger à oublier. Ce n’est ni acceptable ni cautionnable humainement.







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