Jérôme Baschet écrivait dans son ouvrage «Défaire la tyrannie du temps », je cite : « Le manque de temps est l’une des pathologies de l’homme moderne. Elle s’aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l’urgence, saturé d’écrans chronométriques et exigeant toujours plus d’efficacité, de rapidité, de calculs et d’anticipations à court terme ».
La pire des erreurs de M. BDDF est de se laisser piéger « par les urgences et les priorités » durant son mandat. Il a hérité d’un pays où tout est une question d’urgence et chaque secteur est une priorité
Toutefois il ne doit pas laisser la pression du «résultat » immédiat l’empêcher d’avoir un regard plus ambitieux avec des solutions durables et structurelles pour que le Sénégal soit sur les rails du développement d’ici les 25 prochaines années. Il n’a pas une obligation de résultats mais une obligation de structuration systémique de notre économie et de notre société.
Le Président Léopold Sédar Senghor a accédé au pouvoir à l’âge de 54 ans, le Président Abdou Diouf à 46 ans, le Président Abdoulaye Wade à 74 ans et son prédécesseur Macky Sall à 51 ans. Malgré tous leurs efforts, ils n’ont laissé que des urgences derrières eux.
Le Président BDDF a 44 ans. Il a le temps d’inviter les Sénégalais à travailler pour un quart de siècle (25 ans) systémique où chaque secteur stratégique (éducation, santé, agriculture, élevage, industrie etc.) aura une feuille de route claire avec l’adhésion et l’appropriation générale de toute la population.
Le mandat des urgences et des priorités est un mandat qui s’inscrit sous la tyrannie du temps, et le temps est l’ennemi des bonnes décisions politiques.
Le jeune président doit oublier qu’en 2029 il y aura une élection présidentielle. Qu’il refuse la chirurgie esthétique des politiques publiques. Il ne doit pas être une Mercedes Mclaren avec une vitesse de 200 km à l’heure pour se retrouver dans le décor des accidents historiques, mais ce Caterpillar Bulldozer qui prend son temps pour dégager calmement les voies du développement pour chaque secteur.
Dans 25 ans, l’actuel président aura 69 ans (une fois de plus Me Wade a accédé au pourvoir à 74 ans), il pourra apprécier avec beaucoup de sérénité les retombées des grands chantiers structurels qu’il avait entamés en 2024. Certains parmi nous serons peut-être dans les cieux mais diront: « Alhamdouliah, il a reussi sa mission, le Sénégal est enfin sur la bonne voie »