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Ouf, Enfin

L’élection présidentielle qui s’est tenue hier aura battu tous les records en termes de rebondissements. Rien n’aura, en effet, été dans l’ordre des évidences pour cette élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu hier. Programmé, déprogrammé, reprogrammé puis avancé, le scrutin d’hier aura tenu en haleine tout un peuple qui a ainsi vogué de surprise en surprise. D’abord, sur l’identité des protagonistes. Réélu en 2019, le Président Macky Sall a été le premier à avoir jeté un voile sur la configuration et la tenue de la Présidentielle de 2024. D’abord, en ne donnant pas une position tranchée sur son ambition de se présenter pour briguer une troisième candidature. Jusqu’au 3 juillet, Macky Sall a maintenu le flou sur cette intention. Le «ni oui, ni non» ne fera que rajouter à la confusion. Laquelle a été un des déclencheurs d’une situation de tension rarement vécue dans notre pays. La question du troisième mandat fut une ligne centrale dans la plateforme revendicative de l’opposition. Muet sur ses intentions, le Président sortant a gardé son flegme jusqu’au bout. Ni l’opposition qui le bousculait sur tous les couloirs et sur tous les fronts, ni ses partisans qui le poussaient à tenter une troisième confrontation n’ont pu l’obliger à briser le silence. Ce qui fait que, jusqu’au 3 juillet 2024 à 20 heures, nul ne savait ce que le Président allait faire. Finalement, «après y avoir mûrement réfléchi» comme lui-même l’a dit dans son adresse à la Nation, Macky Sall décide de ne pas se représenter.

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En face, on a un Ousmane Sonko qui a le vent en poupe. Porté par une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans les politiques publiques, frappée de plein fouet par le chômage et tentée par les envies du large (barça wala barsax), le leader de Pastef donne du fil à retordre au pouvoir. Il est le maître de la rue publique et des réseaux sociaux. Les trending topics l’y mettent en tête de classement. Les affaires dans lesquelles il est mêlé décuplent, paradoxalement, sa côte de popularité auprès d’une frange jeune qui reprend à son compte la théorie de la conspiration et du complot. Ce fort élan de sympathie le porte en triomphe et dope ses capacités de nuisance. Aussi, maniant les foules avec une dextérité jamais égalée, l’ancien inspecteur des impôts et domaines aura été très déterminant dans le choix de Macky Sall de renoncer à un risqué troisième mandat. Le président de la République va le lui faire payer jusqu’au dernier sacrifice. En effet, parallèlement à sa décision de renoncer à une troisième candidature, le chef de l’Etat promet, avant de partir, d’appliquer toutes les décisions de justice. L’allusion aux affaires Sonko tombe sous le sens. Le leader de Pastef, sous le coup de diverses condamnations, est dans le viseur du pouvoir. Il est arrêté, envoyé en prison, son parti dissous. Mettant une croix sur sa «présidentiabilité». La messe est définitivement dite pour le maire de Ziguinchor quand l’administration électorale et le Conseil constitutionnel font fondre ses derniers espoirs.

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Macky Sall n’est donc pas partant. Ousmane Sonko, non plus. Le premier objectif de Macky est atteint. Pourtant, il n’y a guère, toute la vie politique sénégalaise était réduite à une bipolarisation Macky Sall-Ousmane Sonko. «Macky dou bokk, Sonko day bokk» était le slogan des pastéfiens. Au finish, on se retrouve avec tous les deux challengers hors course. Alors, il leur faut trouver une solution de rechange. La majorité présidentielle choisit Amadou Bâ quand Ousmane Sonko désigne Bassirou Diomaye Faye comme joker. Le scénario est des plus imprévisibles. Il le sera davantage quand le Président Sall abroge le décret convoquant le corps électoral et observe avec intérêt l’Assemblée nationale jeter les derniers pelletés de sable sur la date du 25 février 2024 qui est définitivement compromise. Il a fallu toute la hardiesse, toute l’intransigeance et tout l’entêtement du Conseil constitutionnel pour que le plan Pds-Apr tombe à l’eau. Aussi, c’est un processus riche en suspenses qui a été couronné avec la tenue, hier, du scrutin présidentiel. Des citoyens souffrant d’insuffisance cardiaque auraient pu y laisser leur souffle tant ce suspense était haletant. En définitive, la démocratie, l’Etat de droit et la solidité des institutions ont triomphé et en sont sortis renforcés. Mais, au prix d’une attente longue et riche en surprises avec les principaux acteurs, Macky Sall et Ousmane Sonko, qui d’acteurs principaux passent à intermittents du spectacle.







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