Le vendredi 5 avril 2024, M. le Premier ministre Ousmane Sonko a rendu publique la liste des membres de son gouvernement composé de 25 ministres dont quatre femmes.
Le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères : il représente l’Etat dans les instances compétentes de la Cedeao et de l’Union africaine. Il assure la mise en œuvre, le suivi et la coordination avec les départements ministériels compétents, des politiques d’intégration sous-régionales et régionales africaine.
Le ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture : il assure la coordination de la mise en œuvre du programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, encourage la promotion sociale des jeunes et veille au développement des activités socio-économiques. Pour la première fois, un ministère réunit ces trois domaines et est confié à une femme. Le ministère des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires : il a pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de la politique définie par l’Etat en matière de protection et surveillance des pêches maritimes et continentale, ainsi que du contrôle et du renforcement de la sécurité de la pêche artisanale. Ce ministère est pour la première fois géré par une femme.
Le ministère de la Famille et des solidarités : entre autres missions, est chargé d’identifier et de mettre en œuvre les mesures requises pour la préservation des valeurs familiales. Il conduit la politique de promotion de la femme et de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes. La Constitution du Sénégal, en son article 17, stipule que :
«-Le mariage et la famille constituent la base naturelle et morale de la communauté humaine. Ils sont placés sous la protection de l’Etat ;
-L’Etat et les collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille, et en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées ;
-L’Etat garantit aux familles en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, l’accès aux services de santé et au bien-être. Il garantit également aux femmes en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, le droit à l’allègement de leurs conditions de vie.»
Comment peut-on définir la famille ?
La famille, telle que définie par le professeur Moustapha Mbodj, expert en politiques sociales (2021), dans son livre intitulé La politique sociale en Afrique noire francophone : des enjeux aux opportunités, peut être considérée comme le contexte et le moyen d’expression des solidarités imposées et prend souvent le nom de principal mécanisme de reproduction sociale, qu’il appelle «instance principale de validation dans les sociétés africaines».
La famille est le contexte et le moyen par lequel une société transforme le milieu et aide chacun de ses membres à épanouir ses potentialités en :
-Assurant un contexte de vie qui permet à chaque membre de développer ses capacités d’insertion dans la vie sociale en tant que droit humain et dans le processus de décision à tous les niveaux de promotion de la bonne gouvernance ;
-Adaptant ses moyens de protection contre la violence domestique et de solidarité de manière à permettre l’épanouissement optimal de tous ses membres ;
-Développant de manière dynamique, les aménagements permettant la création d’opportunités égales dans l’accès aux ressources financières, à la protection sociale pour tous ses membres. Ce qui revient à dire que la fonction première de la famille est toujours l’assistance et la protection de ses membres vulnérables, que le législateur a organisée et transformée en solidarité obligatoire.
En se référant à cette définition, force est de constater l’importance qui est accordée à la femme dans ce gouvernement de par le rôle et la position qu’elle occupe. Rien que le ministère de la Famille et des solidarités confié à une femme, avec ces missions, montre à suffisance la valeur accordée à la femme. Et, tous les ministères gérés par les hommes concourent à la réalisation des objectifs de ce ministère.
Comme le dit Cheikh Anta Diop (1974) dans son livre Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, la femme a toujours occupé une place de choix dans la société, car elle est mère de famille. Ceci, depuis l’Egypte pharaonique à nos jours. Il nous rappelle que dans l’armée de Béhanzin, ce sont les femmes qui définissaient la stratégie de guerre pendant la nuit, et le jour, les hommes l’appliquaient. C’est ainsi qu’il nous parle de l’existence en Afrique du «bicaméralisme» spécifique reposant sur la dualité des sexes. Qui, loin d’entraver la vie nationale et d’opposer les hommes et les femmes, garantissait l’épanouissement de tous.
En mettant les femmes au cœur de toutes les politiques, le Sénégal continue de jouer sa partition dans la restauration et le renforcement de la démocratie africaine plus, cette démocratie qui met l’humain au centre de toute politique.
Cette démocratie qui décontracte la société humaine en la libérant d’une contradiction latente et millénaire. Comme il le dit, restaurer ce bicaméralisme de nos aïeux sur une base moderne consiste à trouver ensemble, avec les femmes, à l’exclusion de tout esprit démagogique, un mode de représentation vraiment efficace de l’élément féminin de la Nation.
Que l’on soit homme, femme, personne handicapée, jeune, on doit avoir tous les mêmes chances d’étudier, de travailler et de réussir. On doit pouvoir occuper n’importe quel poste ou position, si tant est que les conditions soient réunies.
En définitive, le plus important est que l’équipe qui dirige le ministère de la Famille et des solidarités, avec à sa tête une femme, soit consciente du lourd fardeau qu’elle porte. Ce ministère, à lui seul, représente le pays, la Nation dans son entièreté et sa globalité. Il doit travailler en synergie avec tous les secteurs, tous les ministères, pour atteindre son objectif de promotion de la femme.
De la femme qui ne doit pas être chosifiée, mais de la femme mère de famille. De la femme qui a la responsabilité de la réussite de l’enfant, de la femme qui peut pousser le mari à aller de l’avant, de la femme qui peut rendre la famille stable et sereine, de la femme sans qui aucun développement n’est possible.
Sur ce, mesdames les ministres, nous vous souhaitons plein succès dans vos missions, car vos réussites seront la réussite de la Nation sénégalaise.