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A Quoi Sert Cette Campagne ?

«Le Sénégal va être un pays gazier et pétrolier dans quelques mois, alors que le cercle de feu du péril militaro-djihadiste est en train de se refermer sur lui. Cette situation devrait aussi être au centre de la campagne. Il est vital que les Sénégalais entendent la position des candidats sur cette question de sécurité nationale».

Ces propos de M. Yoro Dia, ministre chargé de la communication à la présidence de la République, nous les partageons sans réserve. De même que l’invite faite par Ange Constantin Mancabou, inspecteur des impôts et des domaines, appelant lui aussi à inscrire au cœur du débat électoral la question de la monnaie locale agitée par le camp du candidat Bassirou Diomaye Faye de Pastef.

Pour faire court, M. Yoro Dia nourrit la crainte de ce que certains appellent la «malédiction du pétrole» (et autres). Puisque la quasi-totalité des pays africains riches de ces ressources sont toujours fatalement en proie à des troubles sociaux suite à des infiltrations déstabilisantes du fait de certaines puissances prédatrices, groupes ou lobbies. Si notre pays venait à connaître le même sort, il ne s’en relèverait pas de sitôt.

Quant à Ange Constantin, il estime que la perspective est trop sérieuse pour que l’on porte à la tête de notre pays «un président-stagiaire accompagné d’un gouvernement de ministres-stagiaires» qui voudraient nous sortir du Cfa par la création d’une monnaie locale. Pour aller vite ici aussi, l’inspecteur des impôts et des domaines trouve cette idée saugrenue, irresponsable et irréaliste.

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Sur cette question, il en appelle à un débat d’idées afin, dit-il, de «relever certaines considérations» d’ordre stratégique et géostratégique, notamment. Justement, c’est ce débat d’idées qui fait défaut. En campagne électorale, chaque candidat s’emploie plutôt à faire valoir ses talents de populiste. Les slogans et les promesses de faire de notre pays un eldorado fusent de partout. Mais on ne dit jamais (ou presque) comment, et selon quel processus d’échelle et de faisabilité, et où trouver les moyens. Voilà pourquoi nous aurions fortement milité pour un boycott du suivi de la campagne par les médias qui doivent se contenter de relayer platement des déclarations d’intention souvent farfelues. Ce qu’il serait judicieux et profitable pour les Sénégalais, c’est que les médias organisent des débats entre candidats aux programmes et approches différents.

Que lesdits prétendants à la magistrature suprême soient invités sur les plateaux de télévisions et de radios pour des échanges contradictoires sur leurs offres et perspectives. Au moins tirerait-on d’eux quelque chose de substantiel ! Et les électeurs auraient assurément une idée de qui est qui, qui peut quoi de raisonnable et de réalisable, et qui vend des illusions.

En l’occurrence, le temps de cette campagne-ci est limité et les Sénégalais ont répétitivement souffert des dénis, des volte-face et des reniements de parole. L’on promet et jure de remettre nos institutions à l’endroit : l’on s’emploie méthodiquement à les noyauter une fois au pouvoir.

L’on promet et jure de respecter l’indépendance de la justice : l’on s’évertue à l’instrumentaliser à des fins politiciennes. L’on promet aux jeunes des emplois, mais l’on s’en fiche qu’ils aillent périr en mer à la recherche d’un mieux-être…

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Jusqu’à quand ?







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