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Senegal, Premier Verrou ?

Une douce musique commence à s’installer au Sénégal où, dit-on, il est possible de débattre des sujets qui fâchent. C’est, ajoute-t-on, le charme de ce pays au conservatisme exalté, ouvert et tolérant mais également crédible et influent pressenti pour jouer les premiers rôles dans les décennies à venir. 

Dès lors, il importe de le fréquenter assidûment pour espérer fendre son armure en révélant ses failles ou ses faiblesses et permettre ainsi aux forces obscures tapies à l’ombre de s’engouffrer dans la brèche ouverte pour ramer à contre-courant de ses valeurs fondamentales. 

Notre pays se charge d’une tâche épuisante, fatigante et éreintante, celle de devoir abriter à intervalles irréguliers, les débats portant sur l’homosexualité alors que les priorités sont ailleurs.  Bien évidemment les politiques s’exposent en voulant acclimater un sujet qui ne trouve pas grâce aux yeux d’une société aux antipodes de cette orientation sexuelle. 

Des digues infranchissables la protègent. Néanmoins, l’enchaînement des visites des Occidentaux à Dakar témoigne de cette volonté d’accentuer la pression par des moyens convenus. Vraiment convenus ?

Le président du Conseil européen, Charles Michel est venu en premier, « tâter le pouls» de l’opinion. Il ne cache plus ses penchants sexuels connus, il est vrai, de ses hôtes qui l’ont reçu à la hauteur de son rang en lui déroulant le tapis rouge.Seulement le tapis rouge… Lors de son séjour, il a plaidé pour des investissements massifs non sans souligner la nécessité d’une « stabilité en tous points » au Sénégal désormais dirigé par de nouvelles autorités.

A son tour, arrive plus tard Jean-Luc Mélenchon à l’invitation de Ousmane Sonko, président du Pastef et non moins Premier ministre du Sénégal. Au-delà de ses qualités de tribun, le chef des Insoumis en France est en campagne pour les élections européennes. Pour lui, la pêche aux voix n’a pas de limite. Pourvu qu’elle ne déborde pas justement les limites du bon sens. 

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En martelant dans la capitale sénégalaise, de surcroît à l’Université Cheikh Anta Diop, la question de l’homosexualité, Mélenchon sait le désordre qu’il peut provoquer. Mais peut lui en chaut. Il s’adresse à l’Europe via l’Afrique. Il a ainsi voulu surfer sur la vague de popularité de son hôte et, en tacticien averti, chercher à retourner à son avantage les faveurs de la jeunesse acquise à Ousmane Sonko.

Il a obtenu gain de cause. Mieux, Mélenchon a vendu sa « déclaration de Dakar » comme une preuve de témérité à un électorat « gay » très divisé ou partagé entre plusieurs offres politiques allant de Jordan Bardella du Rassemblement national (RN) au jeune Premier ministre Gabriel Attal, carte maitresse du Président Macron pour contenir la montée en puissance du protégé de Marine Le Pen, très en verve au demeurant dans les sondages.

Au même moment, la Mauritanie dépêchait une forte délégation au Texas où se tenait un gigantesque salon dédié aux techniques de forages en haute mer. Nouakchott prend les devant dans son projet gazier de « Tortue Ahmeyin » pour redéfinir son avenir économique. 

Au-delà des péripéties de cette visite, la question se pose de savoir si Sonko a été bien inspiré d’inviter à Dakar, une figure clivante de la gauche française. N’était-il pas plus pertinent d’accueillir un panafricaniste de renom qui plancherait sur les forces et les tendances lourdes de l’intégration africaine à l’heure des méga-marchés ? 

Toutes choses étant égales par ailleurs, l’ancrage dans le panafricanisme justifiait cette inflexion qui aurait pour avantage de légitimer la démarche au sein de l’Université, lieu par excellence du débat d’idées. N’est-ce pas Sarkozy ? Et puisque rien ne presse, l’exploration de ce patrimoine commun aux Africains servirait de doctrine à toutes les tentatives d’appropriation du modèle pastéfien de conquête du pouvoir par les urnes.

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Tout porte cependant à croire qu’une rectification s’impose. Le patron du Pastef ne peut prôner le souverainisme et négliger les approches devant y conduire. Celles-ci proviennent généralement des groupes de travail à constituer lorsque des problèmes importants se posent. A lui, Sonko, d’arbitrer en les écrémant ou au mieux en les fusionnant dans une vision globale d’une Afrique au centre du monde par la force des choses. 

C’est à la mesure de ces problématiques que le continent peut progresser en s’appuyant sur les travaux de ses chercheurs dont la finalité des études consiste à aider les politiques à prendre les bonnes décisions. Le monde marche ainsi. D’ailleurs, la recherche ou ses résultats se « vendent » au plus offrant. Après tout, c‘est à l’Université que s’élaborent les outils d’émancipation.

La Chine ne lésine pas sur les moyens pour anticiper sur des enjeux techniques, technologiques, économiques et commerciaux. Elle mène la course en tête et l’Afrique est ce « banc d’essai » qui lui va comme un gant ! 

L’Amérique, le Mexique et le Canada s’efforcent au sein de l’Alena, traité commercial qui les lie, de dessiner une puissance homogène susceptible de peser sur les destinées futures en termes de prospective. 

Cette volonté de puissance habite Pékin qui tisse sa toile de la Route de la soie et séduit plusieurs régions du monde. La Russie de Poutine n’est pas en reste. Elle tente de vaincre son isolement né de la guerre imposée à l’Ukraine et privant le mode entier du blé, aliment de base de plus de deux milliards d’individus. 

La céréale est devenue « l’arme fatale », une denrée stratégique dont se sert Moscou pour résister aux pressions. Sa croissance est en berne puisque toute l’économie est maintenant transformée en économie de guerre. Les Européens y voient une faiblesse et tentent d’accabler Poutine en livrant des armes offensives à Kiev qui redoute leur acheminement tardif.

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Depuis plus de deux ans que dure cette interminable guerre, d’autres fronts de tension ont éclaté. La multiplication des théâtres d’affrontements révèle une capacité limitée des grandes puissances réduites à menacer plus qu’à agir. 

La crise d’Ukraine est aux portes de l’Europe qui s’enlise dans des considérations secondaires alors que l’opinion publique s’oppose à l’envoi de troupes au sol. Ces conséquences incalculables divise l’Occident. La preuve, l’OTAN ne bouge pas mais gesticule avec des effets de manches qui prêtent à sourire. 

Il en résulte un rapprochement Moscou-Pékin avec une ouverture vers l’Iran endeuillé par la mort de son Président dans un crash d’hélicoptère vers la frontière avec l’Azerbaïdjan. Pendant ce temps, Israël livre une bataille déchainée contre le Hamas. 

La tragédie qui s’y déroule émeut le monde outré par les représailles disproportionnées. Le Procureur de la CPI, le Britannique Karim Khan, s’est saisi de ce conflit et a requis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense. Naturellement le dirigeant israélien rejette avec mépris la décision.

Pour faire bonne mesure des dirigeants du Hamas sont également ciblés par la même demande d’arrêt du même Procureur de la Cour Pénale internationale (CPI). Washington se fâche sans réserve contre cette requête de la CPI, qualifiée « d’hypocrite » et qui vise son allié (et protégé) israélien. A ce niveau de colère, fait-on de la politique ou du droit ? 







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