Les Sénégalais peuvent désormais voir le bout du tunnel de l’incertitude. Après plusieurs semaines de flou suivant le report de la présidentielle initialement prévue le 25 février, la date du premier tour a été officiellement fixée au 24 mars par les autorités.
Le Conseil constitutionnel s’est aligné sur cette date après en avoir retenu une différente de celle fixée par la présidence. Cette décision lève le dernier doute qui planait et permet aux candidats d’entrer officiellement en campagne pour l’élection qui s’annonce ouverte.
« Enfin, le Sénégal va pouvoir respirer à nouveau », a déclaré Mamadou Dramé, un étudiant dakarois interrogé par l’AFP. « Les étudiants et tout le monde étaient dans une situation un peu angoissante et stressante », a-t-il ajouté. L’artiste rappeur Xuman a également salué cette clarification: « On avait l’impression que le pays avait arrêté de tourner. Il est grand temps qu’on essaie de tourner cette page ».
Cette annonce met fin à plus d’un mois de flottement et de confusion autour de la tenue du scrutin. Le 3 février dernier, le président Macky Sall avait créé la surprise en annonçant le report de dernière minute du vote, initialement prévu cinq jours plus tard. Il avait invoqué des « risques de troubles » liés à la non-validation de certaines candidatures par le Conseil constitutionnel.
Cette décision avait provoqué un tollé dans l’opposition, qui y voyait une manœuvre du chef de l’Etat pour éviter une défaite probable de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba. Des manifestations avaient éclaté, faisant quatre morts et des dizaines d’arrestations selon l’AFP. Un « dialogue national » avait été lancé début février pour tenter de trouver une issue à la crise, mais les différentes parties restaient bloquées sur la date du scrutin.
Avec l’annonce du 24 mars, les principaux points de blocage semblent donc levés. Le Conseil constitutionnel a confirmé son refus de reporter l’élection après l’expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril. Il a écarté la date du 2 juin qui avait été proposée et ne rouvrira pas non plus le dossier des candidatures déjà validées.
Reste désormais à voir dans quel climat se déroulera cette campagne éclair d’un mois, en plein ramadan, plus courte que les 21 jours minimum prévus. Certains leaders de l’opposition comme Ousmane Sonko, détenu depuis 2021, ne pourront pas y participer activement. Mais pour Babacar Gueye du collectif « Aar Sunu Election », « tout le monde est prêt à aller de l’avant ». Avec cette date du 24 mars, un horizon se dessine enfin pour la présidentielle sénégalaise.